L'armée ivoirienne de nouveau attaquée près d'Abidjan
Des assaillants armés, non identifiés, ont visé l'armée dans la ville de Dabou, dans la nuit de mercredi à jeudi. Début août, dix militaires avaient été tués à Abidjan.
L’armée ivoirienne a été de nouveau attaquée par des inconnus armés dans la nuit de mercredi à jeudi, à Dabou, ville du sud de la Côte d’Ivoire proche d’Abidjan, a-t-on appris auprès de l'état-major et d’habitants. «Nos positions ont été attaquées à Dabou (environ 50 km à l’ouest d’Abidjan, ndlr), au niveau du corridor à l’entrée de la ville», a déclaré à l’AFP une source au sein de l'état-major des Forces républicaines (FRCI). «Mais la situation est sous contrôle, nos hommes ont pu repousser l’attaque. Le ratissage est en cours», a-t-elle ajouté.
Selon une source sécuritaire, outre le poste des FRCI, la gendarmerie et la prison de la ville ont été visées par ces assaillants non identifiés. «On ne déplore pas de perte en vies humaines», a affirmé la source militaire, sans qu’il soit possible dans l’immédiat de confirmer ce bilan de source indépendante. «Depuis hier (mercredi) à 23 heures, on entend des tirs très nourris, comme s’il y avait des combats entre deux camps», a raconté tôt jeudi par téléphone un résident de Dabou. «Personne n’a pu sortir, nous sommes terrés dans nos maisons». Dans le même temps, une centaine de détenus se sont évadés de la prison de Dabou, selon le député Mohammed Sess Soukou. «La prison a été cassée, tous les prisonniers sont sortis, d’autres ont été récupérés mais beaucoup sont partis», a-t-il déclaré à des journalistes à Dabou (environ 50 km à l’ouest d’Abidjan). Sur «150 personnes au moins» qui y étaient incarcérées, «il y a une cinquantaine qui ont été récupérées» par l’armée et «remises à la gendarmerie», a-t-il ajouté.
Outre la prison, les hommes armés ont attaqué durant la nuit le camp des Forces républicaines (FRCI, armée), le commissariat de police et la base de la gendarmerie. «Côté FRCI il n’y a pas eu de victime, mais il y a eu deux victimes côté assaillants», et l’armée a procédé à «une dizaine d’arrestations», a annoncé l'élu. L’armée n’avait pas fourni son propre bilan des violences à la mi-journée. Le député a accusé des «miliciens» partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo, vivant dans la région et à Abidjan, d'être derrière cette attaque avec «des Libériens».
Un camion carbonisé à l’entrée de la ville était un vestige des troubles de la nuit.
Tensions
Les tirs nourris ont cessé en début de matinée et laissé place à des tirs sporadiques, notamment près de certains sites des forces de sécurité, ont rapporté des habitants. «On entend encore quelques tirs, mais c’est lointain et ce n’est plus régulier», a indiqué une résidente du centre-ville. Cet incident survient après une récente série d’attaques dans la capitale économique ivoirienne et ses environs, qui ont brusquement fait monter la tension plus d’un an après la fin de la crise postélectorale (décembre 2010-avril 2011) ayant fait quelque 3 000 morts.
Dix militaires ont été tués les 5 et 6 août à Abidjan, notamment dans une attaque contre un camp de l’armée. Le gouvernement a accusé des miliciens et militaires partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo. Le parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), a rejeté ces allégations et réclamé des enquêtes. L’armée ivoirienne a encore été attaquée lundi, à un poste situé dans l’Ouest, région en proie à des violences depuis plusieurs mois, à la frontière avec le Liberia. Six Ivoiriens soupçonnés d'être impliqués dans cette opération ont été arrêtés au Liberia dans une zone frontalière, a annoncé le gouvernement libérien, précisant que deux d’entre eux étaient armés.
Libération