Publié le 10 Mar 2020 - 22:33
FILM "SUR LE CHEMIN DROIT DES FEMMES"

Des acquis et des obstacles 

 

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, de 1960 à nos jours. Le journaliste et réalisateur Cheikh Adramé Diop a réalisé un documentaire d’une heure, intitulé ’’Sur le chemin droit des femmes’’, qui retrace l’évolution des droits des femmes au Sénégal, des indépendances à nos jours.

 

Le musée des Civilisations noires a accueilli l’avant-première cérémonie du film du journaliste et réalisateur Adramé Diop, ’’Sur le chemin droit des femmes’’. Universitaires, défenseurs des Droits de l’homme, notamment ceux des femmes ou simples cinéphiles se sont rués en masse vers ce lieu. Le déplacement en valait le coup.

En effet, à travers son nouveau film, Adramé Diop a rendu un vibrant hommage aux femmes du Sénégal, de la sous-région et du monde, en ce mois de mars. Le réalisateur y retrace l’évolution des droits des femmes au Sénégal, de 1960 à nos jours. Ainsi, les cinéphiles ont pu revivre les combats épiques menés par d’illustres dames qui ont marqué l’histoire du pays pour arriver aujourd’hui à des acquis. Parmi les victoires, sont citées la parité aux postes électifs, la possibilité pour la Sénégalaise de donner la nationalité à son conjoint étranger, l’incorporation des femmes dans les corps militaires, dans l’arène politique, dans les médias, la criminalisation du viol et de la pédophilie… Bref, ce long-métrage est un rétrospectif qui n’occulte aucun secteur.

'’J’ai fait ce film pour permettre au pays d’avoir un élément pédagogique, un outil didactique qui lui permettra d’assurer des enseignements aux jeunes Sénégalaises et Sénégalais, pour assurer une formation de citoyenneté. Car il y a beaucoup à changer. Les combats diffèrent maintenant’’, a déclaré l’auteur du film. Il y a au moins une qui est rentrée ce jour-là avec plein d’enseignements. Il s’agit de la représentante de la marraine de l’avant-première, la présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) Aminata Touré, Madina Touré.  ‘’Nous avons pu voir comment le Code de la famille a évolué et comment nous pouvons ouvrir des perspectives pour les jeunes filles, qui vont devenir plus tard des leaders, qui vont conduire le Sénégal et qui vont consolider les acquis des droits des femmes’’, a-t-elle apprécié.

Le combat continue 

 Habitée par un sentiment de satisfaction après avoir visionné le film, la présidente du réseau Siguil Jiguen, Safiétou Diop, a souhaité que cela puisse faire l’objet de vulgarisation, pour que la jeunesse puisse avoir des références à partir de ce documentaire. ‘’Ce qui importe, dit-elle, c’est que la génération d’aujourd’hui et celle du futur puissent se donner des repères, à travers ce film’’. Selon elle, cette lutte a commencé bien avant 1960. ‘’Il y a des femmes qui se sont battues bien avant les indépendances. Nous avons célébré les 200 ans de «Talataye Nder» le 7 mars. Les femmes qui ont commencé la bataille à partir des indépendances, sont présentes dans ce film sur trois générations. Nous en sommes tout à fait fières. Nous, nous sommes la deuxième génération. C’est-à-dire celle de 1995, avec la Déclaration de Beijing qui célèbre ses 25 ans’’, a-t-elle relaté.

Safiétou Diop de renchérir : ‘’Nous voulons maintenant léguer l’héritage que nous avons reçu de nos ainées à nos filles, pour que la flamme ne meurt pas, pour que le combat continue toujours pour le devenir de la nation sénégalaise, pour une nation égalitaire où les femmes et les hommes se donnent la main pour le développement de notre pays. C’est uniquement l’objet de la bataille. Ce n’est pas du ôte-toi que je m’y mette, mais nous voulons partager avec nos frères ce dont on est capable pour un développement meilleur’’.

Encore des combats à mener 

Les droits des filles ne sont pas respectés dans leur totalité, selon Safiétou Diop, bien qu’elle se réjouisse des avancés notoires. ‘’Il y a des acquis. Chaque régime a fait de son mieux. Mais ce n’est pas suffisant’’, note-t-elle. ‘’Nous sommes, poursuit Mme Diop, une jeune nation. Soixante ans dans la vie d’une population, ce n’est rien du tout. Nous voulons que demain, nos enfants puissent, d’égale dignité, être à l’avant-garde de tous les domaines de développement. Que les femmes de demain puissent être parmi les leaders qui auront à libérer le pays du point de vue de la maitrise du savoir et du savoir-faire’’.

La présidente de l’Association des femmes juristes du Sénégal, Aby Diallo, n’a pas aussi manqué de souligner des contraintes. Faisant référence au Protocole de Maputo, elle estime que ‘’les textes sont ratifiés, mais ne sont pas tous appliqués’’. Etant membre de la société civile, elle a annoncé que ses pairs et elles vont faire des plaidoyers à l’égard des autorités nationales : ‘’On va aller vers les dirigeants et défendre l’application de ces textes.’’

Interpellée sur cette question, Mme Touré du CESE est d’avis que lorsqu’on met des lois en place, il est question de les appliquer. Sans donner une réponse précise, elle semble dire que ce n’est pas à cause de l’Exécutif que certaines lois ne sont pas appliquées. Elle a renvoyé la balle : ‘’L’application, elle ne dépend que des personnes. Qu’est-ce qui empêche cette application-là ? Est-ce des critères culturels ou sociaux ? Est-ce que nous pouvons, aujourd’hui, identifier les causes réelles de ce recule ou de la non application des droits des femmes consacrés par les conventions internationales et par la Constitution du Sénégal ?’’

BABACAR SY SEYE (STAGIAIRE)

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