L’Ong a choisi de mettre les enfants au cœur de son plan d’action, dans son combat pour la protection de leurs droits. Ainsi, ils deviennent acteurs et non uniquement des bénéficiaires de programmes.

En vue de faire des enfants des acteurs de leur propre protection, l’Ong Save the Children a mené, en Casamance, un projet intitulé ‘’Renforcement de la bonne gouvernance pour une meilleure protection de l’enfance’’. Dans les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, l’enjeu était d’éradiquer toutes les formes de violence à l’encontre des enfants.

Ce sont, entre autres, le mariage forcé et précoce des enfants, l’exclusion de certains d’entre eux pour multiples raisons, l’excision. En outre, le droit à l’éducation et celui d’obtenir un extrait de naissance ont été mis au cœur de ce projet.

La Casamance, une zone en proie à des conflits, regorge de groupes vulnérables dont les enfants, et la pauvreté y est grandissante. D’où le choix de ces localités. Le programme a vu la création d’un conseil municipal des enfants dans ces villes ; une manière pour l’organisation de mettre l’enfant au début et à la fin de cette initiative. ‘’Tout ce qui est fait sans moi pour moi est contre moi’’, a laissé entendre la jeune Safiatou Diallo, Présidente de l’un des conseils municipaux.

Pour réussir cette mission, plusieurs objectifs ont été visés. ‘’Nous avons beaucoup travaillé avec les collectivités locales. Le premier objectif était de renforcer les connaissances des communautés sur les droits de l’enfant. Renforcer l’efficacité et la qualité des services qui sont donnés au niveau communautaire. Il s’agissait, également, d’augmenter les ressources financières des collectivités locales et de réaliser la coordination des acteurs qui travaillaient de manière dispersée sans se parler, pour un même but’’, a expliqué Mbène Oulèye, Directrice des programmes à Save the Children.   

Un dernier aspect dont s’est réjoui Hamidou Baldé, le secrétaire exécutif de l’Ong Ofade (Organisation de formation et d’appui au développement) basée à Kolda, car cela aura permis de réunir en un consortium les Ong (Enda jeunesse de Ziguinchor, Enfance et paix de Sédhiou et Ofade) œuvrant pour la protection de l’enfance dans ces trois régions.

Défis et perspectives

Si les résultats sont satisfaisants, il n’en demeure pas moins que l’Ong a dû œuvrer, deux ans durant, pour gagner la confiance de sociétés très conservatrices. ‘’C’était un gros défi pour nous, mais ce n’était pas impossible. Nous avons passé beaucoup de temps à convaincre les communautés qu’elles font partie du système de protection et qu’elles doivent elles-mêmes protéger leurs enfants. Il fallait s’adapter à leurs cultures, à leur façon de réfléchir et il fallait les impliquer, du début à la fin. Chose que nous avons fait’’, relate la directrice des programmes.

En outre, les membres de l’Ong ont dû se battre contre le silence des familles, des enfants violentés. Un pari gagné certes, qui a lui aussi demandé du temps.

Aujourd’hui, Save the Children se félicite d’avoir pu travailler avec les structures endogènes. Les animateurs et formateurs volontaires sont tous issus de ces mêmes communautés. Et Mbène Oulèye d’ajouter : ‘’Cela veut dire que ce sont leurs propres enfants qui leur ont parlé. Ce sont aussi eux qui se sont adressés aux collectivités territoriales pour dire leurs besoins et réclamer leurs droits. On les a laissés porter eux-mêmes le processus.’’

A l’heure du bilan, l’Ong conclut que la durée de quatre ans est faible pour réaliser un tel projet. Il est donc prévu son prolongement avec les mêmes objectifs et un accent mis sur la lutte contre les mariages forcés et/ou précoces. Les collectivités locales verront aussi leur budget augmenté, afin de prendre en charge les besoins de ces enfants.

Comme perspective, l’organisation souhaite aller à l’échelle supérieure, dans le cadre de ce projet et ainsi élargir son champ d’action.

Présente au Sénégal depuis 17 ans, l’Ong Save the Children inclut dans son approche pour la protection de l’enfance les enfants comme acteurs de changement. De plus, elle forme les enseignants et les forces armées à la protection des droits de l’enfant.

EMMANUELLA MARAME FAYE