Publié le 11 Mar 2018 - 04:03
AISSATA DIEYE (CONSEILLERE TECHNIQUE A LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE)

‘’Les menaces de l’opposition ne nous font pas peur’’

 

Les menaces proférées par l’opposition, si jamais le maire de Dakar Khalifa Sall est condamné le 30 mars prochain, n’ébranlent guère la mouvance présidentielle. Selon la conseillère technique à la présidence de la République, Aïssata Dièye, quel que soit le verdict qui sera rendu par le tribunal, rien ne se passera. Entretien !

 

En dehors du sit-in prévu ce vendredi devant le ministère de l’Intérieur, l’opposition envisage d’organiser une marche le 31 mars prochain. Quelle appréciation faites-vous de cela ?

Nous sommes dans une démocratie où le droit à la marche est reconnu à tout le monde. Si quelqu’un a envie de marcher, il peut le faire, mais dans les règles de l’art. Le président Macky Sall ne ferme pas la bouche de qui que ce soit. Il faut juste faire une déclaration de marche au niveau de la préfecture, suivre les modalités et que ce soit une marche encadrée. Nous sommes à la veille des élections de 2019 et chacun est en train de s’échauffer. C’est comme un match de football qu’on prépare, tout le monde a envie de s’entraîner pour être certain d’être endurant pendant le match.

Est-ce, selon vous, anodin que l’opposition prévoie de marcher juste le lendemain du verdict du procès de Khalifa Sall ?

Beaucoup de gens pensent, aujourd’hui, que l’affaire Khalifa Sall est un procès politique pour en faire une grande publicité. Mais tel n’est pas le cas. La justice est en train de faire son travail et les procédures sont en train d’être poursuivies. Il n’y a pas eu de bouleversements, ni de couacs. C’est dire que nous sommes dans un Etat de droit. Lorsque le verdict de ce procès sera rendu, nous le prendrons sur nous et chacun saura, en ce moment, que c’est notre justice qui a rendu une décision. Si on ne valorise pas la justice sénégalaise, on fera appel à d’autres justices. Je pense que le Sénégal a dépassé ce stade. Un procès d’un homme d’Etat tchadien s’est tenu au Sénégal. Cela veut dire que notre pays a un niveau de maturité en justice. Donc, pour moi, cette affaire n’est juste qu’une parenthèse.

L’opposition menace d’employer les gros moyens, si jamais Khalifa Sall est condamné. Ne redoutez-vous pas des heurts ?

Dieu seul sait le verdict qui sera rendu. Qu’il soit positif ou négatif, cela dépendra de la personne qui est jugée et de son niveau d’implication dans les griefs à lui reprochés. Nous avons dépassé le cap où les gens nous manipulent. Il y a eu des menaces, quand le fils d’Abdoulaye Wade a été mis en prison. Quand le verdict a été rendu, les gens ont menacé de brûler le pays. Donc, on a l’habitude de ce genre de menace. Cela ne nous fait pas peur. Il y a une sécurité au niveau national. Quand on juge quelqu’un, il va forcément y avoir un verdict. Qu’il soit positif ou négatif, tout le monde doit en prendre conscience et avancer.

Aujourd’hui, ce qui nous intéresse, c’est le développement du Sénégal, mais pas de nous laisser entraîner dans des émeutes ou dans des heurts. Nous avons dépassé ce cadre.

Beaucoup décèlent, derrière ce procès, une tentative de liquidation politique.

Si c’était une liquidation politique, je pense que Khalifa Sall ne serait pas sur les listes, même des élections législatives. Il faut que les gens arrêtent de nous malmener. Heureusement, nous avons un Etat de droit qui est fort et assis sur un socle très bien solide. Si l’opposition se permet de dire certaines choses, c’est parce qu’elle essaye de simuler. Elle se dit certainement qu’un plus un ne font pas deux ; il faudrait qu’on change la donne. On est juste dans ce tempo.

Outre la libération de Khalifa Ababacar Sall, l’opposition réclame le départ d’Aly Ngouille Ndiaye du ministère de l’Intérieur, surtout après son engagement à enrôler le maximum de Sénégalais sur les listes électorales pour réélire Macky Sall. Qu’en pensez-vous ?

Engager les gens à s’inscrire sur les listes électorales, ce n’est pas une affaire de militantisme, c’est juste un devoir. C’est comme ça que les gens doivent comprendre les choses. Les gens reviennent sur ce que le ministre a dit, mais ne prennent pas en compte ce qu’il a dit au début de son intervention. C’est un acte citoyen de s’inscrire sur les listes électorales et quand il s’agit de voter, c’est un droit. Le ministre de l’Intérieur a juste voulu dire qu’il y a un challenge que l’on doit mettre en œuvre. Parce que nous avons remarqué que lorsque les Sénégalais ont été invités à s’inscrire sur les listes électorales, beaucoup de gens ne l’ont pas fait. Certaines personnes également ont eu la paresse d’aller récupérer leurs cartes. Nous avons pourtant dépensé un montant pour que ce dispositif soit mis en place. Pourquoi dépenser donc un montant pareil pour les Sénégalais et qu’après, ils ne viennent pas s’inscrire ou retirer leurs cartes ? Il y avait donc du gâchis derrière. C’est dans ce sens que va la déclaration du ministre de l’Intérieur.

En parlant ainsi, est-ce que le ministre ne réveille pas des soupçons de fraudes électorales ?

Si c’était un autre ministre du gouvernement, ça aurait donné un peu de suspect. Mais il est le ministre de l’Intérieur, chargé d’organiser les élections. S’il dit que tout le monde doit s’inscrire, il est dans son rôle. Il a juste fait une communication marketing pour inciter les Sénégalais à aller s’inscrire sur les listes électorales. Après sa communication, il y a eu une bonne affluence au niveau des mairies et des commissariats de police.

Sauf que les problèmes notés dans la distribution des cartes persistent. Et ce, malgré la volonté de bon nombre de nos compatriotes de retirer leurs cartes.

Quand nous avions fait les élections législatives, c’était pour donner l’opportunité aux Sénégalais de s’inscrire et de retirer leurs cartes. Il s’est trouvé que lors de ces élections, beaucoup de gens n’ont pas retiré les leurs. Il y a eu des soucis techniques, mais heureusement, on est à l’ère du numérique. On a la possibilité, lorsqu’il y a un problème, de pouvoir le changer et de produire les cartes. Je pense qu’à ce jour, beaucoup de cartes ont été produites. Les gens sont toujours en train de les retirer. Il y a même une vaste campagne du ministère de l’Intérieur qui est lancé à travers les médias pour sensibiliser les Sénégalais sur la question électorale.

Est-ce que cette communication a favorisé le retrait des cartes en souffrance ?

Oui, bien sûr ! Beaucoup de citoyens ont retiré, depuis lors, leurs cartes. Mais il faut aussi noter que les gens ont cette habitude d’attendre les derniers moments pour se ruer vers les lieux d’enrôlement. Il y en a certains même qui attendent la veille des élections pour aller récupérer leurs cartes. Ce qui se traduit souvent par un rush dans les commissions et il se trouvera toujours des personnes pour dire que l’Etat n’a pas bien travaillé.

Est-ce que la faute n’incombe pas plus à l’Etat, dès lors que certains citoyens arrivent difficilement à localiser leurs cartes qui sont souvent transférées dans d’autres lieux où ils ne se sont pas inscrits ?

Je pense qu’aujourd’hui, les gens ont une bonne mobilité. Si ma carte se trouve même à Fongolembi, je pense qu’il n’y a pas de problème pour pouvoir la récupérer. Lorsque vous recevez votre récépissé, vous pouvez automatiquement savoir où vous pouvez récupérer votre carte d’identité. Il ne faut pas que tous les efforts qui ont été faits jusque-là soient vains. Il faut que les gens sachent que l’Etat est en train de faire un effort colossal pour que chaque citoyen puisse entrer en possession de ses documents.

Votre coalition Bby est secouée par des remous. On a récemment entendu Youssou Ndour clamer sa déception par rapport à son compagnonnage avec le régime. Comment appréciez-vous cela ?

Benno Bokk Yaakaar est l’une des meilleures coalitions du pays, de tous les temps. Ce que le président de la République a fait et réussi, d’autres l’ont tenté et ont échoué. C’est d’avoir une vision commune et de la partager avec l’ensemble de ses alliés. Cela témoigne d’une sincérité et d’une complicité dans le travail. Ce que le ministre Youssou Ndour a dit, moi, je ne trouve pas que c’est négatif. S’il parle ainsi, c’est juste qu’il veut que nous gagnions certes, mais il faut qu’on arrive à conserver le pouvoir. Etre dans un compagnonnage ne veut pas dire que tu es interdit de critiquer de manière positive ou négative. Il a réitéré son engagement auprès du président Macky Sall et cela témoigne de sa bonne foi. Si c’était dans un autre cas, il aurait dit : ‘‘Je suis déçu, je laisse tomber ou je démissionne.’’ Mais lorsqu’il parle ainsi, c’est juste pour alerter.

Comment appréciez-vous la sortie de Me Alioune Badara Cissé qui a dit que les conditions dans lesquelles les élections législatives du 30 juillet 2017 se sont tenues sont déplorables ?

Chacun a le droit de dire ce qu’il pense et de poser des critiques. Je pense que c’est ça qui nous fait avancer. Le président Macky Sall est entouré de gens qui ont la liberté d’expression. Lorsque nous avons organisé les élections législatives, nous avons eu quelques centres de vote où il y a eu des problèmes. On n’en disconvient pas. Mais ce sont des choses qui arrivent. Quand le médiateur de la République a parlé de ces problèmes, c’est pour qu’on se prépare en conséquence en 2019, parce qu’une élection présidentielle ne doit pas ressembler à des législatives. Là-bas, la barre est plus haute. Les candidats sont bien préparés et l’Etat doit être dans une dynamique d’élections transparentes et bien organisées.

La Journée internationale de la femme a été célébrée hier (avant-hier). Quelle est la place réservée à la femme dans les politiques publiques ?

Je dois d’abord dire qu’il y a déjà une loi qui existe pour mettre la parité dans les instances de décision publique. Les femmes, aujourd’hui, ont beaucoup plus accès à l’information. Quand on va dans le domaine de l’entrepreneuriat, elles sont très actives. Dans le cadre des programmes du président de la République, il y a énormément de financements dédiés aux femmes. Ceci montre que dans le Plan Sénégal émergent, la femme occupe une place très importante au cœur du dispositif du président Macky Sall. Toutefois, il y a encore des efforts à fournir. Nous n’avons pas une très grande représentativité et les femmes ne doivent pas lâcher prise. Qu’elles sachent qu’il y a davantage de places à gagner et que c’est au fur à mesure que cela doit se faire.

Vous parlez de parité et d’accès des femmes aux instances de décision. Cela est-il suffisant pour améliorer les conditions des femmes ?

Avant, les femmes rencontraient beaucoup de difficultés. Mais nous avons senti un changement lorsque le président de la République est venu. C’était son vœu en tant que candidat d’améliorer les conditions de vie des femmes. Aujourd’hui, il est en train de le réaliser. Il a mis en place une nouvelle structure, la Direction de l’entrepreneuriat rapide qui est destinée aux jeunes et aux femmes. Des efforts sont donc consentis dans ce sens. Dans la plupart du temps, on parlait des hommes qui devaient avoir accès à la terre et à des machines agricoles. Aujourd’hui, la donne a changé. Non seulement les femmes ont accès à tout cela, mais elles sont favorisées. Le président Macky Sall est très engagé à la cause de la femme et est à l’écoute de sa population. Il mise beaucoup sur les jeunes et les femmes.

Concrètement, qu’est-ce qui a été fait allant dans le sens de soulager de manière pérenne les conditions des femmes ?

Tout dernièrement, le président de la République a rencontré des femmes mareyeuses. A peu près 700 millions de nos francs leur ont été destinés. Ce sont des mouvements de femmes qui travaillent dans des conditions très difficiles. Elles sont dans la transformation. Le président a donc bien fait de les motiver. Il en fait de même pour les femmes rurales.

PAR ASSANE MBAYE

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