Publié le 13 Jul 2012 - 09:35
UNION AFRICAINE

 A Addis-Abeba, on attend le sommet de tous les dangers

 

Le nouveau sommet de l'Union africaine qui s’est ouvert jeudi 12 juillet à Addis-Abeba s’annonce sous tension, à commencer par la question épineuse de la réélection du président de l'organisation. Le sommet devra également aborder les crises et conflits qui ont cours sur le continent (Mali, est de la RDC et Soudans).

Six mois et pas de miracle… L’Union africaine (UA) est apparue divisée, le 12 juillet à Addis-Abeba, à l’ouverture de la réunion des ministres des Affaires étrangères, préalable au sommet des chefs d’État qui se tiendra les 15 et 16 juillet.

En janvier, l’organisation avait échoué à départager le Gabonais Jean Ping et la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, tous deux candidats à la présidence de la Commission de l’UA. Les chefs d’État avaient jugé plus sage de reporter l’élection. Six mois, plus tard, tous campent encore sur leurs positions : ni l’Afrique centrale, ni l’Afrique australe n’ont accepté de se désister, pas plus qu’ils n’ont décidé de modifier les règles du vote qui, début février, avait mené à l’impasse.

« Il va encore y avoir des consultations de dernière minute, bien sûr. Mais les présidents Jacob Zuma et Ali Bongo Ondimba se sont déjà rencontrés à plusieurs reprises et cela n’a rien donné, regrette un diplomate ouest-africain. À ce rythme-là, nous allons nous retrouver dans la même situation qu’en février. »

Dans le siège – flambant neuf – de l’UA, les spéculations vont bon train. Que faire en cas de nouveau blocage ? « Il faut étudier toutes les pistes, insiste un observateur panafricain. On pourrait par exemple envisager de choisir un outsider, quelqu’un qui n’a pas fait acte de candidature, originaire d’Afrique du Nord par exemple. On pourrait aussi imaginer, si l’UA tient au principe de rotation régionale, qu’une autre personnalité d’Afrique australe soit choisie, mais qui ne serait pas originaire d’Afrique du Sud. »

Jean Ping, malgré tout, est apparu confiant. Devant les ministres, ambassadeurs et délégués réunis à Addis-Abeba, celui qui est resté président de la Commission n’a pas évoqué la délicate question de sa réélection, mais a dressé le bilan des activités de l’organe qu’il dirige, pour l’année écoulée. « Cette situation pose un problème à (notre) organisation et c’est un défi pour les États membres », a cependant reconnu Nassirou Bako-Arifari, le ministre béninois des Affaires étrangères, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’UA.

A noter que, le 10 juillet, Jean Ping a, dans un long communiqué, réaffirmé sa candidature à sa propre succession et redit qu’il avait le soutien de son pays - un communiqué qui portait le sigle de l’UA et, le 12 juillet, dès l’ouverture des travaux, le ministre botswanais des Affaires étrangères s’en est bruyamment indigné.

 

Rébellions au Mali, en RDC… et autres dossiers chauds

Ce ne sont pourtant pas les sujets d’actualité qui manquent. La crise au Mali doit être évoquée lors d’une réunion du Conseil de Paix et de sécurité (CPS), le 14 juillet. Bamako est suspendu depuis le coup d’État du 22 mars, mais plusieurs chancelleries africaines ont émis le souhait d’accueillir a Addis-Abeba, et à titre exceptionnel, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, réfugié à Paris depuis la violente agression dont il a été victime, le 21 mai.

Autre sujet brûlant, la situation dans l’est de la RDC, où les mutins du M23 ont fait reculer l’armée congolaise et pris une demi-douzaine de localités, au début de juillet. Les Nations unies ont accusé de hauts responsables rwandais d’avoir directement aidé le M23 – ce que Kigali a toujours démenti. L’UA parviendra-elle à rassembler autour d’une même table les présidents rwandais, Paul Kagamé, et congolais, Joseph Kabila ? Rien n’est moins sûr, d’autant que la présence de Joseph Kabila à Addis n’a pas été confirmée, mais une réunion de haut niveau, exclusivement consacrée à la situation dans les Grands lacs, doit être organisée le 14 juillet.

À cette occasion, des pressions – « amicales », assure-t-on à l’UA – devraient être exercées sur Kigali. En attendant, Jean Ping a appelé à « l’éradication définitive de toutes les forces négatives dans la région, en particulier le M23 et les FDLR » (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR).

 

Lire la suite

Section: 
Deuxième, Bilie-By-Nze critique une présidentielle «opaque» mais ne saisira pas la Cour constitutionnelle
Au Niger : Une Suisse enlevée à Agadez, trois mois après une Autrichienne
Gabon : le président élu Brice Oligui Nguema face à de nombreux défis
GABON - ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : La diaspora gabonaise au Sénégal plébiscite Brice Clotaire Oligui Nguema
MALI-GUINEE : La presse sous bâillon militaire
LE POUVOIR DE DIRE NON : De Villepin, Badinter, Badio Camara, ou l’honneur de désobéir
CRISE DIPLOMATIQUE ENTRE L’ALGERIE ET LE MALI : L’escalade de trop ?
CHARLES DE GAULLE : Héros français, bourreau africain ?
En Birmanie, des crémations à la chaîne pour les victimes du séisme
ENTRETIEN - AMADOU MOCTAR ANN, ANALYSTE GÉOPOLITIQUE : "Le Sénégal affirme son rôle de médiateur sur la scène internationale"
RETRAIT DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE : Les pays de l’AES dénoncent un levier d’influence française
BURKINA FASO - MASSACRES DE VILLAGEOIS PEULS À SOLENZO : Les balles et les machettes de la haine
OUATTARA ET MAHAMA LANCENT UN APPEL A L’AES : Un retour dans la CEDEAO, une mission quasi impossible ?
MÉDIATION EN GUINÉE-BISSAU : Le pouvoir ‘’chasse’’ la mission de la CEDEAO/ONU
Présentation de “Insécurité au Sahel : sortir de la crise!” : La solution mise en avant par Mamadou Mouth Bane
MALI - SÉNÉGAL : La reconstruction relationnelle se poursuit
COOPÉRATION SÉNÉGALO-IRANIENNE : Arbre de la paix symbole de la fraternité entre les deux peuples    
ELON MUSK : L’influenceur guerrier de l’ère Trump
GEOPOLITIQUE - ISOLATIONNISME DE TRUMP : L’instrument d’un retour de la puissance hégémonique américaine ?
Accident aérien à Washington : « Malheureusement, il n’y a pas de survivants », déclare Donald Trump