Ras Kaya au rythme d'une ''exigence panafricaine''
L’artiste, compositeur et interprète, Ras Kaya, reggaeman, a une idée toute simple du panafricanisme : ''Le problème d’un pays africain est le problème de l’Afrique. Le problème de l’Afrique est le problème de tous les pays africains''. Il a confié à son projet d’œuvrer pour l'unité du continent.
Congolais d’origine, Kola Antoine Anicet, surnommé Ras Kaya par son public, est le nouveau guitariste de Timshel Band de Dakar. Petit de taille, dreads locks impressionnants, Ras Kaya n’est pas à sa première expérience musicale. ''J’ai commencé la musique très tôt'', dit-il.
En effet, c’est aux débuts des années 1980 qu'il a commencé à flirter avec les notes. Il découvre alors la rumba de son pays qui ne l'emballe pas cependant. ''J'y suis rebelle, et je me suis tourné vers la musique reggae'', confie-t-il. Cette passion n’est pas fortuite. C’est en découvrant la philosophie du roi du reggae Bob Marley, qu’Antoine a viré. Il se retrouvait dans les principes de Bob : ''Cela m’interpellait.''
Ainsi, il se fait combattant africain. Il ne se bat pas seulement pour les causes de son pays mais celles de toute l’Afrique. ''J’ai la possibilité de voyager partout dans le monde. Mais je préfère rester en Afrique, parce que c’est ici qu’il y a plus de choses à faire'', explique-t-il. C'est au nom de cette philosophie qu'il a participé au combat pour la libération de Nelson Mandela en 1989 en Afrique du Sud.
''Cessez-le-feu'' et brimades
Son engagement pour les causes humaines, Ras Kaya le considère comme ''une exigence panafricaine''. Il n’hésite donc pas à prendre son sabre, la musique, pour trancher dans le vif. Cela lui a valu des brimades en 2000 en Côte d’Ivoire où il était installé depuis le début des années 90. L'artiste est obligé de quitter ce pays en 1999 au soir de l’éclatement d’une guerre civile.
Il envisageait de retourner au Congo avec dans ses bagages 50 mille cassettes de son album ''Cessez-le-feu''. Les opus sont cependant saisis par l’armée ivoirienne. L’artiste est pris à parti dans un camp militaire, à l'en croire. Malmené pendant dix jours, il est sauvé par un capitaine. L'artiste atterrit après au Nigeria où il retrouve une santé musicale.
Ras Kaya a tissé sa toile dans son pays d’abord, ensuite à travers l’Afrique. Il a joué avec de grands noms africains de la musique reggae comme Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly. Il a aussi partagé la scène avec Rita Marley, l’une des veuves de la légende du reggae. ''On garde toujours le contact'', révèle-t-il à propos de la veuve de Bob. Le Congolais s’identifie au Jamaïcain dont il reprend souvent les chansons.
Actuellement au Sénégal, il voit grand avec le Timshel Band avec lequel il a des projets de concert après le Ramadan. La thématique ? L'Afrique, parce que, fredonne Ras Kaya : ''le problème d’un pays africain est le problème de l’Afrique. Le problème de l’Afrique est le problème de tous les pays africains.''
BIGUÉ BOB