Pour une préservation du secteur
En collaboration avec des experts des pays partenaires, la Direction du Patrimoine culturel organise, depuis hier, son deuxième atelier de formation en prospection sous-marine, afin de voir comment préserver les ressources subaquatiques du Sénégal. D’éminents experts venus des Iles Canaries, des Açores, de Madère et du Cap-Vert ont participé à la rencontre.
Très peu connu au Sénégal, le patrimoine subaquatique était au cœur d’une réflexion, ce mercredi, au Grand Théâtre. Une activité organisée dans le cadre de la mise en œuvre du projet Margullar dédié à l’inventaire et à la mise en valeur du patrimoine subaquatique. Durant deux jours, l’évènement a regroupé des experts venus du Sénégal et des pays partenaires que sont les Iles Canaries, les Açores, Madère et le Cap-Vert. La rencontre a aussi enregistré une importante participation des étudiants en archéologie subaquatique du Département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
A cette occasion, la Direction du Patrimoine a estimé que cette session de formation vise à affiner la méthodologie de l’inventaire archéologique en milieux sous-marins et à partager les expériences des parcs sous-marins réalisés dans certains pays partenaires de l’Atlantique. Pour le cas du Sénégal, renseigne la direction, l’objectif fondamental est de réaliser l’inventaire des importants vestiges historiques subaquatiques aux larges de Gorée et de Dakar. Ce, en vue de leur sauvegarde, mais aussi et surtout pour leur mise en valeur à travers le tourisme de plongée sous-marine qui se développe de plus en plus dans les Iles Canaries, notamment à Lanzarote.
Selon le directeur du Patrimoine culturel Abdoul Aziz Guissé, le Sénégal dispose d’un important patrimoine subaquatique à protéger. ‘’L’objectif est de prospecter ce patrimoine au large de Dakar et sur toute la côte en général. De Saint-Louis jusqu’au Carabane Sud, en passant par les îles du Saloum. Nous avons quand même des sites historiques importants. Et sur ces 700 km de côtes, le Sénégal a connu une histoire assez importante liée un peu aux mutations historiques du XVe siècle, à la découverte de l’Afrique, de l’esclavage et de la colonisation. Les premiers comptoirs français et anglais ont été installés sur les côtes sénégalaises’’, rappelle le directeur.
Seulement, il estime qu’il est regrettable que ces sites ne soient pas connus des Sénégalais. Ce qui, selon lui, les a motivés à organiser cette session de formation pour inviter les populations à avoir une idée sur la question. ‘’Le Sénégal dispose de potentiels énormes en matière subaquatique, mais ne les connais pas suffisamment. D’où l’intérêt de former les gens à aller vers une expertise réelle que nous avons sur place. Ce qui nous permettra de faire l’inventaire de ce patrimoine, de l’avoir dans une base de données, de le protéger, de le valoriser et pourquoi pas aller même vers une dimension économique’’. Poursuivant son propos, il donne l’exemple de l’île de Lanzarote qui est membre et partie prenante du projet. ‘’Elle accueille chaque année plus de 200 000 touristes qui viennent uniquement pour la plongée sous-marine’’, renseigne le directeur.
Le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, a assisté à l’ouverture de l’atelier pour encourager les participants. Mais surtout pour avoir, lui aussi, une idée de ce patrimoine méconnu. En effet, d’habitude, quand on parle de patrimoine culturel, les esprits sont rivés sur ce qui est visible sur la terre ferme. ‘’Nous ignorons tous, en commençant par moi, que nous avons un patrimoine historique culturel important et réel au large de nos côtes. Aussi, notre pays est une voie de passage, des chemins qui ont été longuement empruntés par des bateaux et des hommes qui y ont laissé des patrimoines importants qui nous permettent de connaitre leur histoire, mais aussi de disposer d’objets de valeur inestimable en matière culturel’’, indique le ministre.
Habibatou Wagne