Le lancement différé à une date ultérieure
La Conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé d’élaborer une nouvelle feuille de route pour le programme de la monnaie unique de la communauté et de différer, à une date ultérieure, son lancement. L’annonce a été faite dans le communiqué final de la 57e Session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique de l’Ouest.
La monnaie unique ne verra pas le jour en 2021 ou en 2022. Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) l’ont annoncé hier. Ces derniers se réunissaient lundi, à l’occasion de la 57e Session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique de l’Ouest.
Dans leur communiqué final rendu public hier, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO s’est félicitée de la situation de la convergence macroéconomique qui a connu une amélioration en 2019 par rapport à 2018.
Toutefois, elle note que même si la convergence a pris fin le 31 décembre 2019, les conditions nécessaires permettant à la CEDEAO de passer à une phase de stabilité et de consolidation de la performance ‘’ne sont pas réunies’’. Ceci, tel qu’énoncé dans le Pacte de convergence et de stabilité macroéconomique entre les Etats membres de la CEDEAO. Elle note également l’impact négatif de la Covid-19 sur le respect, par les Etats membres, des critères de convergence macroéconomique en 2020.
‘’Pour consolider ces acquis, la conférence décide d’élaborer une nouvelle feuille de route pour le programme de la monnaie unique de la CEDEAO ; de différer, à une date ultérieure, le lancement de la monnaie unique ; d’exempter les Etats membres du respect des critères de convergence macroéconomique en 2020 ; de conclure, entre les Etats membres de la CEDEAO, un nouveau pacte de convergence et de stabilité macroéconomique ; de maintenir l’approche graduelle pour le lancement de l’Eco’’, informe le document.
La même source renseigne que les chefs d’Etat et de gouvernement ont pris note des déclarations faites par le président en exercice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) Alassane Ouattara, et par la ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République de Sierra Leone, Nabeela Tunis. Et aussi le président en exercice de la Zmao, Maada Bio. ‘’Après avoir remercié les deux intervenants pour les informations précieuses fournies et procédé à un échange de vues sur la question, ils ont pris acte des transformations importantes réalisées dans la zone monétaire Umoa ; réaffirmé leur engagement en faveur du Programme de coopération monétaire de la CEDEAO’’, renchérit le document.
La conférence des dirigeants de la CEDEAO a aussi pris note de ce que la réforme de la zone monétaire Umoa s’inscrit dans le cadre des actions à réaliser pour transformer le franc CFA, tout autant que les autres monnaies, en Eco. Ceci conformément à la feuille de route révisée de la CEDEAO. Il est également souligné leur détermination à ‘’respecter’’ les critères de convergence, avant la création de la monnaie unique et reconnu les difficultés économiques et financières créées par la pandémie de Covid-19 durant l’année 2020.
Ainsi, ils ont réaffirmé leur engagement à lancer les réformes économiques nécessaires pour assurer la reprise de leurs économies, lancé un appel aux partenaires en vue d’une augmentation du soutien accordé aux Etats membres de la CEDEAO. Convenu de se conformer aux conclusions exposées dans le rapport du Comité ministériel sur la monnaie unique, en date du 13 juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique de l’Ouest ont demandé à la Commission de la CEDEAO de continuer de travailler avec les banques centrales, les ministères des Finances, l’Amao et l’Imao. Ceci en vue de la mise en œuvre de la feuille de route révisée pour le Programme de la monnaie unique de la CEDEAO.
De la libre circulation des personnes et des biens
Il ressort du communiqué final de la 57e rencontre de la sous-région que la conférence est consciente des difficultés persistantes dans la mise en œuvre du protocole sur la libre circulation des personnes et des biens, du fait de l'impact de la pandémie de Covid-19. ‘’Les chefs d'État et de gouvernement prennent également acte de l'assouplissement, par étapes progressives, des mesures de fermeture des frontières. La conférence salue les efforts engagés par la communauté en ce qui concerne la liste commune de concessions tarifaires de la CEDEAO pour la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Elle charge la commission d'achever, avec les Etats membres, les travaux en suspens sur les concessions tarifaires, les règles d'origine et l'engagement spécifique sur le commerce des services’’, lit-on dans le communiqué.
En outre, la conférence appelle les cinq États membres qui n'ont pas encore ratifié l'Accord sur la Zlecaf à ‘’prendre d'urgence les mesures nécessaires’’ pour le faire et à déposer leurs instruments de ratification de l'accord avant le début des échanges au titre de la Zlecaf. En outre, la conférence lance un appel aux Etats membres qui n’ont pas encore signé ou ratifié le Protocole de l’Union africaine sur la libre circulation à le faire. La conférence félicite la République du Ghana pour la réception et la remise du bâtiment du Secrétariat de la Zlecaf à Accra à l'Union africaine le 17 août 2020.
Au titre de la performance économique et sociale, la conférence a relevé l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur la situation humanitaire de la région, avec des conséquences négatives pour les économies des Etats membres. Elle a signalé que cette situation est de nature à conduire à une récession et des difficultés financières pour la région. La conférence instruit le président de la Commission à soutenir les Etats membres dans leur quête pour une suspension du service de la dette en 2021. Elle instruit, en outre, la commission à négocier la réduction du coût des transferts de fonds en provenance de la diaspora.
‘’La conférence exhorte les Etats membres à poursuivre les réformes économiques engagées et s’employer à mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de leurs plans de redressement économique afin de minimiser l’impact social de la Covid-19, en particulier pour les groupes vulnérables. La conférence demande aux Etats membres et à la commission de préparer un plan de relance économique post-Covid-19 pour soutenir les activités dans la région’’, poursuit le document.
Concernant l’éducation et la science, les dirigeants ouest-africains ont réaffirmé l’importance de l’éducation et de la science dans le développement économique et social de la région. Dans ce sens, ils se sont félicités de la mise en place du Programme d’appui à la recherche et à innovation de la CEDEAO (Pari). Il vise à promouvoir la réalisation de projets de recherche dans des domaines prioritaires de développement des Etats membres. Par ailleurs, la conférence invite la commission à accélérer la mise en œuvre du projet de reconnaissance et d’équivalence des diplômes, en vue de favoriser la mobilité des talents dans la région.
MARIAMA DIEME