Publié le 3 May 2019 - 15:54
JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE

Les journalistes demandent l’application du nouveau code

 

A la veille de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, les acteurs des médias ont échangé, hier, au Centre d’étude des sciences et techniques de l’information sur la défense des droits des journalistes. Une initiative du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics).

 

Hier, les journalistes ont réfléchi sur les blocages relatifs à l’adoption effective du code de la presse réécrit en octobre 2016 et les avantages de la convention collective des journalistes et techniciens de la communication. Bien que votée à l’Assemblée nationale, le 20 juin 2017, le nouveau code souffre d’une absence de décret d’application. Le secrétaire général du syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal regrette : "Au Sénégal, nous sommes champions en matière de belles idées et de bonnes initiatives, mais quand il s’agit de les appliquer, tout le monde se désengage".

Pourtant, l’unique point de désaccord a été, selon lui, retiré du document pour justement accélérer son adoption et son application effectives. Il s’agissait de la dépénalisation des délits de presse. Mais malgré cela, les choses stagnent toujours. Cette réalité, à en croire les panélistes, est à mettre sur le compte du contexte électoral, ainsi que la logique d’un Etat qui protège ses intérêts.

Cependant, le 1er mai dernier, le président a donné des instructions au ministère du Travail et aux députés pour accélérer le processus d’application du code de la presse. "Le journalisme de révélation est à l’agonie sous Macky Sall, peut-être parce qu’il a des amis partout, je n’en sais rien. Une chose est sûre, c’est à nous de nous lever d’un commun accord pour pousser le gouvernement à l’adoption complète du code de la presse. Malheureusement, celui-ci ne se sent point menacé", pense le journaliste Bacary Domingo Mané. Qui estime que le "Fast-track" clamé par le président de la République ne s’applique pas au code de la presse.

Ainsi, pour les professionnels des médias, tout porte à croire que ce n’est pas demain la veille. Pour d’autres, le problème réside dans la non vulgarisation du contenu de cette loi. En effet, le code de la presse a été conçu dans le but d’assainir l’environnement économique et social des entreprises de presse sénégalaises. Le code redéfinit, entre autres, le statut de ladite entreprise et du journaliste, en fonction des normes de l’Ohada. Il plaide pour la légalisation du Cored et pour la création de la Haute autorité de régulation de l’audiovisuel, en remplacement du Cnra, sans oublier l’octroi aux entreprises de presse du fonds d’appui à la presse.

Autant d’avantages bénéfiques au milieu, mais que très peu maitrisent réellement. Raison pour laquelle le Synpics compte multiplier les séances d’information, pour mieux les faire connaitre aux premiers concernés. Toutefois, bon nombre de participants estiment que seule la carte de presse nationale peut constituer une avancée significative dans l’assainissement du milieu.

Les innovations de la convention collective des journalistes

La convention collective des journalistes et techniciens de la communication présente plusieurs avantages pour la sécurité des journalistes. Mais, elle demeure non appliquée. En effet, le texte règlemente la durée de stage, en le plafonnant à 2 ans maximum, y compris les renouvellements. La convention prend aussi en charge l’égalité des salaires entre hommes et femmes journalistes et ce, quel que soit le desk. Par ailleurs, le barème de rémunération du pigiste y est clairement établi et le salaire du journaliste-reporter porté à 277 000 F CFA. Elle évoque aussi les primes de responsabilité, d’ancienneté, d’alimentation et de transport.

En cas de maladie d’un proche parent, le journaliste a droit à une absence de 04 jours, et d’une indemnité d’un mois de salaire, s’il est lui-même malade. Le journaliste et les techniciens sont payés sur la base des 48 heures de travail contre 40 h pour le personnel administratif. Au bout d’une absence de 18 mois, quelle que soit la raison, une rupture de contrat est envisageable. "La nouvelle convention collective a été revisitée dans le but de rendre les acteurs des médias plus performants par un dialogue social dynamique et par la qualité de leur travail. Les journalistes ont le droit de défendre leurs droits, de donner leur opinion. Ils ont le droit de s’absenter, après un préavis de 72h avant. Ils ont droit à de bonnes conditions de travail et à un même traitement salarial. Voici autant de questions qui sont pris en charge par la convention collective", affirme Abdoul Aziz Bathily, ancien formateur au Cesti.

Ayant participé à la rédaction du document, il se réjouit des innovations en faveur de la spécificité de la femme journaliste et la préservation de la dignité du journaliste. "La convention exige des toilettes uniquement pour les femmes, au sein des rédactions. Les chefs d’entreprise de presse sont tenus de prendre des dispositions particulières pour la femme enceinte, et celle qui allaite. Le journaliste peut refuser tout travail incompatible avec sa dignité comme, par exemple, la rédaction d’article-publicité. Le travail non rémunéré est une injustice que doit dénoncer tout journaliste, en s’appuyant sur la convention", ajoute-t-il.

Par ailleurs, les organisateurs du panel ont procédé à la diffusion d'un film sur la disparition du journaliste burkinabé Nobert Zongo, en 1998. Aujourd’hui, toujours au Cesti, la cérémonie officielle de la journée de la liberté de la presse va être célébrée.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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