Les avocats exigent sa libération d’office…
Le pool d’avocats de Guy Marius considère que la détention de leur client est ‘’arbitraire’’. C’est pourquoi ils ont déposé une demande de mainlevée ‘’d’office’’. La société civile se dit prête à porter le combat pour la libération du coordonnateur du Frapp/France dégage incarcéré pour ‘’fausse alerte au terrorisme’’.
Le compte à rebours du combat pour la libération de Guy Marius Sagna, incarcéré depuis le 19 juillet dernier pour le délit de ‘’fausse nouvelle terroriste’’, a démarré. Un combat qui sera mené par le pool d’avocats de l’activiste, mais également par la société civile. D’ailleurs, la défense a posé un premier acte, depuis jeudi dernier, en déposant sur la table du doyen du juge une demande de liberté provisoire.
‘’Nous avons décidé ensemble, solidairement, de déposer cette demande. Nous n’avons même pas voulu attendre qu’il soit auditionné au fond’’, a informé Me Amadou Aly Kane, lors d’un point de presse organisé hier par les avocats et la société civile.
‘’Il s’agit plutôt d’une demande de mainlevée pour exiger sa libération d’office, puisque nous estimons qu’il n’y a pas d’infraction’’, rectifie Me Assane Dioma Ndiaye. Qui soutient que toutes les voies de recours seront utilisées, afin que le coordonnateur du Frapp/France dégage soit libéré.
En fait, de l’avis des robes noires, Guy Marius Sagna est détenu ‘’arbitrairement’’, puisque l’infraction de ‘’fausse alerte au terrorisme’’ n’est pas établie. ‘’Une fausse alerte suppose qu’il ait annoncé un attentat, mais ici, il s’agit d’une analyse’’. ‘’Le mouvement a fait une analyse d’une situation et a délivré une opinion. C’est ce qu’ont fait des autorités, notamment d’anciens ministres et de gradés de la gendarmerie et de l’armée qui ont publiquement parlé de réseaux dormants de terroristes. Pourquoi n’ont-ils pas été cueillis ?’’, renchérit Me Moussa Sarr.
Sa conviction est que l’affaire Guy Marius ‘’est une tentative de remise en cause de la liberté d’opinion et c’est intolérable, car il n’y a pas de tabou en démocratie’’. Par conséquent, il n’y a pas de délit. Et si tant est qu’il en existait, il ne lui serait pas imputable, car le texte faisant état d’attentat de la France contre le Sénégal n’émane pas de Guy Marius. Il s’y ajoute que celui-ci n’a pas participé à la conférence de la presse au cours de laquelle le texte a été produit.
Outre l’absence de délit, Me Sarr dénonce le fait que Guy Marius Sagna fasse l’objet d’une information judiciaire. ‘’Le règlement du dossier me pose problème, parce que s’ils estiment que Guy Marius a commis une infraction, pourquoi ne l’ont-ils pas envoyé en flagrants délits, car des personnes l’ont été pour moins grave que ce qu’on lui reproche’’.
Abondant dans le même sens, Me Amadou Diallo estime que M. Sagna devait au moins bénéficier d’un contrôle judiciaire, surtout au regard de son statut de ‘’défenseurs des Droits de l’homme’’. Et en l’espèce, le président d’Amnesty/Sénégal considère qu’il y a de ‘’l’acharnement’’ contre l’activiste, car ‘’la tournure de la procédure et les conditions d’arrestation laissent entrevoir des manipulations aux fins de le museler’’.
C’est pourquoi, lance-t-il, ‘’nous demandons solennellement au juge, qui est le dernier rempart des libertés, de faire preuve d’impartialité et d’indépendance, pour que l’instruction se déroule très rapidement’’.
… les activistes prêts au combat
Embouchant la même trompette que ses confrères, Me Assane Dioma Ndiaye a dénoncé l’incarcération de Guy Marius Sagna qu’il considère comme un ‘’prisonnier politique’’. ‘’C’est l’ennemi n°1 du régime, car il est l’emblème de la contestation. Son arrestation n’est pas anodine. On veut couper la tête du mouvement contestataire’’, assène-t-il. Pour Babacar Bâ, Coordonnateur du Forum du justiciable, ‘’c’est une pure atteinte à la loi et une instrumentalisation de la justice’’ et que cette affaire pose encore le débat sur ‘’les pouvoirs exorbitants du procureur de la République’’.
Quoi qu’il en soit, le président de la Ligue sénégalaise des droits humains considère qu’au-delà de Guy Marius Sagna, ‘’l’affaire révèle la vulnérabilité des Sénégalais face au droit d’opinion’’. C’est pourquoi il estime que la libération de l’activiste est le combat de tous les Sénégalais, puisqu’il s’agit de la lutte des droits fondamentaux.
Alioune Badara Mboup de Frapp/France dégage ne dit pas autre chose. Il affirme que l’arrestation de leur coordonnateur est liée à son adhésion à Aar Li Nu Book, car, avance-t-il, ‘’Guy Marius a reçu des menaces et offres’’.
L’activiste d’ajouter en guise d’alerte : ‘’Penser que son arrestation va arrêter les libertés d’opinion, c’est se tromper.’’ Surtout que, soutient Alioune Sané, le coordonnateur du mouvement Y en a marre, ‘’l’autorité a touché le symbole de l’engagement de la jeunesse pour les libertés qui se démarque par sa passivité’’.
Par conséquent, prévient-il, ‘’des actions seront menées dans les prochains jours’’. Pour lui, c’est le moment de rendre la monnaie de sa pièce à Guy Marius Sagna qui s’est toujours battu pour les droits et libertés des autres. C’est pourquoi Me Assane Dioma Ndiaye promet que ‘’le combat va s’intensifier’’.
FATOU SY