La Raddho constate une régression
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Les jeunes de la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho) ont choisi le centre Amadou Malick Gaye, ex-centre de Bopp, pour inviter leurs ainés à faire un bilan de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, 70 ans après son élaboration.
La conférence-débat axée sur le thème ‘’La Déclaration universelle des Droits de l’homme, 30 ans après, quel bilan pour le Sénégal et l’Afrique’’, a été l’occasion, pour les acteurs de la société civile, de dresser un bilan peu reluisant du respect des Droits de l’homme au Sénégal et ailleurs en Afrique. Sadikh Niass, Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho), estime que ‘’notre liberté d’expression est de plus en plus réduite. On compte de nombreuses arrestations arbitraires, beaucoup de procès politiques, en plus des interdictions de manifestations pacifiques’’. Alors que la déclaration consacre ces droits et a permis l’élaboration de plusieurs instruments de justice, comme la Commission africaine des Droits de l’homme et des peuples ou la Cour africaine de justice.
Ces atteintes aux Droits de l’homme, poursuit-il, sont aussi présentes dans d’autres pays africains, à savoir l’Ethiopie et le Burundi. En somme, il existe une absence d’homogénéité quant au bilan de l’après-déclaration, parce que les Etats n’appliquent pas les textes relatifs aux droits humains auxquels ils ont souscrit. ‘’Chaque pays sort des justificatifs pour se dérober à l’application de textes’’, constate Sadikh Niass. Pour qui les droits humains impliquent un rapport de force entre l’Etat et la société civile. Aucune partie ne doit quitter la table de discussions au risque d’installer un déséquilibre.
Les droits humains à l’ère du numérique
Les intervenants se sont tous accordés sur le fait que les nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic) ont donné naissance à de nouveaux droits. Cet état de fait a été largement abordé par Pape Ndiaye, journaliste, Président de la Convention des jeunes reporters. Soulevant pêle-mêle les nombreuses dérives sur les réseaux sociaux, il a estimé que les Droits de l’homme s’appliquent autant à l’Etat du Sénégal qu’aux utilisateurs d’Internet. Toutefois, dit-il, ‘’la répression n’est pas la solution pour lutter contre la violation des droits humains sur les réseaux sociaux’’. Il est d’avis que le Sénégal gagnerait à favoriser la concertation, la sensibilisation et l’appel à la responsabilité, puisque, malgré tous les outils de veille sur le net, les dérives se multiplient. Aussi, la protection des données à caractère personnel n’est plus une garantie.
Mansour Gaye, membre du Conseil d’administration du Réseau Siggil Jigeen, propose une éducation de la population qui passe nécessairement par les femmes. Selon lui, ‘’il faut aller vers les populations avec une traduction des textes juridiques en langues nationales’’.
La Coordination des jeunes de la Raddho a officiellement présenté sa structure par une déclaration et entend profiter des conseils et de l’expérience des anciens afin d’assurer la relève.
NDIAGA GUEYE, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES UTILISATEURS DES TIC ‘’Internet est aujourd’hui un lieu de non-droit’’ L’accès à Internet fait face à d’énormes difficultés au Sénégal, vu son coût. Ce qui porte atteinte au droit des peuples à l’information. Ndiaga Guèye, Président de l’Association des utilisateurs des Tic, n’exclut aucune manipulation de l’outil Internet, lors des imminentes échéances présidentielles. ‘’Aujourd’hui, au Sénégal, les opérateurs ont le pouvoir de supprimer un site web et peuvent censurer qui ils veulent. En 2017, l’Internet a été coupé dans neuf pays africains, lors des élections présidentielles’’, s’est-il exprimé. Il estime que ces distributeurs du réseau Internet doivent faire preuve de responsabilité et de neutralité. Il a souligné que ‘’le secret de correspondance sur Internet n’existe pas. Nous sommes tous épiés sur le net ; nos conversations sont écoutées et la loi est silencieuse quant à ce domaine. Internet est aujourd’hui un lieu de non droit’’. Pour ce faire, l’Association des utilisateurs des Tic compte faire un plaidoyer auprès des trois opérateurs sénégalais. |
Emmanuella Marame FAYE