Le ''comédien'' s'effondre à la barre
Traduit hier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour pédophilie et détournement de mineure sans violence, M. Ndiaye n’a pu être jugé du fait d’un malaise.
L'accusé M. Ndiaye a-t-il fait du cinéma à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, pour échapper à un interrogatoire rondement mené par le procureur ? Certains parmi les avocats présents hier au tribunal en sont convaincus. Accusé de pédophilie et de détournement de mineure sans violence, M. Ndiaye, debout à la barre, s'est laissé choir au cœur de son interrogatoire, mettant ainsi fin à son procès. N'eût-été la diligence d'un garde pénitentiaire qui l'en a empêché, il allait lourdement chuter sur le sol marbré du tribunal.
Déjà, lorsque la présumée victime, S. Guèye a affirmé que le prévenu avait abusé d’elle à six reprises, M. Ndiaye s'est mis à nier vigoureusement les faits, lâchant : ''J’allais chez elle, mais il ne s’est jamais rien passé entre nous.'' Même si devant les policiers, il avait reconnu avoir entretenu des rapports sexuels avec la jeune fille âgée de 15 ans. Commence son interrogatoire. L’un des assesseurs lui demande de dire la vérité s’il veut s’en tirer. La représentante du parquet abonde dans le même sens : ''Cette famille, lui dit-elle, a été toujours généreuse à ton égard. Donc il faut dire la vérité. Ainsi, nous verrons s’il faut vous accorder la clémence''. A cette remarque du substitut Ramatoulaye Ly Ndiaye, le prévenu, vêtu d’un demi-saison de couleur sombre, cache son visage dans ses mains et respire profondément. La représentante du parquet ne lâche pas prise : ''Nous avons besoin d’explications et non de pleurs. Tes pleurs nous laissent de marbre'', lui lance-t-elle. Comme s’il veut parler, alors que les mots refusent de sortir, M. Ndiaye commence à marmonner des paroles. Le substitut du procureur ne se laisse pas distraire : ''Ce n’est pas la peine de réciter quoi que ce soit, lui dit-elle. Tout ce qu’on veut, c’est la vérité''.
Le prévenu et ses versets
Le président du tribunal s'en mêle et adopte une autre stratégie. Il tente de rassurer le prévenu : ''Vas-y, récite ce que tu veux''. Après un moment de silence, il invite M. Ndiaye à s’expliquer sur les faits, mais aucun mot ne sort de sa bouche. M. Ndiaye se cramponne à la barre, lance sa tête en arrière et commence à glisser par terre. Et au moment où il va toucher terre, un garde pénitentiaire le retient de justesse pour l’installer sur un banc.
Des femmes éclatent en sanglots. Un avocat déclare qu'il ''fait du cinéma''. Un avis que ne partage pas le président du tribunal qui décide de renvoyer le procès, malgré la demande des avocats du prévenu qui souhaitent que la Cour patiente pour laisser à leur client le soin de retrouver ses esprits. ''Je ne peux pas prendre le risque de le juger dans ces conditions'', leur rétorque le juge. Ainsi incarcéré depuis le 8 juin passé, M. Ndiaye devra encore attendre le 10 juillet prochain pour être jugé.
FATOU SY