Macky Sall attendu sur des mesures urgentes
À Ziguinchor, les populations estiment qu’au cours du Conseil interministériel prévu aujourd'hui, mardi, le gouvernement doit, non pas annoncer mais prendre des décisions fortes à effet immédiat s’il veut, résolument, s’inscrire dans la relance effective des activités socio-économiques et de la paix en Casamance.
L’espoir semble renaître avec le Conseil interministériel de ce mardi qui précédera le Conseil des ministres décentralisé. Les Ziguinchorois qui passent à la Gouvernance de la capitale méridionale du pays sont frappés par les travaux qui s’y déroulent pour redonner une nouvelle jeunesse au bâtiment et au jardin qui est resté bien longtemps sans qu’un artisan, pinceau en main, n’en fasse un objet d’art. ''La tenue du conseil interministériel à Ziguinchor est un signe d’espoir pour la Casamance'', souffle un passant. Toutefois, ''cet espoir serait vain si des mesures urgentes à effet immédiat ne sont pas prises au cours de cette rencontre'', ajoute notre interlocuteur qui déclare qu'il y a ''suffisamment de promesses''.
Mise en œuvre rapide du programme ''Orio''
Parmi ces actes concrets, ces signaux forts et urgents que doit poser le gouvernement, cet opérateur économique demande à Macky la mise en œuvre rapide du programme ''Orio''. Il s'agit d'un projet de près de 21 milliards de francs Cfa, fruit de la coopération entre l’État du Sénégal et les Pays Bas qui a pour objet de faire du port de Ziguinchor un pôle de développement économique et social pour toute la région naturelle de Casamance. Ce, par des travaux de dragage du fleuve Casamance à une profondeur de 7 mètres avec une largeur de chenal de 400 mètres, de mise en place des outils modernes d’aide à la navigation sur le chenal, de réalisation d'une zone hydrocarbure d’une capacité de stockage pouvant satisfaire les besoins de la région naturelle de Casamance et des pays limitrophes. Le projet vise aussi La création d’un entrepôt de conditionnement et de stockage des fruits et légumes au port de Ziguinchor ainsi que la construction d’un port de pêche à Boudody (Ziguinchor).
En attendant l’effectivité de ce programme, notre interlocuteur, proche de la Chambre de commerce de Ziguinchor, estime que le gouvernement doit s’atteler à la mise en service d’un second bateau au moins pour les passagers et pour le fret ainsi qu’à l’ouverture immédiate du ciel casamançais à d’autres compagnies aériennes privées.
Discrimination positive en faveur de la Casamance
À cela, s'ajoute la prise de mesures urgentes allant dans le sens du démarrage des travaux de la RN6, de l’achèvement des travaux de constructions en cours de routes intérieures ainsi que de certaines infrastructures annoncées, notamment le pôle intégré de pêche de Kafountine, le ponton de Carabane ou encore la zone franche industrielle de Bourofaye à la périphérie de Ziguinchor.
Non loin de la Gouvernance, un groupe d’amis, constitué essentiellement de cadres exerçant à Ziguinchor, bavardent allègrement après une journée de labeur. Interrogés par rapport à leurs attentes, relativement au conseil interministériel qui se tiendra pour une première fois à Ziguinchor, chacun y va de son chemin. ''Il faut instituer une discrimination positive en faveur de la Casamance en instaurant, à défaut d’une amnistie fiscale pour les entreprises existantes, un régime fiscal particulier sous forme d’exonération totale ou partielle sur cinq ans au moins'', indique l’un deux. Cet entrepreneur demande la mise en place d'un fonds spécial d’investissement et l'ouverture de lignes spéciales de crédits pour les activités économiques à des conditions souples et adaptées au contexte de crise qui vit la région. Pour cet homme d’affaires installé à Ziguinchor depuis une dizaine d’années, la région souffre, par ailleurs, de l’insuffisance d’infrastructures sanitaires adéquates. Et l’achèvement des travaux de l’hôpital de la Paix entamés depuis 1998 serait, pour lui, une urgence.
La paix sur toutes les lèvres
Les Ziguinchorois interrogés sont unanimes. Les bonnes intentions, comme les mains tendues des protagonistes de la crise ne suffisent pas. Selon eux, le gouvernement doit, le plus vite possible, ouvrir une concertation avec le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) en s’appuyant sur le soutien des pays voisins, de la société civile sénégalaise ou encore de la Communauté de Sant Egidio (Italie) qui a déjà déclaré être disposée à aider le Sénégal dans la résolution de la crise qui secoue la région méridionale depuis trois décennies maintenant.
Hubert Sagna
(Correspondant, Ziguinchor)