Soupçons sur 294 éléments proches de Jammeh
Les anciens dignitaires gambiens, proches du Président Jammeh, ne semblent pas baisser la garde. Ils ambitionnent, souffle un officiel gambien au cœur de l’Etat, de mailler tout le pays. Ceci, glisse-t-on, dans le but de rendre la vie difficile aux nouvelles autorités de ce pays. Informé, il annonce avoir eu écho d’informations qui, dévoile-t-il, font état de la présence en République islamique de Mauritanie de deux cent quatre vingt quatorze (294) éléments des Forces de Défense et de Sécurité gambiennes déserteurs. Ces soldats, poursuit notre interlocuteur, seraient en relation avec l’ancien Président Jammeh et ses proches réfugiés avec lui en Guinée Equatoriale. L’officiel de lever un coin du voile sur le projet de ces hommes qui ont été difficilement contraints de quitter le pouvoir suite à leur défaite historique à l’élection présidentielle après plus de 20 ans de règne sans partage. ‘’Ils envisageraient de déstabiliser la Gambie’’, démasque-t-on.
Les mêmes sources parlent de missions effectuées par les généraux Souleiman Badge et Ansumana Tamba en Guinée et Guinée-Bissau où seraient d’autres partisans du Président déchu. Il faut relever qu’il est également signalé la présence d’anciens ‘’Jungullers’’ (escadrons de la mort de Jammeh) dans ces pays. D’après la source, compte tenu de la possibilité de jonction avec les partisans de l’ancien Président resté dans les Armées, dans le Fogni-Kombo, et dans l’administration et des liens ‘’avérés’’ avec la faction de Salif Sadio du Mfdc, il y a lieu d’adopter une posture de vigilance. Parce que, explique un ministre gambien, cette menace ne vise pas que son pays.
Il convient de rappeler que cette information venant d’un officiel gambien conforte le ministre des Affaires étrangères du Sénégal. En effet, le jeudi 15 juin dernier, à Dakar, lors de la visite de son homologue français Jean-Yves Le Drian, Mankeur Ndiaye avait tiré sur la sonnette d’alarme en ces termes : ‘’La Gambie fait face à un risque réel de déstabilisation.’’ En croisade contre le mal, le ministre sénégalais avait même exhorté Le Drian à continuer la collaboration afin d’assister la Gambie dans la réforme du secteur de la défense. Ces déclarations jugées ‘’énigmatiques’’ du ministre sénégalais n’ont pas été détaillées par ce dernier. Conséquences : elles avaient plongé la capitale gambienne, Banjul, dans la perplexité.
L'ancien Président gambien aurait donc encore plusieurs collaborateurs qui, souligne-t-on, lui permettraient de gérer ses affaires et de garder une certaine influence. Et c’est ce pouvoir de ‘’nuisance’’ qui, pense-ton, serait à l'origine de la manifestation de Kanilai, soldée par la mort d'un habitant au début du mois dernier. Aujourd’hui, avec ces nouvelles informations qui font état de tentatives de déstabilisation du régime d’Adama Barrow depuis des pays de la sous-région, il est évident que la Micega dont le mandat a été prorogé d’un an a de quoi justifier sa présence sur le territoire gambien.