Publié le 16 Jul 2019 - 19:58
ÉROSION CÔTIÈRE, CHANGEMENTS CLIMATIQUES, DÉVELOPPEMENT DURABLE…

Le dernier plaidoyer d’Ousmane Tanor Dieng

 

Diplomate, homme d’État, le président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), Ousmane Tanor Dieng, rappelé à Dieu ce 15 juillet 2019 à Bordeaux, en France, a eu à tracer la voie aux parlementaires et même aux États francophones, afin de mieux faire face aux graves phénomènes environnementaux. ‘’EnQuête’’ vous replonge dans le cours inaugural qu’il a délivré, en janvier 2016, lors de l’Assemblée générale de l’Association internationale des maires francophones (Aimf) et du Sénégal (Ams).  

 

Les grands hommes ne meurent jamais. Et leurs grandes idées, non plus. Ousmane Tanor Dieng, rappelé auprès de son Seigneur, hier en France, peut intégrer ce cercle. Cela, pour toutes les fonctions et responsabilités qu’il a occupées au plus haut sommet de l’État, sous les présidents Léopold Sédar Senghor, Abou Diouf et Macky Sall. Homme d’État discret, diplomate chevronné, feu Ousmane Tanor Dieng s’est battu, de son vivant, pour un environnement sain. Avec clairvoyance, il a, en janvier 2016, indiqué à ses pairs maires francophones les voies et moyens pour combattre efficacement les phénomènes liés à l’érosion côtière et au réchauffement climatique, en vue de mieux accélérer le développement durable des pays du Sud.

Trois ans plus tard, son cours inaugural, prononcé à l’occasion du séminaire du Groupe de plaidoyer climat de l’Association internationale des maires francophones (Aimf) et l’Association des maires du Sénégal (Ams) reste encore d’actualité. Et les pays du Sud, à l’image du Sénégal, se trouvent encore dans la recherche effrénée de solutions pour stopper ces phénomènes qui plombent leur développement.

Ousmane Tanor Dieng parlait de cette maladie mondiale, en ces termes : ‘’Il est un constat que la menace étant devenue concrète, l’instinct de conservation dicte à l’humanité toute entière qu’il est urgent d’agir. Le souci, je dirais l’obligation de sauvegarder la nature est, de nos jours la chose la mieux partagée. C’est ce qui explique les initiatives de toutes sortes prises par toute la communauté internationale, désormais au chevet de la grande malade qu’est devenue notre planète. Toutefois, il faut que les actions soient bien pensées, concertées et coordonnées dans une dynamique inclusive et solidaire.’’

Invité par l’ex-secrétaire général de l’Aimf et maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, à prononcer le cours inaugural, en tant que grand témoin, Ousmane Tanor Dieng s’en était référé aux analyses scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) pour alerter et demander à ses pairs de se préparer à la riposte. ‘’Les rendements des cultures, dans certains pays, surtout ceux de l’Afrique, pourraient baisser de l’ordre de 50 %, à l’horizon 2020, et le stress hydrique s’aggraver pour 75 à 250 millions de personnes vers 2020 et pour 350 à 600 millions de personnes vers 2050. Il s’agit, certes, de projections, mais elles sont inquiétantes pour notre avenir, car 2020 c’est déjà demain, et il nous faut continuer à nourrir une population de plus en plus importante. A côté de cette menace dans le domaine agricole, l’érosion côtière généralisée représente aussi un grave problème environnemental auquel l’Afrique de l’Ouest est confrontée et qui risque de faire disparaître des pans entiers de nos villes et villages côtiers’’, soulignait le maire de Nguéniène.

Non sans déplorer, devant ses collègues au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, les nombreuses inondations qui frappent le Sénégal et le déséquilibre pendant chaque saison des pluies. ‘’Des précipitations très intenses, liées aux manifestations météorologiques extrêmes, comme celles d’août 2012, ont entraîné des inondations importantes dans plusieurs quartiers de Dakar et des destructions de maisons, faisant du même coup des milliers de sinistrés. Ces phénomènes deviennent de plus en plus récurrents à travers le pays, de même qu’au niveau de l’Afrique, pour ne pas dire tout simplement au niveau de toute la planète’’, soutenait le défunt secrétaire général national du Parti socialiste (Ps).

L’appel pour un développement durable

Comme si ces plaidoyers ne suffisaient pas, l’ancien ministre, directeur de cabinet du président Abdou Diouf, avait également profité de ce colloque de Dakar (22-23 mars 2016) axé sur le thème ‘’Financements innovants du développement durable : Quels partenaires pour un rôle accru des autorités locales ?’’, pour s’interroger et interroger ses collègues de l’Afrique francophone sur le monde d’aujourd’hui et de demain. Un monde dominé par les nombreux graves problèmes environnementaux. La rencontre de Dakar avait été mise à profit par feu Ousmane Tanor Dieng pour appeler à la responsabilité collective.

‘’De plus, à l’échelle planétaire, depuis 1995, nous assistons à des hausses de plus en plus importantes de la température, avec des écarts annuels qui dépassent souvent 1° C. Le mois de janvier 2016 nous est apparu relativement chaud et une partie du mois de février relativement fraîche. Ces variations nous désorientent, mais aussi nous interpellent par rapport à nos habitudes et à l’évolution saisonnière que nous connaissions. Est-ce dû au changement climatique ? Par précaution oratoire, je préfère en rester au constat et laisser les chercheurs universitaires et les météorologues, habitués à l’analyse de ces questions, de répondre à cette interrogation’’, lançait-il sous les applaudissements de ses collègues.

Dans son rapport de 2013 à l’attention des décideurs, exposait feu Ousmane Tanor Dieng, le Giec souligne que ‘’le réchauffement du système climatique est sans équivoque et, depuis les années 1950, beaucoup de changements observés sont sans précédents depuis des décennies, voire des millénaires. L’atmosphère et l’océan se sont réchauffés, la couverture de neige et de glace a diminué, le niveau des mers s’est élevé et les concentrations des gaz à effet de serre ont augmenté’’.

Pour terminer son cours inaugural, le défunt président du Hcct avait demandé à tous les participants de s’engager ‘’à faire avancer et à renforcer les relations entre les pays du Sud, mais aussi avec ceux du Nord, dans une coopération qui sert la finalité du partenariat, dans un partenariat ancré dans une vision commune, celle d’un développement durable, inclusif et solidaire de l’ensemble de la planète terre’’.

GAUSTIN DIATTA

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