Publié le 16 Dec 2018 - 23:20
VIOLENCE DOMESTIQUE

La femme qui a charcuté sa coépouse risque 5 ans

 

5 ans ferme assortis d’une amende de 200 000 F Cfa. C’est la peine que le parquet a requise, hier, contre Salimata Diaw, la dame qui a charcuté sa coépouse.

 

‘’La jalousie cause des maux cruels à celui qui en est atteint et fait souffrir celui qui en est l'objet’’. Cette citation d’Auguste de Labouïsse-Rochefort, tirée de son ouvrage ‘’Les pensées, observations et réflexions’’, peut bien résumer l’histoire des coépouses Salimata Diaw et Oumou Diop. La seconde souffre des coups de machette que la première lui a infligés par jalousie. Victime de coups et blessures volontaires avec une incapacité temporaire de travail de 60 jours, Oumou réclame la somme de 5 millions de francs Cfa au titre de dommages et intérêts à Salimata, contre qui le parquet a requis une peine ferme de 5 ans assortie d’une amende de 200 000 F Cfa.

Dans cette affaire qui a défrayé la chronique et enrôlée ce vendredi au tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye, tout a commencé par des menaces proférées par la prévenue contre celle qui n’était pas encore sa coépouse. Pour éviter que sa femme ne passe à l’acte, le mari avait convoqué sa famille qui s’est excusée. Mais c’était en réalité pour mieux tromper son monde. Car la dame ruminait sa vengeance, attendant le moment propice pour passer à l’acte.

Un jour, la femme ‘’trahie’’ a fait passer un sale quart d’heure à sa rivale. Furieux, l’époux a décidé de se venger en épousant Oumou Diop qui devait rejoindre le domicile conjugal le 1er novembre. Comme le veut la tradition, il a offert la somme de 50 000 F Cfa à sa première femme en guise de consolation (‘’takou deun’’). Mais ce geste n’a pas calmé la jalousie de la ‘’awo’’. Dans la matinée du 30 octobre, elle a croisé sa coépouse dans leur quartier de Thiaroye-Médina et lui a asséné plusieurs coups.

La prévenue avoue avoir agi par jalousie

Hier, à la barre, Salimata a reconnu les faits. Toutefois, elle a nié avoir dit aux policiers qu’elle voulait tuer la partie civile. Revenant sur les faits, elle a avancé d’emblée qu’elle est victime de violences conjugales de la part de son mari Adama Sy. ‘’Nous avons eu un mariage arrangé. C’est ainsi que j’ai quitté Mboro pour venir à Thiaroye dans la maison de mon mari. Mais, depuis lors, je subissais des violences de la part de mon mari qui me frappait presque tous les jours. Le pire est qu’il fume et boit de l’alcool’’, a narré la prévenue. Elle a accusé son mari ainsi que sa belle-famille d’être à l’origine de son avortement.

Alors qu’elle était enceinte, son mari l’a battue. Elle a eu des saignements. Lorsque le médecin lui a prescrit un repos médical de 30 jours pour éviter une fausse couche, le lendemain, sa belle-mère l’a obligée à faire le ménage et la cuisine. ‘’Suite à cela, j’ai avorté’’, a-t-elle déclaré au bord des larmes. Poursuivant ses récriminations, elle a soutenu que la partie civile l’a déçue en s’amourachant de son mari, car elle la considérait comme sa grande sœur. ‘’Elle venait tout le temps à la maison vendre des tissus. Quelque temps après, j’ai constaté que mon mari rentrait tardivement à la maison, surtout durant les week-ends. Pis, j’ai vu Oulimata Diop lui envoyer des messages d’amour à partir de minuit. C’est ainsi que j’ai su qu’elle sortait avec mon mari en cachette’’, a-t-elle fait savoir.

A l’en croire, quand elle a confronté son époux, celui-ci a contesté son infidélité, mais il a par la suite épousé sa voisine. Avouant qu’elle ne parvient pas à supporter que la partie civile soit sa coépouse, elle accuse cette dernière d’avoir proféré des paroles offensantes à son encontre. ‘’J’en avais parlé à mon mari, en vain’’, fulmine-t-elle. Et de confesser que le jour des faits, lorsque sa coépouse l’a dépassée pour aller acheter le petit-déjeuner, l’idée lui est venue d’aller prendre une machette dans la cuisine. Elle a écouté ses démons intérieurs. ‘’Je reconnais lui avoir asséné des coups, mais je n’ai jamais souhaité sa mort et je le regrette’’, a-t-elle confessé avec désolation.

Seulement, à l’enquête, elle n’aurait pas exprimé de regret, en soutenant qu’elle était prête à récidiver. ‘’Je n'ai pas dit que je voulais tuer Oumou Diop’’, s’est-elle défendue.

Oumy Diop refuse de pardonner

Mais la victime a soutenu que la prévenue avait bel et bien l’intention de mettre fin à ses jours. La victime, qui s’est présentée avec une bonne mine, de teint clair, raconte que les faits ont eu lieu le 30 octobre dernier. Oumy Diop, qui en est à son second mariage, a confirmé que Salimata Diaw ne supporte pas qu’elle soit sa coépouse. C’est pourquoi elle a menacé de la tuer, mais elle ne prenait pas au sérieux ses avertissements. Une première fois, la prévenue lui a lancé un tiroir qu’elle a esquivé. ‘’La deuxième fois, c’était deux jours avant ma nuit de noce. Je suis sortie de chez moi pour chercher le petit-déjeuner pour mon père. Elle s’est jetée sur moi et m’a asséné plusieurs coups de machette. J’ai dû mon salut aux voisins’’, a raconté la partie civile, écartant toute idée de pardon. Surtout que, selon son avocat, la prévenue devait être poursuivie pour tentative de meurtre ou même d’assassinat.

Conseil de Salimata Diaw, Me Ndèye Fatou Touré estime que sa cliente est également une victime dans cette affaire. Elle a plaidé l’excuse de la provocation, arguant que les violences conjugales l’ont poussée à agir de la sorte. C’est pourquoi elle a sollicité une application bienveillante de la loi.

Le tribunal rend son délibéré mardi prochain, le 18 décembre. 

FATOU SY

 

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