Publié le 18 Dec 2018 - 17:23
PROFESSEUR MOUSSA BALDE SUR LA HAUSSE DES FRAIS D’INSCRIPTION DES ETUDIANTS ETRANGERS

‘’Il est temps de faire le bilan de la politique d’exportation de nos étudiants’’

 

La hausse des droits d’inscription des étudiants étrangers par la France n’est pas du goût du professeur Moussa Baldé de l’université Cheikh Anta Diop.  Selon lui, si cette mesure est maintenue, il faut réfléchir à revoir le dosage du français dans l’enseignement, pour ouvrir d’autres horizons aux étudiants.

 

Le professeur titulaire d’université en mathématiques, Moussa Baldé, a fait face à la presse, pour réagir à la hausse annoncée des frais d’inscription pour tous les étudiants étrangers en France. Il est d’avis qu’indirectement, la France veut diminuer le flux d’étudiants africains dans son pays. Il n’est pas convaincu de l’argument selon lequel un étudiant dont le parent français paie l’impôt en France doit payer la même chose qu’un étudiant dont le parent ne paie pas en France.

‘’C’est un argument qui ne tient pas compte de l’histoire qui lie la France aux pays africains francophones. Les étudiants de l’Afrique francophone sont aussi de petits enfants de tirailleurs qui ont défendu la liberté de la France. La France nous a colonisés, ce qui lui a permis d’ailleurs de disposer de ressources naturelles d’une quarantaine de pays en Afrique. En plus, nous sommes dans un espace qui s’appelle la Francophonie où le Sénégal occupe une place de leader. C'est-à-dire que nous avons décidé d’être dans cet espace pour promouvoir d’abord la langue française, la culture et la formation françaises’’, explique le professeur.

‘’On devrait peut-être mettre plus d’anglais pour nos étudiants’’

A l’en croire, au regard de l’histoire et de ce que nous partageons, la France doit traiter les Africains différemment, pas de la même façon qu’un pays asiatique ou l’Australie. ‘’C’est à nous de réagir’’, dit-il. Le directeur général de la Sodagri estime que le Sénégal doit se positionner comme un pays capable de développer un enseignement supérieur de qualité, qui n’a rien à envier à d’autres pays. ‘’Il est temps de faire le bilan de la politique d’exportation de nos étudiants. Depuis les indépendances, le Sénégal envoie ses meilleurs étudiants en France et dans d’autres pays. Qu’est-ce que cela nous a rapporté ? Combien d’étudiants, après leur formation, reviennent au pays ?‘’, s’insurge Moussa Baldé.

Dans la  même   dynamique,  il  estime  qu’il faut casser le mythe tendant à croire que, quand on a son diplôme ailleurs, on est meilleur.  Parce que, dit-il, le diplôme, c’est une chose, la compétence, c’est sur le terrain. Et de citer le président Macky Sall comme le bel exemple qui montre qu’on peut bien être formé au Sénégal et avoir une belle carrière. ‘’On doit revoir la cérémonie du Concours général au Sénégal où l’Etat, en présence de la plus haute autorité, fait la publicité d’universités étrangères dont françaises. On décide d’envoyer nos meilleurs bacheliers dans d’autres universités. Cela sous-entend qu’on ne fait pas confiance à nos universités pour former les meilleurs. Un étudiant peut poursuivre ses études à l’étranger, mais l’Etat ne doit pas l’organiser’’, déplore-t-il.  

‘’Revoir le dosage du français dans notre enseignement’’

De l’avis du professeur, il est coûteux de former un élève jusqu’au Bac, et le fait de l’envoyer sans être sûr du retour sur investissement pose problème. ‘’Aucun Etat ne peut se le permettre, à long terme.  Si cette mesure de hausse de droits d’inscription est maintenue, on doit réfléchir à revoir le dosage du français dans notre enseignement, pour ouvrir d’autres horizons à nos étudiants. On devrait peut-être mettre plus d’anglais pour nos étudiants qui veulent aller au Canada, aux Etats-Unis’’, suggère-t-il.

Toutefois, il reconnait que le pays a actuellement le potentiel pour développer des études supérieures de qualité dans nos universités. ‘’Le président de la République a fait beaucoup d’efforts dans ce sens, depuis qu’il a organisé la concertation nationale sur l’enseignement supérieur. L’université est en train d’être apaisée. Beaucoup de questions conflictuelles avec le Saes sont quasiment réglées. Donc, nous devons aller vers une modernisation de notre enseignement supérieur, pour permettre aux étudiants d’être formés au Sénégal’’, conseille le Pr. Baldé.

VIVIANE DIATTA

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