Publié le 18 Jun 2012 - 20:00
LITIGE FONCIER

''SOS Bargny'' réclame 241 ha à Sococim

 

A l'instar de Mbane et Fanaye, une usine – Sococim-industrie – est accusée d'avoir fait main basse sur des terres appartenant à des habitants de Bargny. Lesquels, fort du soutien du Forum civil, réclament ''leurs'' terres, n'excluant pas une action judiciaire.

 

Les populations de Bargny réclament 241 hectares de terres à la Sococim-industries et au maire de la ville, Mar Diouf. Regroupées autour de ''SOS Bargny'', les plaignants sont montés au créneau, hier, pour manifester leur colère lors d’un sit-in sur le site gagné par les carrières de la cimenterie. Tous les ayants-droit supposés de ces terres litigieuses de Médinatoul Mounawar ont fait le déplacement, avec le soutien d'habitants de Bargny. Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient écrits notamment : ''Mbane dit non, pourquoi pas Bargny ?'', ''les mines de la Sococim détruisent notre environnement'', ''SOS Bargny réclame le lotissement de Médinatoul Mounawar'', ''la Sococim tue nos fils''.

 

''Notre rassemblement est motivé par le fait qu’en 1998, par délibération du conseil municipal, cette zone a été lotie et attribuée aux victimes de l’avancée de la mer avec 5425 parcelles dont les bénéficiaires détiennent tous les actes administratifs après avoir payé au trésor public. Certains ont pu construire. Mais malheureusement, on nous a dit que le site appartient maintenant à la Sococim et que tous les ayants-droit seront indemnisés'', a expliqué Assane Ndiaye, membre de SOS Bargny. Cette décision n’agrée pas du tout M. Ndiaye et ses camarades : ''Les responsables de nos malheurs ne sont autres que Me Madické Niang alors ministre de l’Industrie, la Sococim et Mar Diouf, qui se sont concertés entre eux pour réaffecter ces terres à la Sococim à travers un protocole d’accord signé le 21 juillet 2005 alors que la mairie avait délibéré le 9 juillet sans nous avertir''. Les habitants concernés n'apprécient pas en outre que la commune leur réaffecte les sites de Minam 2 et Sindou 2 qui seraient des ''zones inhabitables'', de l'avis d'Assane Ndiaye, notant que ces sites ne sont pas encore viabilisés. C'est du reste, a-t-il dit, l’une des raisons pour lesquelles ils n’ont pas accepté une indemnisation.

 

 

''Un énorme préjudice''

 

Cependant, sur le site qui est voisin des carrières de la Sococim, certains sont parvenus à construire et des familles s’y sont installées. Celles-ci vivent dans une grande gêne du fait de la pollution, à en croire l’imam Mouhamed Diouf. ''La Sococim est en train de nous causer un énorme préjudice. La poussière est en train de nous tuer à petit feu. Avec les mines qui explosent dans les carrières, les murs de nos maisons se fissurent de jour en jour'', s'est plaint M. Diouf. Le jeune Mandaw Thiombane a embouché la même trompette : ''La Sococim est en train de faire du sabotage alors qu’aucun sou de la société n’entre dans les caisses de la commune. Comme l’avait fait le collectif de Fanaye et celui de Mbane, nous nous levons aussi pour lutter contre l'injustice''. Également protestataire, Mme Ndiarka Ndoye a confié tomber souvent malade à cause de la poussière des carrières ; ''lorsque je me suis rendue à l’Hôpital Principal pour consultation, les médecins m’ont demandé où j’habite. Quand je leur ai dit Bargny, ils m’ont tout suite dit que ma maladie sera difficile à guérir parce que je cohabite avec le ciment''.

 

 

Le Forum Civil en renfort

 

Le Forum civil qui était de la partie, s’est fait représenter par son coordonnateur général adjoint, l'avocat Moussa Félix Sow. Il a déclaré aux populations de la localité que leur environnement n’est pas saint, parce qu'il le sent dans ses yeux. ''Vous êtes dans une situation qui vous tue à petit feu. Rien que ce que vous avez signalé mérite d’attaquer la Sococim en justice''. Pour Me Sow, ce qui se passe est loin des exigences du Code minier et du respect de bon voisinage entre une usine et les populations. En outre, selon le responsable de la société civile, ces problèmes de terres qui existent un peu partout au Sénégal, ne sont mus que par des enjeux financiers. L'avocat a suggéré aux ayants-droit de constituer un dossier que le Forum Civil appuiera dans le cadre d'une action en juste. ''La procédure de rétrocession du site de Médinatoul Mounawar est nulle'', a-t-il soutenu.

 

Le sit-in est le premier d’une série de manifestations qu'Assane Ndiaye et ses camarades de ''SOS Bargny'' comptent dérouler si le maire Mar Diouf ne fait rien pour que le tir soit rectifié, car la ville de Bargny ne peut plus s’étendre côté Ouest où se trouve le site litigieux.

 

A noter que les tentatives d'EnQuête pour recueillir la version de la direction générale de la Sococim-industries sont restées vaines.

 

PAPE MOUSSA GUÈYE

 

Section: 
ÉMIGRATION CLANDESTINE : Un pêcheur-passeur interpellé à Bargny
SE FAISANT PASSER POUR UN AGENT DU SERVICE D’HYGIÈNE : Un marchand ambulant interpellé pour racket
7E ÉDITION DES PRIX E-JICOM DU JOURNALISME : “Pourquoi les prix E-jicom…”
RÉGION DE KAOLACK : 2 416 personnes vivent avec le VIH, dont 256 enfants
KOLDA - AVEC UN TAUX DE PRÉVALENCE DU VIH DE 1,5 % : Les stratégies menées pour inverser la tendance
GRÈVE À L’UNIVERSITÉ DE ZIGUINCHOR : Les étudiants s’insurgent contre le non-respect des engagements par l’État
ORDINATION DE MONSEIGNEUR JEAN-BAPTISTE WALTER MANGA : Ziguinchor dans l’immense joie d’accueillir son nouvel évêque
LITIGE AVEC AEE POWER SÉNÉGAL : Un nouveau revers pour l’Aser
CONCERTATIONS NATIONALES SUR L'EAU ET L'ASSAINISSEMENT : Trois jours pour régler définitivement les problèmes
"COURSE DES CHAMPIONS POUR LA VACCINATION" : Le plaidoyer de Niyel
SAINT-LOUIS : JOURNÉE MONDIALE DE LA PÊCHE : Les acteurs de la pêche listent leurs doléances
And Gueusseum
DÉGEL RELATIONS PRESSE – ÉTAT Les précisions du patronat de presse
Médecins internes
KOLDA : 1 834 personnes vivant avec le VIH prises en charge depuis 2006
MATAM - CRUES FLEUVE SÉNÉGAL : Le ruissellement de la catastrophe
Le paradoxe de l'eau
GESTION DES CATASTROPHES : Comprendre les crues du fleuve Sénégal
INTERDICTION DE LA COUPE DU BOIS : La détresse des menuisiers de Kolda
INCENDIE DÉVASTATEUR À THIÈS : Une trentaine de cantines ravagées au marché central