Le principe du double degré de juridiction désormais pris en compte
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Les nouveaux membres du Cored ont officiellement été installés, hier. Cette instance, composée de 5 femmes et 7 hommes, va désormais appliquer la règle du double degré de juridiction.
La cérémonie d’installation des membres du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) s’est déroulée hier à la Maison de la presse Babacar Touré. De 10, ils sont passés à 12 membres dont 5 femmes. Il s’agit d’Eugénie Aw, de Mamadou Biaye, d’Assane Diagne, de Moustapha Diop, de Dié Maty Fall, de Seynabou Mbodj, de Jacqueline Fatima Bocoum, de Mame Less Camara, de Mamadou Cellou Diallo, de Marie Rosalie Ndiaye, de Tidiane Kassé et d’Ibrahima Souleymane Ndiaye. Cette hausse est dictée par le souci d’avoir un double degré de juridiction, selon le président du Cored, Mamadou Thior.
En effet, le tribunal des pairs du Cored a été critiqué pour l’absence de recours, en cas de non-satisfaction de la décision rendue. Dorénavant, le tribunal, indifféremment composé, siège en premier et au besoin en second instance. Dans sa déclaration d’engagement, la nouvelle équipe se dit consciente de la contribution fondamentale des journalistes dans la formation des citoyens et citoyennes informé (e) s et libres de leur choix. Elle dit également être consciente que la préservation, la défense de la liberté des journalistes est un constitutif de la liberté d’opinion et donc de la démocratie. Et, en dernier lieu, elle affirme que la responsabilité sociale des journalistes et le droit du public à une information équilibrée, juste et objective sont un autre pendant de la liberté d’informer.
C’est ainsi que les membres qui la compose ‘’se sont engagés pour que le premier jugement des journalistes et des professionnels (lles) des médias soit celui de leur pairs et que ce jugement, autant qu’il le sera possible, ne vaille pas condamnation définitive, mais œuvre pédagogique, défense et renforcement de notre profession’’.
D’ailleurs, le directeur de cabinet du ministère de la Communication a estimé que ce tribunal devra aider l’Etat dans la régulation du secteur et à préserver quelque part son image, car ‘’la condamnation d’un journaliste par le juge pénal, quelle que soit la gravité de la faute commise, est toujours perçue comme une entrave à la liberté de presse. Ce qui n’est pas tolérable dans les sociétés démocratiques’’. De plus, considère Abdoulaye Faye, ‘’de par les femmes et les hommes qui la composent, votre propre juridiction devrait répondre à vos attentes et faire l’unanimité dans notre pays. En effet, du côté des professionnels, il n’y a aucune raison que le tribunal des pairs ne soit pas accepté, car étant l’émanation de leur propre volonté. Le public doit également voir en cette instance un garant qui pourrait jouer un rôle déterminant de veille’’.
Une vingtaine de plaintes
Depuis les années 2000, l’autorégulation est une réalité dans le secteur des médias, au Sénégal. C’est ainsi qu’à l’initiative du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), le Conseil pour le respect des règles d’éthique et de déontologie (Cred) a donné naissance, en 2014, au Cored.
Hier, Mamadou Thior a profité de l’occasion pour remercier les membres du tribunal sortant qui, selon lui, ont battu ‘’un travail difficile mais utile’’ depuis fin août 2014, date de leur installation. ‘’Cette équipe s’est donnée corps et âme et surtout bénévolement’’.
Le Cored a reçu au total une vingtaine de plaintes et le tribunal en inscrit 12 avis concernant en majorité la presse écrite et la presse en ligne. ‘’L’audiovisuel n’a été cependant en reste et avec la future équipe, nous allons prêter davantage attention à ce qui se fait dans les radios et télévisions. Nous allons aussi faire de l’auto-saisine, car il y en a peu eu jusque-là’’, a dit le président du Cored. Aussi, il prévoit d’être plus regardant envers la presse en ligne.
En effet, désormais, pour ouvrir un site Internet comme stipulé dans le Code de la presse, il faudra avoir trois journalistes professionnels et le directeur de publication doit avoir une expérience de 10 ans et le rédacteur en chef une expérience de 7 ans, selon Mamadou Thior. ‘’Nous sommes conscients que si c’est respecté, les sites en ligne seront gérés dans les règles de l’art’’, a-t-il ajouté. Quid de ceux déjà existants ? ‘’Pour ces sites, on va appliquer le code, parce qu’il est très clair. Ils doivent se conformer’’.
Selon Mamadou Thior, en six ans, ‘’le Cored s’est incontestablement fait un nom et suscite un immense espoir pour la presse responsable et professionnelle’’. Sa contribution, poursuit-il, ‘’malgré les maigres moyens, a amené l’Etat et les acteurs concernés à lui donner une reconnaissance juridique et dans la presse adoptée en juin 2017’’. Mieux, tout demandeur de la carte nationale de la presse doit avoir le quitus du Cored, entre autres documents à fournir. Cette nouveauté, estime M. Thior, ‘’donne pleins pouvoirs dans le cadre de l’assainissement tant attendu du secteur des médias’’.
BABACAR SY SEYE