Publié le 8 Aug 2017 - 23:56
CAMBRIOLAGE DANS DES HOTELS EN 2009

Des nullités annulent le procès de ‘’Boy Djinné’’

 

Baye Modou Fall alias ‘’Boy Djinné’’ ne sera pas  jugé pour des faits de cambriolage survenus en 2009 à Mbour aux hôtels Savana et Lagon. Des nullités ont poussé la chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar à annuler la procédure.   

 

Hier, Baye Modou Fall alias ‘’Boy Djinné’’ a échappé à un procès. La procédure initiée contre lui suite à des cambriolages commis en 2009 à Mbour, mais aussi à Dakar aux hôtels Lagon et Savana, a été annulée suite à des nullités constatées par ses avocats. Ces derniers avaient soulevé les exceptions de nullité. Le premier grief portait sur la violation de l’article 101 du Code de procédure pénale, puisque Boy Djinné n’a pas été assisté d’un avocat lors de sa première audience de comparution devant le juge d’instruction. La défense avait également soulevé comme motif le fait qu’il ait été jugé dans le cadre de ces faits en octobre 2010 par le tribunal pour mineurs de Dakar. Les conseils avaient également estimé que pour les faits qui se sont déroulés à Mbour, la juridiction n’est pas compétente pour les juger. Le parquet avait demandé que toutes les exceptions soient rejetées.

Mais, hier, la chambre a plutôt suivi la défense. Les juges ont déclaré recevables toutes les exceptions. Par conséquent, les poursuites ont cessé dans cette affaire pour laquelle il était inculpé pour les chefs d’association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec escalade, effraction et usage d’arme et de véhicule, évasion et usurpation d’identité. Cependant, malgré l’annulation de la procédure, le célèbre fugitif reste en prison, car il fait l’objet de deux autres procédures d’instruction pendantes à Dakar et à Diourbel.

La défense satisfaite

Toujours est-il que la défense s’en réjouit. Me Abdoulaye Tall se dit satisfait de la décision qui, argue-t-il, ‘’entre en droite ligne’’ de ce qu’ils attendaient.  ‘’Quand il y a violation de la loi, la première réaction est de sanctionner par les dispositions du code de procédure pénale. Cette sanction ne fait que renforcer le respect de la liberté individuelle, mais également la sacralité de la procédure pénale’’, soutient M. Tall.

Revenant sur la principale exception qui est la violation des dispositions de l'article 101 du Code de procédure pénale, le conseil explique : ‘’Si le législateur a prévu cette disposition, c'est pour que les magistrats respectent la liberté des individus en matière criminelle, car l'inculpé ne peut être entendu sans la présence de son avocat préalablement avisé.’’ Tout en soulignant que ‘’cette présence obligatoire doit être effective’’, Me Tall précise que ‘’l’avocat n'est pas un meuble, mais il assure les droits de la défense du début à la fin de la procédure’’. Et d’ajouter : ‘’C'est pour cette raison que le même texte dit que quand il y a violation, il faut annuler les actes subséquents, à savoir le mandat de dépôt, les Pv d'interrogations, l'ordonnance de renvoi…’’

Cette procédure qui a été annulée est partie d’un cambriolage dont ont été victimes des techniciens chinois venus à Dakar pour le montage de la cimenterie du groupe Dangote. Ils étaient logés à Lagon 1 et étaient sortis. A leur retour, les victimes avaient constaté que leurs chambres respectives avaient été vidées. Argent, ordinateurs, appareils électroniques et autres objets dont les plans de la future usine avaient disparu. Ce qui avait fait croire à Dangote qu’il s’agissait de l’œuvre d’éventuels concurrents. Mais l’enquête ouverte par la Division des investigations criminelles (Dic) avait abouti à l’arrestation des receleurs.

Elle avait permis de remonter jusqu’aux voleurs. Ces derniers ont balancé Boy Djinné qui a été appréhendé après une traque. Mais, à la faveur d’un retour de parquet, l’as de l’évasion avait réussi à tromper la vigilance des éléments du Commissariat central de Dakar. L’explication fournie par le policier est plus qu’irrationnelle, car selon lui, Boy Djinné s’était transformé en… margouillat pour s’évader. Arrêté une semaine après, le bandit  a encore réussi à se faire la malle et la même explication est fournie par les policiers, car seules ses menottes étaient retrouvées dans sa cellule. Cette fois-ci, le fugitif a été repris à Petersen en flagrant délit de cambriolage d’un magasin.

Placé en garde à vue, il a encore réussi à s’évader. Arrêté à nouveau, Baye Modou Fall a passé plusieurs mois en prison avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Une situation qui fait qu’il devait comparaître libre. Mais, entre-temps, il est cité dans d’autres cas de vol et d’évasion. Après la dernière survenue à la prison de Diourbel, Baye Modou était en cavale en Gambie où il s’est marié. Mais il a été  arrêté sept mois après, plus précisément en juillet dernier, à la frontière guinéenne.

Depuis lors, il croupit en prison avec son épouse, sa grande sœur et un de ses amis mécanicien.  

FATOU SY  

 

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