Publié le 4 May 2019 - 19:49
LITTERATURE - ‘’GUINEE : UNE REPUBLIQUE EN QUETE DE CITOYENS’’

Le diagnostic franc de Mamadou Yaya Baldé

 

Modérée par l’écrivaine Irène Lyoum Gaouda,  la cérémonie de dédicace du livre de Mamadou Yaya Baldé a été un moment de débat riche. Un échange intellectuel qui a eu lieu au siège de la Fondation Konrad Adenauer (Fka) hier.

 

Mamadou Yaya Baldé, écrivain, ancien boursier de la Fka, ancien journaliste au quotidien ‘’EnQuête’’ et étudiant en Master 2 au Cesti-Ucad, revient sur la citoyenneté guinéenne. Le sujet l’interpelle à divers niveaux. Il se pose des questions sur le droit, le rôle et les devoirs de l’Etat et du citoyen. ‘’Tout au long de cet ouvrage, il se pose des questions et tente d’y répondre’’, souligne l’écrivain Alpha Oumar Diallo. Cet ouvrage de 202 pages est divisé en quatre parties dont la première est intitulée ‘’De la méconnaissance de la République et de ses principes par des citoyens’’.

Cette dernière ‘’s’ouvre sur la clarification des notions de la République et de la citoyenneté, passe au peigne-fin la question même de la responsabilité citoyenne en Guinée marquée par la méconnaissance des textes de loi par une frange importante de la population. L’auteur, à travers une analyse critique et clinique à la fois, s’évertue à situer les responsabilités. Il arrive alors à la conclusion d’une responsabilité partagée et cela, écrit-il, va de la responsabilité de l’Etat à celle des citoyens, sans perdre de vue celle non moins importante des médias’’.

La deuxième partie est consacrée à l’échec de la classe politique dans la construction d’un Etat de droit et du sentiment national en Guinée où Mamadou Yaya Baldé parle de ‘’la construction d’un Etat de droit et du renforcement de la fierté d’appartenance à la patrie, autrement un sentiment national est, de loin, une responsabilité incombant à la classe politique, eu égard à la position à la fois fondamentale et incontournable que celle-ci bénéficie auprès de l’opinion publique’’. Il continue sur la perception de la Guinée à l’étranger. L’écrivain et patriote de son pays ‘’opte, dans cette partie, pour une approche d’analyse croisée entre, d’une part, les images peu reluisantes que le pays projette à l’étranger et, d’autre part, le succès qu’il a tout de même réussi à se forger et qui, tant soit peu, ont contribué ces derniers moments à redorer son blason terni’’.

Enfin, dans la dernière partie, Mamadou Yaya Baldé esquisse quelques pistes à explorer.  L’auteur ouvre cette partie qui, par ailleurs, clôture le livre, par une remarque doublée d’un appel. D’abord, la remarque : il trouve, en effet, insoutenable de résumer l’histoire du pays à Sékou Touré et à Telly Diallo. Il plaide plutôt pour une libéralisation de la Guinée et son peuple de ce duel nostalgique. Car, écrit-il, la Guinée a besoin et même a le devoir de se projeter dans l’avenir. Pour cela, il faudrait, selon lui, se départir de l’amalgame, les suspicions et les méfiances. Non pas pour autant passer l’éponge sur l’histoire, mais simplement, dit-il, pour ne pas continuer à être otage de cet épisode accidentel et douloureux de l’histoire du pays. Ensuite, l’appel : il creuse alors quelques pistes de solution et préconise un projet d’écriture de l’histoire générale de la Guinée : des origines à nos jours et cela, écrit-il, dans le souci de réhabiliter les personnes qui ont eu à jouer un rôle prépondérant dans le passé et qui se trouvent être sciemment rangées dans les oubliettes’’.

Préfacée par Denis Gamy, ancien professeur et ami de Yaya Baldé, il est revenu sur la pertinence du travail de son ancien élève. ‘’J’ai accepté de le préfacer, parce que c’est l’enjeu du livre qui le demande’’, ajoute-t-il. Mme Bokandé, représentante-résidente de la fondation Konrad Adenauer, continue sur cette lancée et salue l’engagement de l’étudiant du Cesti-Ucad.

Après les interventions de certaines personnes, le jeune auteur revient sur l’importance des médias et le rôle qu’ils doivent jouer pour une bonne démocratie.

‘’On ne peut pas aimer un pays qu’on ne connait pas. Il faut suivre nos médias publics’’, continue-t-il. ‘’Le Sénégal, un pays intellectuel, a accéléré ma rédaction’’. ‘’Je dois beaucoup à ce pays’’, dit Yaya Baldé. Que ce soit par les mots ou par la présence de ses amis et collègues, Mamadou Yaya Diallo a reçu de beaux témoignages sur lui.

Willé Sadio DIALLO

 

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