Trump, interdit d’en rire !
Après la Corée du Nord, l’Iran, Jérusalem, Paris avec le climat, il fallait bien que la furie Donald Trump déferle un jour en Afrique. Foudroyant, haineux et surtout honteux, ce dernier chef-d’œuvre du président américain, non ‘’twitté’’, prononcé en pleine réunion avec des parlementaires, nous agresse dans notre intimité la plus profonde. Faut-il en pleurer ?
Il faut, sans doute, essayer d’en rire d’abord. Non pas seulement pour guérir le mal (le rire a cette vertu-là), mais aussi parce que le personnage a tous les atours d’un mauvais comédien, aussi bien dans ses gestuelles, ses mimiques, son goût immodéré des excès, sa tendance à rugir qui le fait se rapprocher d’une espèce bien noble en voie de disparition que les humains veulent maintenant sauver de l’extinction. Nous voulons nommer Sa Majesté le Singe.
Sans doute donc faut-il esquisser un début de rire. Juste une mimique de noblesse, sans aller jusqu’au bout de cette émotion. Pourquoi ? Parce que nous sommes devant une affaire sérieuse. C’est quand même le président des Etats-Unis d’Amérique qui parle ainsi. N’eût été un intellectuel perdu dans ses élucubrations, un artiste, un sportif, n’importe qui non dépositaire d’un quelconque suffrage, ne serions-nous pas choqués à ce point.
Mais il s’agit de Trump. Circonstance aggravante, nous savons que chaque fois qu’il ouvre la bouche ou clique sur son ordinateur, il ne le fait pas seulement pour les intérêts ‘’sacro-saints’’ de l’Amérique, mais pour satisfaire l’ego d’électeurs qui lui ont fait confiance et qui le surveillent comme du lait sur le feu. Or, cet électorat-là, sauf respect dû au peuple américain, n’est pas l’Amérique. Il représente 25,80 % du corps électoral (59 millions de voix sur 231 millions d'électeurs potentiels). Cet électorat est raciste, dans sa grande majorité, masculin, pessimiste sur l’avenir du monde et, cerise sur le gâteau, prendrait facilement l’Afrique pour un pays et non un continent.
Interdit de rire parce que la ‘’phraséologie trumpienne’’ rappelle des ères sombres, pas si anciennes que cela, de scientifiques racistes, européens qui ont, ces deux derniers siècles, produit des ouvrages prétendument savants sur l’infériorité des nègres, classés sur l’échelle la plus basse de l’humanité ; plus proche d’ailleurs de nos ‘’cousins les singes’’ dont de supposées ressemblances morphologiques (surtout crâniennes) avec nous ont laissé libre cours à toutes les divagations possibles. Bien heureusement que la science corrigera –partiellement du reste – ces avatars de l’anthropologie coloniale, raciste et manipulatrice. Ces survivances sont parfaitement mesurables, aujourd’hui, en termes de quotient intellectuel (Qi) et toute la littérature faussement scientifique qui va avec.
Il est d’ailleurs dommage que les jeunesses africaines ignorent cette partie si importante de leur histoire faite de luttes héroïques que des Africains, à l’image de Cheikh Anta Diop, ont menées avec hargne et intelligence. Une bataille qui ne semble pas aujourd’hui porter ses fruits. L’un des signes les plus évidents de cet échec, c’est la dislocation du concept de Diaspora ; trait d’union entre nous, Haïti, les Noirs d’Amérique, etc.
Interdit surtout d’en rire parce que ces phrases-là tombent, pour en revenir au présent, dans un contexte particulier, où l’on n’a pas encore fini de digérer la récente ‘’peste’’ libyenne. On s’est réveillé un beau jour de novembre pour s’entendre dire que la Traite négrière était ‘’ressuscitée’’, plus de deux siècles après son abolition. On ne sait d’ailleurs rien du tout de cette affaire libyenne, sinon qu’il y a une video qui a circulé et que Cnn a mis son cachet pour crédibiliser l’information. Personnellement, je connais assez bien les Etats-Unis d’Amérique, pour savoir que les écuries de la manipulation (la preuve par les fausses armes de destruction massive de Saddam Hussein) naissent comme des champignons, lorsque certains intérêts doivent être protégés.
Quel astuce plus efficace pour décourager les candidats à l’émigration que de leur faire entrevoir le risque de devenir ‘’esclaves’’, alors qu’ils rêvaient d’Eldorado ? Où est le réseau dans tout cela ? Où sont les nouvelles plantations pour faire travailler ces nouveaux esclaves ? Où sont le début et la fin de la chaîne d’intérêts ? Qui profitent de tous ces jeunes vendus comme à la ‘’bonne vieille’’ époque des ancêtres de Trump ? Manipulation ? En tout cas, on a vu que quelques semaines seulement après l’ébruitement de cette affaire, Macron a pu se promener, à son aise, au ‘’Pays des hommes intègres’’ et Trump annoncer l’enfer à ces nouveaux ‘’damnés de la terre’’.
La morale, dans cette histoire, c’est que Donald Trump méconnaît les réalités profondes du monde dans lequel il vit. C’est en cela qu’il est une relique de l’histoire. Serait-il né trois siècles avant en Caroline du Nord, dans le Mississipi ou dans l’Etat d’Alabama, qu’il aurait vécu heureux, entouré de ses esclaves et de sa progéniture. Mais dans le monde où nous vivons, au XXIe siècle, il n’a aucune chance d’y survivre, malgré la poignée de millions de désespérés qui le supportent. Simplement parce que nous ne sommes plus dans le même monde. Signe indicateur de cette chute : même Vladimir Poutine est devenu plus sexy que Trump !