Publié le 28 Jul 2019 - 02:18
STATUT DE L’ARTISTE ET DES PROFESSIONNELS DE LA CULTURE

L’écriture de la loi terminée dans deux mois

 

La rédaction du texte devant régir le statut de l’artiste et des professionnels de la culture, devra être terminée dans deux mois. Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a instruit ses services à le finaliser à cette date.

 

Il y a quelques mois, le secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, Birane Niang, annonçait l’envoi, au gouvernement, de la loi portant création du statut de l’artiste et des professionnels de la culture. Hier, le ministre Abdoulaye Diop l’a affirmé. ‘’Je crois qu’il nous faut maintenant un agenda de travail. Je vais voir comment l’organiser en comité restreint. Dans deux mois, tout sera fin prêt’’, a-t-il déclaré. C’était à l’occasion de la clôture de l’atelier technique de finalisation de la loi sur le statut de l’artiste et des professionnels de la culture, ouvert à Mbour le 24 juillet dernier.

C’est dire que le ministre de la Culture, Abdoulaye Diop, est satisfait du travail réalisé par ses agents, en tête, le directeur des Arts, de concert avec ceux d’autres ministères concernés et conviés à cette rencontre.

Conseiller technique du président, Massamba Guèye a assuré que le chef de l’Etat est conscient de l’importance de cette loi. D’ailleurs, ce dernier a insisté sur l’urgence de la soumettre aux institutions indiquées, afin qu’elle soit votée rapidement. Cela pourrait se faire dans les délais. ‘’Lors des séances de travail, chacun a dit ce qu’il pensait de chaque mot. Ce texte reflète ce que nous avons de plus sincère dans l’élaboration d’un texte. Il a donc bénéficié d’une écoute’’, a rassuré Massamba Guèye qui a pris part aux travaux depuis mercredi.

Représentant du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Pr. Mbow a embouché la même trompette. ‘’Nous avons un texte bon, consensuel et il constitue un pas géant dans le processus d’industrialisation de la culture’’, a-t-il assuré. ‘’Il n’y a aucune complaisance dans l’écriture de ce texte. Je m’y retrouve en tant qu’artiste’’, a ajouté M. Guèye.

Même son de cloche chez la créatrice de mode Sadya Guèye. ‘’Nous sommes à quelques jours de la Tabaski. Moi, je suis une créatrice de mode. Donc, je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai tenu à être là, parce que le travail fait ici est important. Je n’ai rien à dire sur le texte. Il est bien fait’’, s’est-elle félicitée.

Apparemment, il ne pouvait qu’en être ainsi, vu le long processus enclenché, depuis une dizaine d’années, par l’autorité pour la mise en place de ce texte. ‘’Plusieurs séances ont permis d’étudier, d’amender et d’approfondir la proposition préliminaire livrée au département par l’expert commis à cet effet. Leurs résultats et ceux obtenus ces trois derniers jours précèdent la restitution du texte aux organisations représentatives des artistes de toutes les filières d’expression artistique ainsi qu’aux opérateurs des industries culturelles créatives’’, a informé Abdoulaye Diop.

Les artistes non membres d’associations ou d’organisations professionnelles seront invités à cette plénière, comme annoncé par le directeur des Arts Abdoulaye Koundoul. Ils auront ainsi l’opportunité de faire leurs observations. Pour la clôture de la validation technique, beaucoup d’artistes ont été invités dont Thione Ballago Seck, Omar Pène, Kalidou Kassé, Pape Faye, Cheikh Lô, Aïda Samb, etc.

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Zeynoul Sow (Président Aim) 

 ‘’La situation socioéconomique des artistes va changer…’’

‘’Mes impressions et appréciations sur ce texte, après sa lecture par l’expert, sont très positives. On avait commencé ce processus, il y a quelques mois. Le ministre Abdoulaye Diop, dès son arrivée, nous a montré sa détermination et son efficacité. Il nous a accompagné à conclure ce processus qui est vraiment très long. Au vu des travaux réalisés ici, nous avons espoir qu’à l’adoption de ce projet de loi, la situation socioéconomique des acteurs culturels, des artistes principalement va s’améliorer à travers des dispositions qui seront prises efficacement sur le terrain. On pourra désormais savoir qui est qui et qui fait quoi. On pourra ainsi définir les règles du jeu dans ce secteur.

Nous avons travaillé très dur pour l’élaboration de ce texte. Nous avons insisté pour que toutes nos préoccupations soient prises en compte dans ce projet de loi. Les principales sont la professionnalisation du secteur, l’accompagnement vers la formalisation, la définition et l’encadrement des professionnels de la culture vers un statut social adéquat et un accompagnement de l’Etat considérable.’’

Daniel Gomez (Ams) 

 ‘’Le problème qu’on a avec ce texte…’’

‘’Nous sommes encore dans la validation du texte de loi portant création du statut de l’artiste. On salue le travail de longue haleine qui est fait. Ce qui est intéressant, c’est de voir l’engagement de tout un chacun à faire en sorte pour le meilleur texte possible. Tout le monde sait qu’il n’y a pas de texte de loi qui soit parfait, mais on essaie le mieux possible. Le grand problème qui se pose, à notre niveau, c’est comment arrimer le statut du travailleur au régime général de la protection sociale. On nous dit que mettre les artistes à la sécurité sociale peut créer un gap financier du fait de l’intermittence du travail.

Mais nous, ce qu’on voudrait, c’est juste faire comprendre que, de par la Convention collective, employeurs et travailleurs des métiers de la culture peuvent y passer. Ainsi, grâce à la convention, on peut assurer des revenus substantiels qui permettent aux artistes de cotiser de manière régulière à la Caisse de sécurité sociale.  On veut donc juste que la loi dise que, du fait qu’on est reconnu travailleur et qu’on est une profession assez atypique et que cette dernière, au même titre que les professions atypiques comme celle de docker, soit arrimée à la Caisse de sécurité sociale. La convention collective nous permet d’avoir une base salariale qui nous permet de pouvoir cotiser.’’

Kalidou Kassé (Plasticien) 

 ‘’Bientôt, nous serons considérés comme des travailleurs’’

‘’Je suis très content de voir, dans ce texte, qu’ils ont spécifiquement parlé des artistes plasticiens. C’est important. Nous avons été cités dans le texte parce que, d’abord, nous existons, ensuite, nous allons vers le statut de l’artiste. Donc, bientôt, nous serons considérés comme des travailleurs au même titre que tous les autres travailleurs. Dans l’Administration, on rencontre beaucoup de blocages, parce qu’on n’est pas identifié. Heureusement, ce statut qui vient à point nommé va nous permettre de lever toutes ces équivoques.

Aujourd’hui, quand on parle du droit d’auteur, droit voisin, droit de suite, tout cela est spécifique. Nos tableaux sont montrés à divers endroits, alors que l’artiste créateur de ce tableau ne reçoit rien en retour. Combien de fois la tapisserie d’Ibou Diouf, qui est à la présidence, a été montrée à la télévision ? L’artiste ne reçoit rien en retour, alors qu’il a des droits à l’image qui doivent être payés. Un texte réglementé pourra aider à régler cela. Quand on a un statut, on peut aller défendre nos droits. Ce texte est donc très, très important, en mon sens.

Certains se demandent comment dédier un paragraphe aux arts visuels. Mais il faut qu’ils y soient. Autant y être que de ne pas être. Cela nous permet non seulement d’exister, mais également de savoir que nous sommes encadrés. Pour la protection sociale, par exemple, tous les artistes ne sont pas au même pied. Tout le monde ne peut pas se prendre en charge. Un artiste m’a appelé pour me dire qu’il était malade et qu’il était allé vers la mutuelle des artistes, mais on lui a dit que ce n’était pas fonctionnel. Il est décédé après. Je me dis qu’il faut se souvenir de ces artistes à travers ce texte et se dire que tous les artistes, qu’ils en aient besoin ou pas, pourraient avoir une couverture sociale. C’est l’occasion de féliciter le nouveau ministre qui met le levier sur cette problématique. Il est courageux, parce que cela fait plus de dix ans qu’on est sur ce projet.

Aujourd’hui, en Europe et partout, les gens sont en avance sur nous. Ici, nous n’avons pas de syndicat d’artistes, par exemple. Je pense que tout cela rentre dans le texte réglementaire qui sera voté. On espère qu’il sera très vite envoyé à l’Assemblée nationale, après quelques petites corrections qui ne manqueront pas d’être faites.’’

PAPE FAYE (Président Arcots) 

 ‘’Ce texte devra permettre d’harmoniser les barèmes de paiement…’’

‘’Je tiens à féliciter le groupe de travail qui s’est penché sur la question, depuis trois jours. La question du statut de l’artiste et des entrepreneurs de la culture en général est une question qui date de longtemps. Jusque-là, le problème n’a pas encore été réglé. On espère que ça le sera bientôt. On félicite Abdou Latif Coulibaly et Abdoulaye Diop qui ont ressorti les textes. Je pense que cette question, une fois posée sur la table des institutions parlementaires et définitivement réglée, devra ouvrir des portes merveilleuses à tous les artistes et professionnels de la culture.

Je pense juste qu’il faut qu’on arrive à harmoniser les barèmes de paiement. C’est important. Imaginez des artistes qui sortent d’une même école et qui font des prestations. Souvent, c’est le musicien qui est dix fois mieux payé. C’est un combat fort qu’il faut mener. Il s’agit de parler aujourd’hui du statut de l’artiste et de ranger les textes dans les tiroirs demain. Il faut suivre ce processus afin que la loi soit appliquée. Il ne suffit pas de faire des lois. Il faut faire appliquer la loi dans toute sa rigueur.’’

BIGUE BOB

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