Publié le 18 Dec 2018 - 22:26
DRAME A BRIN

Le mal est dans la prolifération des armes légères en Casamance

 

La mort de Guy Biagui, abattu par un ‘’chasseur’’ qui croyait avoir affaire à un ‘’singe’’ sur un arbre, soulève, une fois de plus, la problématique de la détention illicite et de la circulation des armes légères et de petits calibres en Casamance.

 

Tout comme pour sa vie, son rêve s’est brisé, vendredi dernier, en fin d’après-midi. Employé dans un bar-restaurant qui a fermé ses portes depuis quelques mois maintenant, le jeune homme Guy Biagui nourrissait le rêve de retourner à la terre. ‘’Je ne veux plus travailler pour quelqu’un. Je vais désormais travailler pour mon compte. Je vais réaliser un domaine agricole au village et faire de l’élevage’’, aimait-il dire à certains de ses proches. Ce projet, il l’a nourri depuis plus d’un an maintenant. Et depuis qu’il s’est retrouvé en chômage, Guy, presque la cinquantaine sonnée, père d’un enfant, se rendait très fréquemment dans son village pour œuvrer dans la réalisation de son rêve. 

Malheureusement ! En se rendant vendredi dernier sur les lieux de son nouvel amour, il  ne savait pas qu’il avait rendez-vous avec la mort. Une mort atroce ! Le programme de la journée achevé, il décide de cueillir des ‘’mads’’ qu’il a aperçus. C’est lorsqu’il s’est trouvé en haut de l’arbre qu’un porteur de fusil de chasse a ouvert le feu sur lui. Le bourreau a expliqué ‘’croire avoir affaire à un singe’’, en voyant se remuer les feuilles de l’arbre. Ayant perdu la vie sur le coup, le corps de la victime a, ensuite, été déposé à la morgue de l’hôpital régional de Ziguinchor.

Des faits macabres de ce genre se produisent souvent dans la région de Ziguinchor, sans que personne ne lève la voix. Le 30 avril dernier, à Diégoune, dans le département de Bignona, un enseignant, qui rentrait de chasse vers 6 h du matin, a vidé sa cartouche sur un jeune homme qui s’était retrouvé sur un anacardier à la recherche de pommes et de noix de cajou. ‘’J’ai ouvert le feu parce que je croyais qu’il s’agissait d’un singe’’, avait aussi expliqué l’enseignant. Après les premiers soins au poste de santé du village, la victime avait été admise aux urgences de l’hôpital régional de Ziguinchor. Elle a survécu à ses blessures.

L’enseignant, quant à lui, avait été déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor. Les différentes démarches menées ensuite par les populations lui ont permis, aujourd’hui, de vaquer librement à ses besoins.

Des cas similaires sont pour la plupart du temps étouffés et réglés à l’amiable.

La problématique de la détention et de la circulation des armes légères…

 Au-delà de Guy Biagui, dont la mort continue de défrayer la chronique à Ziguinchor et de susciter l’émoi et la consternation dans son village de Brin, c’est toute la problématique de la détention et de la circulation illicite d’armes légères et de petits calibres en Casamance et dans l’espace Cedeao qui se pose avec acuité. Aux pires moments de la crise, personne n’osait détenir une arme légère. Les risques étaient nombreux. De peur que l’arme ne tombe entre les mains des forces de sécurité, ces armes (les fusils de chasse notamment) étaient sérieusement cachées ou simplement détruites.

La prolifération de ces armes, parfois artisanales, constatée depuis quelques années maintenant, est exacerbée par l’accalmie en cours dans la région méridionale du pays. C’est du moins l’avis de Cheikh Tidiane Cissé, le coordonnateur en Casamance du Mouvement contre les armes légères en Afrique de l’Ouest (Malao). ‘’Les gens pensent que le climat est favorable à la reprise des activités de chasse. J’en ai moi-même récemment rencontré dans un village quelqu’un qui vaquait tranquillement à ses occupations, le fusil de chasse en bandoulière’’, raconte M. Cissé. Selon lui, il faut amener les détenteurs illicites d’arme à se conformer à la loi en vigueur. Pour y parvenir l’Etat, estime-t-il, doit travailler à les identifier, à répertorier ces armes pour  amener les propriétaires  à régulariser leur situation, parce que la plupart de  ces armes sont  des moyens de subsistance, mais dont l’usage peut constituer un danger pour les populations. Comme l’illustre à merveille le double meurtre de Dombondir (département de Bignona) ou le chef du village et un de ses neveux ont froidement été abattus par un voleur de bœuf.

Dans la région de Ziguinchor, l’acquisition d’armes et de munitions se fait sans trop d’efforts, ‘’du fait de la porosité des frontières’’, relève M. Cissé. C’est pourquoi le coordonnateur du Malao en Casamance pense que les Etats de la sous-région doivent inscrire leur action dans l’harmonisation   des législations nationales pour mieux lutter contre la prolifération, la détention illicite et la circulation des armes. La Convention de la Cedeao sur les armes légères et de petits calibres qui  interdit toute vente, toute fabrication, toute session ou encore détention et circulation d’armes de manière illicite a été ratifiée par le Sénégal, contrairement à la Guinée-Bissau et à la Gambie.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

 

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