Publié le 20 Sep 2021 - 21:52
AMBASSADEURS POUR LA PAIX

Les artistes Pape Faye et Kalidou Kassé honorés

 

Deux éminents acteurs de la culture sénégalaise et africaine sont nommés en qualité d’ambassadeurs de la paix, par Global Prosperity and Peace Initiative (Initiative pour la prospérité et la paix. Il s’agit du metteur en scène et auteur Pape Faye et de l’artiste plasticien Kalidou Kassé.

 

En prélude à la Journée mondiale de la paix prévue demain mardi 21 septembre, deux icônes de la culture sénégalaise et africaine sont honorées.  L’artiste plasticien Kalidou Kassé et le dramaturge, metteur en scène et auteur Pape Faye sont consacrés ambassadeurs pour la paix. Une distinction décernée par Global Prosperity and Peace Initiative (Initiative pour la prospérité et la paix). Un mouvement mondial pour la paix dont le siège est basé à New York, aux Etats-Unis.

‘’Tous les ambassadeurs de la paix ont pour mission de choisir des ambassadeurs de la paix qui seront les chargés de mission. Ils devront faire de temps à autre des médiations, de l’éducation populaire, sensibiliser sur la prospérité et la paix’’, a expliqué l’ambassadeur Cheikh Tidiane Mbaye de GPPI Sénégal, lors de la cérémonie de remise des écharpes d’ambassadeur qui s’est déroulée samedi soir au Grand Théâtre national.  

Le choix porté sur les deux artistes au talent avéré honore la culture sénégalaise. Un choix judicieux, selon le commissaire et critique d’art, le Pr. Maguèye Kassé.  ‘’Le choix qui est fait des récipiendaires n’est pas gratuit. Ce sont des éducateurs. Pour éduquer un peuple, il faut lui montrer des exemples’’, soutient-il. Pour lui, il n’est pas gratuit de penser que les arts de manière générale et la culture de manière singulière ont inscrit la paix dans les objectifs que s’est fixés, de manière théorique et pratique, l’humanité. ‘’L’une des leçons qui a été tirée dans la littérature (Guillaume Apollinaire –‘’Alcools’’), c’est de dire que la guerre ne peut pas générer autre chose que la folie. La folie meurtrière. Donc, que les arts et la culture inscrivent la paix dans nos objectifs, me semble être tout à fait normal’’, dit-il.

Le Pr. Kassé souligne que c’est à l'issue de deux catastrophes mondiales (1re Guerre mondiale et 2de Guerre mondiale) que le Congrès mondial pour la paix a vu le jour et ses attendus étaient symbolisés par un artiste : Pablo Picasso, avec sa colombe de la paix.

En effet, selon Maguèye Kassé, ’’on ne peut pas avoir la paix, si on n’a pas l’empathie. Et on ne peut pas avoir la paix, si on n’inscrit pas la paix dans un cycle de générosité permanente. C’est cette générosité qui crée l’humanisme : le partage d'émotions positives, source de la paix de l’âme et de l'esprit. D’après les témoignages, les deux talentueux artistes ont œuvré dans ce sens. ‘’L’artiste Kassé, dans la palette de ses couleurs et dans sa palette elle-même, crée le beau et incite à l’empathie et à l’émotion. L’autre, Pape Faye, artiste dramatique, metteur en scène, auteur, a une créativité et une voix reconnaissable entre mille voix. Une voix capable de faire vibrer les cœurs et rendre la poésie beaucoup plus proche de l’humanité’’, a ajouté le commissaire et critique d’art.

De son côté, la présidente du Haut conseil de dialogue social (HCDS), Innocence Ntap Ndiaye, estiment que les artistes Kalidou Kassé et Pape Faye ont manifesté un intérêt particulier pour la paix et le dialogue social. ‘’La trajectoire des deux récipiendaires nous conforte dans la conviction qu’il est plus que jamais important de tirer profit des opportunités que nous offre notre patrimoine culturel et immatériel’’, a-t-elle déclaré. ‘’Nos traditions de dialogue social occupent une place importante dans ce patrimoine immatériel. Et dans la perspective de relever les défis du développement économique et social, il faut mobiliser tous les éléments de la nation dont les artistes et les hommes de culture, dans la sauvegarde de nos traditions du dialogue sociale. La culture du dialogue permet à notre nation de rester un peuple homogène, stable et inclusif’’, a poursuivi Mme Ndiaye.

Au regard de leurs défis respectifs de récipiendaires, elle a souligné que le président de la République, qui souhaite le renforcement du dialogue social, a demandé au ministre du Travail et du Dialogue social de vulgariser un plan. ‘’Nous allons travailler avec les acteurs de la culture’’, a-t-elle assuré.

Les nouveaux ambassadeurs de la paix se disent honorés et prêts à relever les défis qui les attendent. L’artiste peintre Kalidou Kassé déclare : ‘’Ma mission aujourd’hui, comme je l’ai toujours fait, c’est de faire en sorte que les gens soient en paix, qu’il y ait de véritables dialogues honnêtes et sincères. Cette nomination, avec mon ami Pape Faye, nous réconforte et nous incite à travailler davantage.’’  

TROIS QUESTIONS A… PAPE FAYE (COMEDIEN, METTEUR EN SCENE, AUTEUR)

‘’Nous avons œuvré pour dénouer des tensions sociales’’

Vous êtes nommé ambassadeur de la paix. Parlez-nous des œuvres que vous avez faites en amont en faveur de la paix et du dialogue social ?

Je pense qu’en amont, peut-être sans le savoir, nous avons œuvré pour dénouer des tensions sociales. Rien que le théâtre est un facteur qui corrobore ce que je dis. Jouer du théâtre pour dénouer des tensions, le stress. Et les gens ont le sentiment d’être guéris, le sentiment d’avoir combattu les stress et la haine. Ça c’est déjà le rôle du théâtre. D’autre part, nos différentes actions ou nos actes posés pour mettre des gens ensemble,  dans nos différentes corporations. Je prends le cas de l’Arcos (association des artistes comédiens du Sénégal).

C’est une association forte de 3 000 membres. Et on est implanté dans plusieurs régions du Sénégal. Il ne peut pas manquer de conflit d’intérêt. Mon rôle en tant que président national c’est d’aller sur chaque terrain pour appeler les gens à la raison, à la retenue. C’est notre philosophie de base, faire en sorte que chaque acteur évoluant au niveau de cette corporation considère notre compétence. Quand j’étais encore actif au conservatoire de Sainte Marie de Hann, un établissement de plus de 60 nationalités différentes avec 4 500 élèves. Je suis au cœur de ce complexe-là en tant que médiateur. J’organisais régulièrement les semaines de la paix. Depuis plus de 20 ans, je l'organise chaque année, sur semaine d'affilée rien que sur la paix.

C’était notre philosophie fondamentale. Le Cours St Marie de Hann étant une école d’éducation à la paix et au droit et au droit de l’homme. Et j’étais au cœur du système puisque c’était mon service en tant que coordonnateur du service Culture information et art. Nous l’avons réussi parce qu’au bout d’une vingtaine d’années, l’Unesco, qui est une institution Onusienne, nous a décerné le prix international d’éducation à la paix et à la compréhension internationale. Et quand il s’est agi de compétir, après avoir été reçu par Abdou Diouf en 1991, le directeur général de l’Unesco de l’époque est venu, un dimanche, à l’école. Il voulait visiter les installations. Il était émerveillé par les couleurs. Tous les slogans qui passaient sur les murs, il n’y en avait pas un seul qui parlait autre chose que la paix et la non-violence. Jusque dans les petites salles de classe.

Sans compter les manifestations que nous avions organisées de façon régulière. Alors, nous avons compilé un dossier contre beaucoup d'autres Etats du monde. Parce qu’il fallait donner le prix Unesco de l’éducation à la paix. Alors, la direction a fait une réunion. Et qu’est-ce qu’ils m’ont dit, moi ? ‘Vous avez été l’acteur principal pour émailler tout cela : les spectacles de théâtre, de danse, de musique, concours de poésie, concours sur la paix etc.’ Et 80% du dossier qui avait été compilé venaient de mon service. Un mois après, on a déclaré partout: Cours Sainte Marie de Hann, la première école à recevoir le prix de l’Unesco de l’éducation pour la paix et à la compréhension internationale. Maintenant, tous ceux qui voulaient partir, on les a coupés à la source. Aussi bien pour le billet d’avion que pour l’hébergement. Sauf moi. Parce que c’est moi qui ai compétir. Mais on a le droit à la communauté conservatoire tout entière.  C’est des choses que nous avons faites en amont sans compter. L’année dernière, j’ai reçu le premier de poésie sur les traces de Léopold Sédar Senghor prix de poésie, c’était la 6em édition. J’ai compati pour la première fois et j’ai remporté le prix. C’était un poème sur l’amour. Et qui dit amour dit  paix.

Qu’est-ce que vous allez apporter dans cette perspective de dialogue social ?

C’est un grand défi, un challenge. Mais c’est ce que j’ai toujours fait. Dieu sait que je ne fais qu’écrire dans ce sens. Quand il y a des choses malsaines, mal dites, des dérapages, je me lève. J’écris ou appelle des gens. Je vais vers les gens en disant : ‘arrêtez, ce n’est pas bon’. Je tourne dans la série, mais la première chose qu’il faut dire, c’est que je suis un acteur de la  paix. Quand les gens tournent et que ce n’est pas bon, je demande quand de revoir ceci et cela.

Qu’est-ce que le problème entre comédien Baye Fall  et les acteurs de la série Wiri Wiri vous inspirent ?

Moi je l’ai appelé. Malheureusement, quand il a été invité sur plateau de la 2stv, j’ai dû intervenir, j’ai activé des gens pour qu’ils l’aident. Mais, il y a une responsabilité de l’Etat dans ces histoires-là. On ne peut pas, dans les télévisions, mettre un groupe de visionnage indépendant. Quand on insulte et on heurte les gens, c’est la tension sociale. On a vu l’histoire de Bougazelli. Ce n’est pas à faire. Au niveau de l’Hémicycle, quand il y eu des insultes,  j’ai lancé mon poème ‘’lettre à mes concitoyens’’. Quelle honte ! On ne peut pas insulter ; on a des enfants, de petits fils. C’est pour demain. Dans 100 ans encore, on va le sortir.

BABACAR SY SEYE

 

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