La malédiction du canal
Deux maisons détruites, des pans de murs démolis dont un qui perfore le toit d'une boutique, une famille entière sauvée de justesse mais dont la fille atterrit à l'hôpital. Les pluies d'hier ont fait leurs dégâts dans la vieille ville. Accusé principal : un canal en construction...
Comme prévues par les populations, les pluies qui se sont abattues dans la ville de Rufisque ont fait beaucoup plus de dégâts que les précédentes. Dans toutes les parties de la vieille cité, le problème le mieux partagé a été les inondations. Mêmes les zones où l’on s’y attendait le moins ont été prises dans les eaux. Hier, le centre-ville était méconnaissable. Il constituait un îlot faisant que la mairie et la police étaient inaccessibles. Les quartiers de Colobane, Thiawlène, Diamaguène, Santhiaba, Diorga, pour ne citer que ceux-là, ont vécu un véritable malaise. Une partie de la banlieue a même été victime des inondations. C’est le cas de Keur Daouda Sarr avec son sol dior.
A Santhiaba et Diamaguène, ainsi que dans le nord de la ville, les problèmes semblent liés à la réfection par l’Etat du canal qui traverse la zone. Selon Malick Sarr, habitant la localité, «depuis que le canal a été réfectionné, nous vivons des difficultés. Toutes les eaux se déversent dans nos concessions. Ce qui est urgent aujourd’hui, outre l’assistance dont nous devons bénéficier, c’est de creuser encore une fois le canal et de refaire les travaux. Car depuis plus de douze ans que j’habite ici, nous n’avions jamais connu pareille difficulté». Excédées par cette situation, les populations du nord de Rufisque ont improvisé une marche en commençant par barrer la Route départementale numéro 1 avant de perturber, plus tard, la circulation sur la Route nationale numéro 1 au moyen de pneus incendiés.
Pendant deux tours d’horloge, le passage sur le boulevard Maurice Guèye a été impossible. De l’avis des manifestants, un plan d’urgence doit être trouvé. Car, cette fois-ci, avec la furie des eaux de ruissellement qui ne trouvaient aucun passage du fait du canal qui ne pouvait plus les supporter, deux maisons se sont effondrées, et des pans de murs de maisons démolis. Du coup, plusieurs familles ont été obligées de dormir à la belle étoile. Il faut aussi noter qu’un ressortissant guinéen a vu le toit de sa boutique s’effondrer sur lui. Heureusement pour lui, il s’en tirera avec des blessures légères.
Manifestations
A Colobane, un baobab s’est aussi effondré sur une maison, tombant sur la cuisine où se trouvait une fille. La famille s’en est tirée saine et sauve à l’exception de la fille qui a eu des blessures légères avant d'être évacuée à l’hôpital Youssou Mbargane Diop. Là aussi, le canal en question est accusé. Selon Abdoulaye Touré, «c’est seulement cette année que nous commençons à connaître des inondations. Les autorités ont bien protégé la route et elle se situe au-dessus du niveau de nos concessions. Ce qui fait que toute l’eau qui devait traverser la route est prise au piège avant d’entrer dans nos maisons». Même situation au quartier Thiawlène où la route nationale est endommagée par les eaux.
Du côté de la mairie de la ville de Rufisque, c’est l’alerte maximale. L’on tente d’évacuer les eaux envahissantes. Au service technique, tout ce dont dispose la commune comme motopompes a été mobilisé. Mais on reconnaît que les inondations sont dues aux travaux que l’Etat a entrepris depuis près de deux ans.
PAPE MOUSSA GUEYE