La Cap interpelle l’Etat
La Coordination des associations de presse (Cap) a vivement déploré hier les maux qui plombent ce secteur. Et elle interpelle l’Etat. A la Place de la nation, au Rond-Point de la RTS, les journalistes ont déversé leur colère dans ce boulevard.
C’était hier la journée mondiale de la liberté de presse. A Dakar, les professionnels de l’information et de la communication ont saisi cette occasion pour battre le macadam. Arborant des banderoles rouges, avec des pancartes frappées de slogans tels que ‘’Précarité, Presse libre etc.’’, ils ont arpenté le Boulevard qui converge à la Place de la Nation au Rond-Point de la RTS. Sur place, le coordonnateur, de la Coordination des associations de presse (Cap), vêtu en rouge, lunettes bien ajustées, a véhiculé les préoccupations des journalistes en ces termes : ‘’(…) Nous prions pour que le pouvoir de Macky Sall soit aussi avec nous. Aujourd’hui, la presse est sortie dans la rue pour poser des questions de fond. La liberté de la presse est menacée dans ce pays. Lorsque nous l’avons dit, des personnes nous ont rétorqué qu’il n’y avait pas de journalistes en prison. Je pense qu’ils n’ont rien compris. Parce qu’il n’y a pas de pire prison que la précarité, que celle qui ôte à l’individu, sa dignité. Lorsque des entreprises de presse se meuvent dans un environnement économique inapproprié, cela conduit la presse à une précarité.’’
Selon Bacary Domingo Mané, aujourd’hui, la plupart des entreprises de presse ne sont pas capables d’assurer les salaires de leurs employés. Et il s’y ajoute que des journalistes n’ont pas de salaire à la fin du mois. Suffisant pour le professionnel de l’information et de la communication d’ajouter : ‘’Il ne peut pas y avoir de liberté avec la précarité (…). Les journalistes n’ont pas de cotisation à l’Ipres. Donc demain, si vous allez à la retraite, vous ne trouverez rien du tout. Or, la plupart du temps, cet argent est défalqué sur votre bulletin de salaire. Malheureusement, cette somme n’est pas reversée à l’Ipres. A cet égard, nous disons que la presse est en danger.’’ Fort de ce constat, Bacary Domingo Mané renseigne qu’il s’agit de se battre pour que le gouvernement prenne ses responsabilités. C'est-à-dire organiser le secteur, la publicité qui, constate-t-il, est donnée n’importe comment dans ce pays. Alors qu’aucune entreprise de presse ne peut survivre sans cette dernière. ‘’Vous savez, dans ce pays, il y a des organes de presse qui bénéficient de la publicité plus que d’autres. Désormais, nous voulons que cela se fasse dans l’équité et la justice. Il s’y ajoute que le code de la presse, depuis 2010, est dans le circuit et répond à l’essentiel des problèmes que nous posons dans le secteur’’, liste-t-il.
Sidi Lamine Niasse : ‘’Le droit ne se donne pas, il s’arrache’’
En outre, la Cap a dénoncé la gestion de la Maison de la presse (Map) confiée à un acteur politique. Choqué par ce choix, M. Mané qualifie le Sénégal de pays de ‘’paradoxe’’. Le journaliste de motiver : ‘’Dans tous les pays du monde, la Maison de la presse est gérée par les acteurs du secteur. Le régime de Macky Sall nous parachute un politicien. Même s’il a fait une formation de journaliste, ce n’est pas ça le propos.
Les acteurs de la presse, y compris du gouvernement, se sont retrouvés à Somone où ils sont parvenus à un texte consensuel au sujet de la gestion de la Maison de la presse. Et nous demandons à ce que le gouvernement applique ce qui a été retenu.’’ Avant de souligner qu’ils veulent une presse ‘’libre’’, ‘’indépendante’’, ‘’responsable’’ etc. Pour lui, le Sénégal est assis dans une poudrière parce que, justifie-t-il, les gens donnent des fréquences radios, télés sans se soucier du profil mental des personnes bénéficiaires de ces outils. ‘’Nous demandons au gouvernement d’être regardant parce que la loi dit qu’on ne doit pas donner la fréquence à des groupes ethniques, des politiciens ou d’autres groupes.
Le patron du groupe de presse Walfadjiri a, quant lui, insisté pour que la Cap soit vigilante par rapport aux revendications qu’elle porte. ‘’Le droit ne se donne pas, il s’arrache. Aujourd’hui, un premier pas est fait. Et il faut se donner une date. C’est un combat, une lutte. Il ne faut pas dormir sur ses lauriers pour dire qu’on a déjà déposé une plate-forme. Ils peuvent mettre les doléances dans les tiroirs. Donc, il faut rester vigilant sur ce combat’’, alerte Sidi Lamine Niasse. Dans les prochains jours, les membres de la Cap promettent d’organiser une autre manifestation.
PAPE NOUHA SOUANE