Le jeu trouble des boulangers
![](https://enqueteplus.com/sites/default/files/styles/article-default/public/main/articles/10540186-17318712.jpg?itok=CXJuSRFX)
Le prix du sac de 50 kg de farine a été plafonné par l’Etat à 18 000 F Cfa. Malgré cette décision qui est survenue depuis 2014, les meuniers vendaient le prix du sac à moins de 15 000F. Une guéguerre entre meuniers et boulangers où le seul perdant est le consommateur sénégalais.
Une hausse de 4000 F sur le prix de la farine fait débat, depuis quelques jours. Certains boulangers qui sont contre cette augmentation sur le prix du sac de 50 kg avaient menacé d’aller en grève, les 26 et 27 mai dernier. Ainsi, pour parer à d’éventuelles perturbations sur la production de pain en plein mois de Ramadan, le ministre du Commerce Alioune Sarr a reçu, lundi dernier, la Fédération nationale des boulangers du Sénégal, avec à leur tête le président Amadou Gaye.
Au menu des discussions : le faible encadrement, l’absence de règles de distribution, la concurrence déloyale dans le sous-secteur de la boulangerie. Pourtant, les meuniers justifient cette hausse par l’augmentation du prix de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée). Malgré cette augmentation, les minoteries n’ont pas encore atteint le prix plancher qui a été fixé par l’Etat à 18 000 F Cfa. Cette homologation du prix du sac de 50 kilogrammes est intervenue en 2014 à une période où il était vendu à 22 000 F Cfa.
Cependant, en raison d’une concurrence ‘’sévère’’ entre les différentes minoteries du pays, les meuniers vendaient même en deçà du prix plancher. Un an après, la farine était cédée entre 13 000 et 14 000 F Cfa le sac de 50 kg. Une rivalité exacerbée qui avait poussé le ministre du Commerce à appeler tout le monde à la raison. Alors qu’il animait une conférence publique à la Chambre de commerce de Dakar, il avait fait un ‘’appel à la grande sagesse des uns et des autres pour avoir des prix qui puissent leur permettre de gagner de l’argent’’. Du fait de cette concurrence, certaines industries qui ne pouvaient pas suivre le rythme risquaient de disparaître. Depuis lors, l’ancien directeur de l’Asepex n’a pas cessé d’appeler ces meuniers à respecter le prix plancher pour au moins sauver ce pan important de l’économie sénégalaise.
Baisse de l’électricité et du gasoil
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, ce prix bas n’était pas pour déplaire aux boulangers du Sénégal. Mais malgré cette baisse, les boulangers ont continué à vendre le pain à 150 F. En effet, le gagnant de cette concurrence des meuniers était le boulanger, car le prix de la baguette n’a jamais baissé. Aujourd’hui que les industriels ont décidé d’augmenter leurs prix pour se rapprocher du seuil fixé par l’Etat du Sénégal, des boulangers se lèvent pour dénoncer une nouvelle augmentation. Le porte-parole des grévistes de la banlieue dakaroise, Modou Guèye, soulignait dans la presse que les boulangers allaient travailler à perte à cause de cette augmentation de 4000 F sur le prix de chaque sac.
Toutefois, à l’issue d’une réunion avec le ministre Alioune Sarr, le président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal, Amadou Gaye, a battu en brèche toute augmentation sur le prix de la baguette de pain. Car, il faut souligner qu’au-delà du prix du sac de farine de 50 kg qui a été vendu à moins de 18 000 F, depuis 2014, les boulangers ont aussi bénéficié d’autres baisses qui entrent dans le coût de la fabrication du pain. C’est le cas du prix du gasoil qui a connu une baisse de 92 F le litre. Depuis le début de l’année, le prix de l’électricité a connu une baisse de 10%. Autant de baisses qui n’ont jamais été profitables aux consommateurs sénégalais qui s’attendent toujours à une baisse du prix de la baguette ou à défaut, une augmentation de son poids.
ALIOU NGAMBY NDIAYE