Publié le 9 Aug 2017 - 11:58
APRES L’ARRESTATION DES JEUNES

Ouakam rouge de colère 

 

Les notables du village traditionnel de Ouakam ont tenu, hier, une conférence de presse à l’intérieur de la mosquée de la localité. Ils ont fait part de leur mécontentement suite à l’arrestation, avant-hier, de dix de leurs fils. Ces interpellations font suite à l’enquête de la police sur le drame du stade Demba Diop, qui a fait huit morts et plus de cent blessés.

 

Ils étaient nombreux et très en colère, hier, à la grande mosquée de Ouakam. En effet, l’enquête sur le drame du stade Demba Diop, survenu le samedi 15 juillet, ayant fait 8 morts du côté des supporteurs mbourois, connait des avancées significatives. Depuis avant-hier, les Ouakamois soupçonnés d’y avoir joué un rôle font face à la justice. Ils sont onze jeunes de ce village, dont un joueur de l’Union sportive de Ouakam (Djibril Guèye) à être incarcérés. D’où la furie des habitants de cette localité qui ont tenu une conférence de presse pour manifester leur désaccord. Le chef coutumier Jaraaf Youssou Ndoye a profité de l’occasion pour demander à tout le village de ‘‘garder son sang-froid’’. Mais pour ne pas porter l’entière responsabilité de ce drame, il annonce une plainte contre le président du Stade de Mbour qui n’est pas non plus ‘’exempt de reproches’’, à l’en croire.

‘’La police ne peut pas être juge et partie’’

Ensuite, le maire Samba Bathily Diallo s’est dit ‘’déçu’’ par le comportement des autorités dans la situation des responsabilités.  Selon lui, ‘’les premiers responsables de ce drame sont la Fédération sénégalaise de football, le ministre des Sports et le ministre de l’Intérieur. Ce sont eux qui doivent garantir la sécurité des populations’’. L’édile de Ouakam pense que les responsabilités sont partagées et qu’ils sont prêts à endosser les leurs. Mais pour cela, il faut que chacun en fasse de même, rappelant qu’en 1992, le village a perdu neuf de ses fils pour ‘’la défense de leur patrie’’. Le maire d’interpeller le président de la République sur la libération des jeunes arrêtés. Même si les Ouakamois refusent d’endosser l’entière responsabilité de ces incidents, ils appellent, cependant, tout le monde au calme et à la sérénité. Ils pensent aussi que la police ne doit pas diligenter l’enquête, car on ne peut être en même temps juge et partie. Du coup, c’est à la gendarmerie de s’en occuper, pour plus d’impartialité. Alpha Bâ, habitant et supporter de Ouakam, juge que ‘’les valeurs les mieux partagées dans ce village sont l’honneur et la discipline’’. Ils n’accepteront, dit-il, pas d’être les agneaux du sacrifice. De surcroît, ils comptent se défendre jusqu’au bout.

Le chef coutumier est revenu pour rappeler et comparer beaucoup d’autres incidents politiques et sportifs qui se sont déroulés au Sénégal et qui restent impunis jusqu’à présent. ‘’Lors des récentes élections législatives, des violences ont été notées même à Touba. Et là, tous les jeunes arrêtés sont relâchés’’, fulmine-t-il. Le Jaraaf ne décolère pas et estime que son équipe a souvent été victime et personne ne les a entendus. ‘’A Saint-Louis, les supporters nous ont interdit d’accéder au stade par la grande porte. On était obligé de passer par le guichet’’, clame-t-il.

Le Jaraaf menace Malick Thiandoum

Les sanctions sportives infligées par la Ligue Pro à l’Uso passent, également, très mal. ‘’Cette sanction de sept ans fera plus de dégâts qu’elle n’en résoudra. Le seul but, c’est de nous interdire de jouer au football’’, déclare le président de la zone C Ngalla Samb.  Selon lui, les autorités sont les véritables responsables de ce qui s’est passé à Demba Diop. Et Ngalla de poursuivre qu’‘‘un rapport de la protection civile avait déjà révélé la vétusté des murs du stade, en 2011, et ni la ligue ni la fédération n’ont fait quelque chose pour y remédier’’. Quant au Jaraaf, il estime que ‘‘sept ans de suspension par une simple ligue qui n’a même pas de réels pouvoirs, c’est trop‘’.

Par ailleurs, les Ouakamois dénoncent avec la dernière énergie la campagne de dénigrement dont ils disent être l’objet, actuellement. Youssou Ndoye est allé même jusqu’à proférer des menaces à l’endroit de certains journalistes comme Malick Thiandoum du groupe D-média qui, selon lui, est le principal responsable de cette campagne de stigmatisation. 

 

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