Les détenus prient pour ‘‘une deuxième chance’‘
Une prière. Une seule a été formulée hier par les rappeurs du Camp Pénal de Liberté 6 lors du dernier concert de ‘‘prison tour’‘. Ils demandent qu’on leur accorde une deuxième chance.
Relaxe avec moins de protocole que Rebeuss, le Camp pénal de Liberté recevait hier le dernier concert de ‘‘prison tour’‘. Ici, on ne fouille pas les journalistes. Il suffit juste de montrer sa carte de presse pour accéder à l’intérieur du bâtiment. Cependant, un minimum de règles à suivre est établi. ‘‘Ne prenez pas de photos, ne filmez pas, n’enregistrez pas et n’interviewez pas les détenus’‘, nous fait savoir le garde pénitentiaire posté à l’entrée. La seule chose permise est de prendre notes. Le sac à main du reporter est ensuite identifié et laissé à l’entrée.
C’est la grande cour du secteur 1 qui est aménagé pour le concert du jour. Il y a moins de monde qu’à Rebeuss. Il y a moins de 200 prisonniers dans la cour. Mais ce qui frappe de prime abord, c’est la forte présence des personnes âgées. ‘‘Il y a beaucoup de vieux ici’‘, s’est même exclamée une spectatrice. Normale, c’est ici que résident, majoritairement, les prisonniers aux longues peines et ceux condamnés à la perpétuité. Et pourtant, sur leurs visages, le temps du concert, ne se lisent pas tristesse, désarroi ou encore solitude même si leur sourire manque de lumière. Cela doit être dû au traitement que leur réserve l’administration pénitentiaire.
En effet, contrairement à Rebeuss, à Liberté 6, les détenus ont vraiment communié avec les rappeurs. Ils ont dansé et se sont défoulés sur la piste de danse et même sur le podium érigé à l’occasion. Ils circulaient librement dans la cour, allant d’un côté à l’autre, discutant entre eux et se lançant des vannes sous le regard vigilant des surveillants. Et il faut le dire, la prison compte des talents. Ceux qui ont pris le mic hier ont assuré. Ils sont plus de 5 Mcs à avoir presté. Ils ont tous délivré un seul et même message. ‘‘Il faut qu’on nous donne une autre chance. Il n’est pas bon de nous mettre en prison et de nous oublier ensuite’‘. Cri du cœur des détenus. L’un d’entre eux est allé même plus loin : ‘‘je suis venu ici sous le magistère d’Abdou Diouf. Abdoulaye Wade est venu après et aujourd’hui Macky Sall et moi je suis toujours en prison. Je crois mériter une seconde chance. On n’est même plus attristé par les décès car on a beaucoup trop duré ici, loin de la vie de société’’, a-t-il plaidé. Il a dénoncé le menu de la prison constitué de ‘‘diagan’‘ au déjeuner et de ‘‘couscous’‘ au dîner.
Prenant la parole, Malal Talla alias Fou Malade est revenu sur le concept de la ‘‘prison tour’‘ qui milite pour la révision des longues détentions préventives et la perpétuité.
Ils ont chauffé le public du camp pénal aussi. Simon, Lynx Star, Myriam, Mots-V-Esprit, Queen Beez, Xuman, Coalition niamu mbaam, Aïda Samb, Bionix et évidemment Bat’Haillons Blin D.
BIGUE BOB