Le Petit théâtre de Bouba Ndour réduit en cendres
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Salle de spectacle, le Petit théâtre de Bouba Ndour a été dévasté, hier, par un violent incendie. D’importants dégâts matériels sont enregistrés.
Ça ne rit pas au Petit théâtre. De loin, ça sent le cramé. A l’approche, c’est un spectacle différent de celui habituel. Le public est pourtant là. Mais ce n’est pas pour assister au ‘’Petit bal’’ organisé chaque année par le label Prince art. Ils sont plutôt là pour regarder la bataille acharnée que mènent les sapeurs-pompiers contre les flammes. Papa Khalil Wade est sergent-chef. Il est le responsable des opérations. ‘’Informés à 11 h 45, nous sommes arrivés sur les lieux à 12 h 05. Mais, vu la violence du feu, on a été obligé de faire appel à un renfort’’, déclare-t-il d’emblée. Interpellé sur leur supposé retard, il botte en touche, tout en évoquant l’obstacle des embouteillages pour se dédouaner. ‘’Avec les embouteillages, argue-t-il, nous ne pouvons être sur les lieux du sinistre à la minute. C’est un peu compliqué. C’est ce qui est à l’origine de ce que vous considérez comme un retard’’.
Le regard hagard, la mine triste, ce témoin dénonce, quant à lui, un ‘’grand retard’’ des soldats du feu. ‘’On les a informés avant 11 h. Ils ne sont arrivés ici qu’après 12 h. C’est inacceptable’’, fulmine-t-il. Même s’il n’infirme pas cette version, Serigne Bassirou alias ‘’Dj Khaliss’’, prend la défense des soldats du feu. ‘’Je pense qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu faire. Nous tous connaissons les difficultés de la mobilité à Dakar. Il y a beaucoup d’embouteillages. Pour moi, il faut les comprendre’’, plaide l’animateur du Five, avant d’ajouter : ‘’L’essentiel est que, quand ils sont arrivés sur les lieux, ils ont pu maitriser les flammes. Le problème, c’est qu’on ne peut comprendre une zone comme les Almadies sans brigade de sapeurs-pompiers. Les autorités doivent corriger cette anomalie le plus rapidement possible.’’
Selon les témoignages, le feu a été constaté vers les coups de 11 h. Comme à l’accoutumée, chaque curieux y va de son commentaire. Le Dj du Five précise : ‘’On était dans le bureau. A un moment, on a vu que de la fumée se dégageait de l’imprimante. J’ai immédiatement appelé l’électricien. Après avoir fait le tour, on a constaté qu’il n’y avait rien au niveau de Five. C’est par la suite que nous avons regardé du côté du Petit théâtre et remarqué l’incendie.’’
Dans la confusion, les agents accourent prendre des extincteurs, mais c’est peine perdue. Coriace, le feu résiste à leurs assauts répétés. ‘’Nous avons souffert, parce que c’est un milieu acoustique, avec des artistes qui sy produisent. Il y a donc des moquettes qui couvrent les murs et beaucoup de bois. C’est pourquoi nous n’avons rien pu faire. Le Petit théâtre a complètement été détruit. Si les pompiers étaient arrivés plus tôt, il n’y aurait pas eu tous ces dégâts’’, reconnait Serigne Saliou.
Moulaye Lo du Five, embouche la même trompette. Il regrette : ‘’C’est vraiment très difficile. Il ne faut pas oublier que nous sommes à la veille des fêtes de fin d’année. En ce moment, l’heure est aux grands préparatifs. Les dégâts sont énormes. En plus du Petit théâtre, il y a aussi une salle de gym qui a été complètement calcinée. Le bilan doit se chiffrer à des millions de francs Cfa.’’ L’employé du Five tient toutefois à préciser que l’incendie ne touche que le Petit théâtre et la salle de gym qui appartient à sa structure. ‘’Le Five est encore fonctionnel. D’ailleurs, si vous le voulez, vous pouvez venir, on va vous servir à manger’’, précise-t-il, réagissant à l’information selon laquelle sa boite aurait pris feu. Une confusion qui s’explique par le fait que les deux salles (Five et Petit théâtre) se trouvent dans le même bâtiment.
Pour le responsable des sapeurs-pompiers, il est très tôt de parler de bilan. Revenant sur le déroulement des opérations, il explique : ‘’Ce n’était pas une opération facile. Comme son nom l’indique, nous avions affaire à un bâtiment complexe, un R+3, alors qu’on nous avait annoncé un feu de restaurant. Au rez-de-chaussée, il y a un bar, au deuxième une discothèque et au troisième une salle de musculation. Le cheminement était aussi complexe et le feu violent.’’
Finalement, c’est vers 14 h que le feu a définitivement été éteint. Une partie du bâtiment menaçant de s’effondrer, les pompiers l’achèvent à coups de marteau, sous le regard compatissant des riverains.
MOR MAR