Le candidat aux handicaps
Manque de charisme, impulsif, belliqueux... Les qualificatifs négatifs ne manquent en défaveur de Moustapha Cissé Lô. De quoi limiter ses chances de pouvoir être porté au perchoir de l'une des plus prestigieuses institutions du pays.
Depuis son élection à la tête de ce pays, le président Macky Sall fait face à un dilemme, son choix qui aurait été porté sur Moustapha Niasse pour diriger la chambre basse du Parlement sénégalais est fortement contesté par des cadres de l'Alliance pour la République (APR) dont son lieutenant à Touba, Moustapha Cissé Lô.
C'est que celui-ci est toujours resté fidèle à l'ancien président de l'Assemblée national. Cissé Lô a été du combat au Conseil régional de Diourbel contre l'expulsion d'Omar Sarr, un lieutenant d'Idrissa Seck, et de la guerre de survie à l’Hémicycle que lui a imposé l'ex-président Abdoulaye Wade mécontent de la convocation de Karim Wade à propos de sa gestion de l'Anoci. C’est peut-être pour compenser ces périodes de braises avec Macky Sall que le tonitruant Cissé Lô, qui se dit ''chef religieux'', demande à diriger la place Soweto.
Mais que pèse-t-il politiquement ? Pas grand chose à l'aune des élections législatives du 1er juillet dernier. Les résultats de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY)dans tout le département de Mbacké, englobant Touba, devraient refréner ses ambitions. Bokk Yaakaar n’a devancé ses concurrents du Parti démocratique sénégalais (PDS) et Bokk Gis Gis que d'une tête. Les alliés de Macky Sall y ont réussi un score faible de 32,54% qui situe la localité, par exemple, loin derrière le département de Bambey où la même coalition plastronne à 52,7%.
En outre, Moustapha Cissé Lô est loin de faire l’unanimité dans sa propre propre famille politique locale. A Touba où il a toujours milité, le ministre-conseiller est contesté. Des cinq députés nouvellement élus sur la liste de BBY, trois ne partage pas son combat contre la tête de liste, Moustapha Niasse. ''Le candidat (Moustapha Cissé Lô) à la présidence de l’Assemblée nationale est tout simplement un tonneau vide qui ne fait que du bruit'', confie l'un d'eux sous le sceau de l'anonymat. De plus, ils lui dénient la plus petite once de charisme au regard du prestige de la fonction qu'il souhaiterait assumer. Les détracteurs de M. Lô, relèvent également son ''caractère belliqueux et impulsif'' qui s'accommode mal au rôle consensuel et modérateur de président de l'Assemblée nationale. Il reste juste à savoir ce que sera la posture de Touba sur cette question.
Un transhumant
Le farouche challenger de Moustapha Niasse a un parcours politique sinueux, que l'on désigne, méchamment sous le vocable bestiale de ''transhumant''. Militant du Parti pour la libération du peuple (PLP) de défunt Me Babacar Niang, Moustapha Cissé Lo a plié par la suite armes et bagages pour atterrir au Partis socialiste pour le compte duquel il a été élu député pour la première fois. A la défaite du parti socialiste en 2000, le ''chef religieux'' – comme écrit sur la liste de BBY aux Législatives, et opérateurs économique président de la chambre des commerces et d’industrie de Diourbel, s'en ira brouter les prairies bleues du PDS avec lequel il revient à l'Hémicycle. L'actuel ministre conseiller à la présidence de la république, dont le niveau d'études serait le collège, ne fait de complexe face à l'homme d'État Moustapha Niasse. Cissé Lô aspire à l'être au perchoir.
BABACAR DIOUF (Correspondant, Bambey)