Publié le 30 Sep 2017 - 12:56
LITIGE FONCIER AU FOUTA

Pourquoi le collectif des 23 villages s’oppose au projet AFRI-Partners

 

Le collectif des villages impactés par le projet d’AFRI-Partners a décidé de monter au créneau, pour expliquer les raisons qui le pousse à dire non à ce projet qui va capter 10 000 ha de leurs terres. Selon eux, leur patrimoine foncier est menacé par l’agro-business.

 

Dernièrement, plusieurs dizaines de chefs de village dans le Fouta et dont le plus âgé a 94 ans, ont défilé à la brigade de la gendarmerie de Ndioum. On en sait un peu plus sur les raisons de ces convocations. Dans un document dont ‘’EnQuête’’ détient copie, le collectif des villages impactés par le projet d’AFRI-Partners explique pourquoi il s’oppose à l’octroi de 10 000 ha aux promoteurs de ce projet qui va impacter 23 villages situés dans l’île-à-Morphil. Il s’agit de Pathé Galo, de Dara Halybé, d’Aéré Lao, de Ndormboss, de Marda, de Sassel Talbé, de Belly Thiowi, de Toulel Kédéllé, de Gourel Mamadel, de Thienel Sakobé, de Sinthiou Ifra, de Yénaké, de Sinthiou-Dangdé, de Soccou, de Diouwa, de Sowanabé, de Walalnabé, de Wouro Pourel et de Mborobé.

Le doyen d’âge Thierno Bessomoro Mamadou Sidiki Sakho, qui a signé le document, explique que les terres ne sont pas cédées dans le cadre d’un projet d’utilité publique, mais bien pour des intérêts privés et non sénégalais de surcroit. De plus, la superficie attribuée à AFRI-Partners est énorme, car étant estimé à 10 000 ha. Ce qui fait que ‘’certains villages ont perdu tout leur patrimoine foncier. Ils n’ont plus de terres de culture, de pâturage, ni de réserve pour les générations à venir. Plusieurs villages n’ont même plus un espace vital pour leur développement. Il s’agit de Sinthiou Dangdé, de Beelel Boŋuje, de Béli Thiowi, de Sassel Talbé, de Pouri, de Thienel Sakobé, de Ndormboss, de Yennaké, de Wouro Abou Hamdou et de Gourel Malickel’’.

‘’Le projet ne participe pas à l’autosuffisance en riz’’

En sus, le collectif craint que le projet prenne plus de terre que prévu. ‘’L’évaluation des 10 000 ha n’a pas encore pris en compte les terres non aménageables. Il y a certains villages qui vont renoncer à la totalité du patrimoine foncier que leurs ancêtres leur ont légué et qu’ils vont priver ce droit aux générations futures de manière durable sur 80 ans’’. Il s’y ajoute le coup porté à l’économie de la zone. ‘’En ce qui concerne la conséquence immédiate du projet, retenez qu’il n’y aura plus de cultures de décrue. Que jusque-là, c’est une activité d’appoint à la culture irriguée, mais aussi une bouée de sauvetage en cas de panne de moteur ou de mauvaise campagne’’, explique le doyen Sakho. Ce dernier fait remarquer que les petits aménagements n’arrivent pas, jusqu’ici, à satisfaire les besoins des populations en alimentation et en revenus monétaires.

Autre grief, la durée du contrat qui est de 40 ans renouvelable par tacite reconduction. Selon le collectif, cela ne se justifie pas. ‘’Cela veut dire que nous avons donné toutes nos terres pour 80 ans sans possibilité de revenir là-dessus (…) Les 2 milliards promis seront étalés sur les 40 ans, à peu près 25 000 000 F CFA par an. A supposer que les 2 milliards soient totalement versés sur les 40 ans, leur valeur réelle ne dépassera pas 300 millions de francs CFA actuels, si on tient compte de la dépréciation monétaire’’.

Pour couronner le tout, les habitants de ces villages ont des doutes sur les objectifs du projet : ‘’Contrairement à ce qui est dit, le projet ne participe pas à l’autosuffisance en riz qui n’est pas destiné aux consommateurs sénégalais, mais à l’exportation. Il y a aussi le nombre modique d’emplois qui seront créés et qui est de l’ordre de 1 000 en rapport avec le nombre d’emplois qu’aurait donné l’aménagement de ces terres à partir des ressources publiques qui est de 10 000 emplois au moins, tout en préservant les droits des populations locales sur ces terres’’, renseigne le document.

Le collectif de dire que l’Etat du Sénégal et ses démembrements ont failli à leur devoir constitutionnel, notamment en son article 25-1.

‘’Une invite à l’Etat pour des concertations plus poussées’’

Ainsi, le collectif des villages impactés par le projet décide du rejet ‘’total’’ et ‘’irrévocable’’ du protocole signé entre la commune de Dodel et AFRI-Partners. Il envisage de s’opposer, par tous les moyens légaux, à la réalisation d’un tel projet, y compris le recours à des juridictions nationales, sous-régionales et internationales pour faire respecter le droit des populations à préserver leur patrimoine foncier menacé par l’agro-business. Pour obtenir gain de cause, le collectif a décidé de saisir le chef de l’Etat. Car il ne souhaite pas laisser éternellement leurs terres sous-exploitées ou en friche. ‘’C’est une invite faite à l’Etat pour des concertations plus poussées en vue de l’aménagement de ces terres au profit des communautés locales et dans l’intérêt du Sénégal. En effet, le projet d’AFRI-Partners ne nous semble respecter ni l’une ni l’autre exigence’’.

Ces populations s’en remettent donc à la capacité d’écoute du président de la République, à sa hauteur de vue et à sa volonté de trouver le meilleur pour le Fouta qui est sa région d’origine.  

CHEIKH THIAM

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