La pandémie Covid-19 a eu des incidences sur la couverture médiatique de l’édition 2020 de la commémoration du départ en exile de Cheikh Amadou Bamba. La commission culture et communication du comité d’organisation a pris des mesures restrictives et annulé la cérémonie officielle. Les organes de presse ont pris aussi des initiatives allant dans le sens de s’adapter au contexte.

L’absence des plateaux de télévision aux alentours de la grande mosquée de Touba intrigue les pèlerins habitués du grand Magal de Touba. Les télévisions sénégalaises, qui tenaient en haleine les fidèles, ont délocalisée leurs plateaux cette année, pour cause de pandémie de la Covid-19. La mesure a été prise par le Dahira Moukhadimatoul, le mercredi 9 septembre dernier, a l’occasion d’une conférence de presse.

Les télévisions ont installé leurs plateaux loin du lieu de culte. Leurs équipes sont à Touba depuis quelques jours, à l’instar des autres médias (radios, quotidiens d’informations générales et sites d’informations générales). Les médias sont présents à la résidence Khadimou Rassoul et à la maison du khalife général des mourides située à Darou Miname. Ils ont élu quartier général au domicile de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké depuis quelques jours. Journalistes et cameramen sont à pied d’œuvre, en cette matinée du jeudi 1er octobre. Ils guettent les sorties d’audience des ministres, directeurs généraux, chefs religieux et leaders des partis politiques avec le khalife pour des interviews. Cette tâche est devenue une routine pour la presse, en raison des visites de courtoisie que le guide suprême de la communauté mouride accorde aux autorités étatiques, politiques et religieuses, à la veille de chaque Magal.

 Les reporters présents ont interrogé des  personnalités comme le ministre de la Santé et de l’Action sociale Abdoulaye Diouf Sarr, le  directeur général de La Poste Abdoulaye Bibi Baldé, le directeur de la Société nationale des habitations à loyer modéré (HLM) Mamadou Kassé, le président du mouvement Force paysanne Aliou Dia, le leader du mouvement politique Gueume Sa Bopp Bougane Guèye Dani…

Réduction du nombre de journalistes accrédités 

Après cette première phase, la presse va s’attaquer à la couverture proprement dite du grand Magal de Touba 2020. Mais cette dernière connaît des nouveautés. Des réformes sont imposées par la pandémie de la Covid-19. Car, outre l’interdiction des plateaux de télévision, la commission culture et communication du comité d’organisation du grand Magal de Touba a réduit le nombre de médias accrédités. ‘’Nous avons donné 300 accréditations, cette année. Le contexte actuel ne nous permet pas d’autoriser un nombre pléthorique à accéder à la grande mosquée, aux différents mausolées et d’autres lieux stratégiques comme la résidence Khadimou Rassoul, le domicile du khalife, etc’’, précise un membre de ladite commission.

Cette mesure de restriction prise par le président Serigne Abdoul Ahat Mbacké Ngaidé Fatma et ses collaborateurs a un impact sur les sites d’hébergement dédiés aux journalistes. Ils ont, en effet, réduit le nombre de journalistes à héberger, afin de respecter les mesures barrières dans les différentes maisons de presse. ‘’Pour cette année, la consigne est claire. La commission ne prend en charge que les reporters des organes accrédités. Nous avons d’ailleurs reçu les listes pour commencer le travail’’, rappelle le responsable de l’espace presse de 2 étages de Darou Khoudoss, Fallou Guèye.  Les maisons de presse ont bien compris que la maladie du coronavirus peut impacter sur leurs travaux. C’est pourquoi certains médias ont pris l’initiative d’anticiper sur des sujets de reportage afin d’éviter d’éventuels désagréments sur le terrain. C’est le cas du site seneweb.com.

Si l’on en croit le rédacteur en chef adjoint de cette presse en ligne, Salla Guèye, leur rédaction s’est adaptée à la pandémie Covid-19. ‘’Pour la couverture de l'édition 2020 du Magal de Touba, la rédaction de Seneweb a anticipé. Bien avant la confirmation par le khalife général de sa tenue sous ce format habituel, nous étions déjà sur le terrain. Nous avons fait une couverture en trois phases : à un peu moins de 2 mois, une équipe restreinte est déployée pour réaliser un certain nombre de reportages pour pouvoir tenir notre programme de 10 rubriques qui passe à la fois sur Seneweb Tv et sur Seneweb.com. Ce programme a démarré à partir du 8e jour du mois de Safar, c’est-à-dire à 10 jours de l’évènement’’, a-t-il précisé. 

D’après le chargé de la coordination des grands évènements de Seneweb.com, leur approche s’inscrit dans la logique de réagir dans l’instantanéité imposée par la presse en ligne. Le reporter indique, par ailleurs, que leurs supérieurs ont pris des mesures allant dans le sens de les protéger contre la pandémie. ‘’Le port du masque est systématique et tous les véhicules sont équipés de gel hydro-alcoolique.  Et pour éviter de nous entasser dans des chambres (respect de la distanciation physique), nous avons scindé nos équipes en trois groupes : un à Ndindi, un à Janatou Mahwa et un autre à Touba Mosquée (aux alentours de la mosquée). On coordonne à distance à travers un groupe WhatsApp. De ce fait, on peut même rester parfois 2 jours sans nous voir’’, ajoute-t-il.

 Changement du dispositif de couverture par certains organes de presse

Les responsables du journal ‘’l’Observateur’’ ont maintenu le même dispositif que les années précédentes. ‘’Nous avons pris les mêmes dispositions, même si cette année le Magal de Touba sera célébré dans un contexte particulier de pandémie de Covid-19. Donc, c’est évident, quand on se déplace pour la couverture médiatique de ce grand événement religieux, d’adopter un nouveau comportement’’, indique Souleymane Ndiaye. Le reporter du quotidien du Groupe futurs médias indique, en outre, que leur direction a pris des mesures spécifiques, en cette période de crise sanitaire. 

Au ‘’Soleil’’, on a décidé de réduire le nombre d’envoyés spéciaux. D’autres organes, par contre, ont décidé de laisser la tâche à leurs correspondants, à partir du moment où il n’y a pas de cérémonie officielle cette année.       

OUMAR BAYO BA