Le Gouvernement décline sa nouvelle feuille de route
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Exit la stratégie Sénégal numérique 2025. Place au New Deal Technologique lancé hier au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, sous la présidence du président de la République.
En 2034, l'Administration sénégalaise devra se débarrasser ou, à tout le moins, réduire de manière drastique ses lourdeurs, ses papiers, pour entrer définitivement dans une ère digitalisée. C'est le vœu formulé hier par les plus hautes autorités, à l'occasion de la cérémonie de lancement du New Deal Technologique.
Concrètement, le président de la République vise, parmi ses “priorités absolues” : les services cadastraux, la gestion du foncier, le dossier patient informatisé, l’état civil, la facturation électronique, la télémédecine, l’e-learning, entre autres. Au centre de cette ambition, il y a, selon le chef de l'État, le citoyen qui fait face “à des processus longs, coûteux et parfois inefficaces pour accéder à l’information ou effectuer des démarches administratives de base”.
Avec le New Deal Technologique, le Sénégal compte introduire, outre la simplification et la standardisation des procédures, un accès universel à Internet, une connectivité de qualité, performante et à un coût abordable. L'objectif est également de doter chaque Sénégalais “d'une identité numérique unique, basée sur la biométrie et permettant de générer des identités secondaires et fonctionnelles, pour des usages sectoriels dans la santé, l’éducation, la justice, l’économie, donc dans tous les évènements de vie”, a expliqué le chef de l’État.
Il sera également procédé à la mise en place d'un guichet unique citoyen, seule interface entre les usagers et l’Administration, pour toutes les démarches ; d'une plateforme numérique centralisée et intégrée, permettant aux usagers d’accéder aux informations et services de base tels que la création d’entreprises, les impôts, le cadastre, ou les services de paiement...
Dans sa nouvelle vision, le Sénégal compte aussi développer un programme d’incubation et de financement pour accompagner les startups locales et encourager l’innovation technologique.
L'un des défis majeurs de cette stratégie, c'est d'arriver à l'interopérabilité indispensable, qui devra permettre aux diverses administrations de communiquer entre elles. “L’impact sera aussi concret pour l’Administration qui va se moderniser avec des services interopérables, une amélioration de la performance, un élargissement de l’assiette fiscale permettant ainsi de lutter contre la corruption et de réduire considérablement l’évasion fiscale. Cette dématérialisation des procédures et la digitalisation des documents permettront d’éliminer les intermédiaires, de réduire les délais de traitement, de lutter contre la spéculation et la corruption, grâce à une traçabilité accrue et des bases de données centralisées et sécurisées”, prêche le président Faye.
Pour l'émergence de champions nationaux
Pour mener à bien cette nouvelle politique de transformation numérique, le chef de l'État mise beaucoup sur l'émergence de champions nationaux capables de rayonner à l'échelle continentale et internationale. Dans ce cadre, le Sénégal compte mettre l’accent sur “l’actualisation et l’opérationnalisation de la startup Act, en bonne intelligence avec l’écosystème numérique national, avec notamment la labellisation et la mise en place d’un cadre incitatif ; la mise à disposition de ressources et d’infrastructures publiques numériques modernes et performantes, pour transformer les environnements de développement et améliorer la productivité”.
Il est, en outre, prévu “la mise en place d’un cadre légal, réglementaire et de gouvernance agile, favorable à l’innovation, tout en restant protectrice de la vie privée et respectant nos réalités socioculturelles”. Avec la nouvelle stratégie, l'État compte aussi lutter contre l’économie dite informelle, en permettant d’identifier, de labelliser et d’accompagner les entrepreneurs individuels, les très petites entreprises dans leur développement.
Selon le président Diomaye, toute cette stratégie devrait s'adosser sur la souveraineté numérique qui doit être au cœur. “Nous nous engageons à construire un espace numérique souverain en renforçant notre cyberrésilience, en sécurisant les infrastructures, en protégeant nos données critiques et en réduisant progressivement notre dépendance vis-à-vis des solutions étrangères. Pour atteindre cet objectif, nous accompagnerons notre secteur privé et nos universitaires dans la recherche et le développement, l’innovation, pour la production de technologies et solutions locales porteuses de notre souveraineté et assurant la maîtrise de notre cyberespace”, a insisté le chef de l'État.