Poursuivi pour actes contre nature sur un mineur de moins de 21 ans, de pédophilie et de vol commis à l’occasion du service, Abdoul Ouattara alias Viviane est en route pour 5 années derrière les barreaux. Le tribunal des flagrants délits de Dakar va statuer sur cette affaire, jeudi prochain.

Abdoul Ouattara a tout d’une femme. Teint dépigmenté, le garçon de 18 ans se déhanche comme une donzelle pour rejoindre la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. De sa voix féminine, il reconnaît partiellement les délits d’actes contre nature sur une mineure de moins de 21 ans, de pédophilie et de vol commis à l’occasion du service pour lesquels il a été placé sous mandat de dépôt le 6 juin dernier. L’histoire débute le 3 juin dernier. Ce jour-là, Abdoul s’est présenté au commissariat du point E sous les apparences d’une femme de par ses habits et ses accessoires. Car il venait d’être aperçu par un passant à côté du canal de Fass, alors qu’il était sur le point de se suicider. Sur ces entrefaites, l’Ivoirien a été livré aux limiers, tout en leur indiquant qu’il était en train de commettre l’irréparable. Ces derniers ont saisi les autorités de l’Ambassade de la Côte d’Ivoire. Là, un des responsables leur a fait savoir que l’institution diplomatique était dans l’impossibilité de prendre le sieur Ouattara en charge, si ce n’était un jour ouvrable. Sur le chemin du retour, le prévenu a trompé la vigilance des policiers et a réussi à s’enfuir.

Le lendemain, Abdoul Ouattara a de nouveau été conduit au même poste de police. Mais cette fois-ci par Serigne El hadji Mbaye. Lors de sa déposition, il a déclaré que le mis en cause, qui a été domestique chez lui sous le pseudonyme de Viviane, a eu un comportement contraire aux bonnes mœurs. ‘’Quand, je m’en suis ouvert à ma sœur, il m’a dit de ne pas faire état de ce que j’avais vu aux autres membres de la famille. Car notre maman l’avait prévenue qu’Abdoul Ouattara dit Viviane ne lui inspirait pas confiance’’, a déclaré le sieur Mbaye. Interrogé, l’Ivoirien a reconnu s’être présenté à ce domicile vêtu de vêtements féminins.

‘’J’ai dit à cette famille que je m’appelais Viviane, comme la chanteuse’’

Des propos qu’il a réitérés hier, devant le prétoire du tribunal. Il déclare : ‘’Je cherchais du travail et j’ai dit à cette famille que je m’appelais Viviane comme la chanteuse. Je suis un garçon, mais j’ai choisi d’être une fille. Je m’habille comme telle. Mais je n’ai rien fait de grave au bébé. J’ai seulement caressé son ventre, c’est là que le frère de Bineta a dit que je suçais son sexe’’, s’est-il défendu. Ainsi, a-t-il contesté avoir exercé des attouchements sur l’enfant de Bineta Mbengue. Celle-ci et son frère ont soutenu avoir surpris Abdoul Ouattara prendre le sexe du garçon et l’introduire dans sa bouche. Ce qui suffit, selon le ministère public, à asseoir le délit d’actes contre nature. Il a avancé que les dénégations du prévenu à la barre ne sauraient enlever la constance des faits. Ainsi, le Substitut du procureur a requis une peine de 5 ans de prison.  

‘’A la prison, les détenus me frappent du matin au soir’’

Invité à dire son dernier mot, Abdoul Ouattara a fondu en larmes. ‘’Je faisais ces pratiques malsaines à Abidjan. Je n’ai rien fait ici. J’ai duré en prison et je veux rentrer chez moi. A la prison, je suis victime de toutes sortes de maltraitance. Les détenus me frappent du matin au soir’’, a-t-il sangloté. ‘’Nous allons mettre l’affaire en délibéré pour rendre le jugement le 29 juin prochain. Il faudra patienter. Les gardes pénitentiaires sont là pour vous protéger’’, lui a lancé la présidente du tribunal. C’est la mort dans l’âme que ‘‘Viviane’’ est retourné dans le box des accusés. L’attente risque d’être longue pour lui, si toutefois la juge suit le réquisitoire du parquet. 

AWA FAYE