Publié le 3 Nov 2021 - 16:38
CHRONIQUE PAR PHILIPPE D’ALMEIDA

Vacciner les réticences

 

A la faveur du lancement des travaux de construction du Centre d'oncologie de Diamniadio, le Président Macky Sall a laissé sourdre, samedi, son avis sur le pass vaccinal, face aux réticences des Sénégalais à se faire vacciner contre le Covid 19, en dépit de la disponibilité des vaccins et des menaces d'une possible résurgence du virus, après la sensible baisse des contaminations aujourd'hui observée.

Une étape plus coercitive est désormais envisagée par le premier des sénégalais, après les classiques et formelles incitations : rendre le pass vaccinal obligatoire à l'entrée des lieux publics de grandes fréquentations, "stades, universités" par exemple, mais aussi dans l'ensemble du service public.

Cette reprise en mains, annoncée, de la situation, par le gouvernement, vient nous rappeler que le Covid n'est pas derrière nous, qu'il est bien aux alentours et que ses appétits morbides menacent encore notre tranquillité sanitaire et par conséquent, nos vies.

 La Chine redécouvre avec stupéfaction, la virulence mortifère du virus et sa sidérante aptitude à muter pour contrer les contre offensives vaccinales établies pour l'annihiler. Du coup, elle confine à nouveau, redéploie les grands moyens pour infléchir la courbe des contaminations et réduire le spectre de la mort.

Le Président Sall a donc raison d'appeler à ne point se laisser endormir par les chiffres rassurants qui ces dernières semaines ont rythmé l'actualité du Covid au plan national. Le taux de positivité s'est limité ces dernières semaines à moins de 0, 5 %, après la très forte troisième vague observée début Juillet 2021. Mais les spécialistes alertent sur une très probable résurgence que pourraient expliquer, un faible taux de vaccination et un relâchement des mesures barrières qui constituaient jusqu'ici le dispositif d'avant garde contre la montée des contaminations. A ce jour, un peu plus de 1 271 000 personnes ont été vaccinées sur une population de 16 millions d'habitants, ce qui en dit long sur l'adhésion des populations à la solution vaccinale et qui indique que les préjugés, les suspicions, les croyances et les complotismes qui nourrissent les réticences ont la vie dure.

Sans doute, la campagne d'information et de sensibilisation qui doit être intégrée à la campagne vaccinale proprement dite et dont le Chef de l'État a semblé, samedi, annoncé le retour, doit-elle être renforcée d'une campagne de démythification autour du vaccin ; une sorte de diabolisation, méthodique, pédagogique, qui prendrait le contrepied des idées reçues, même dans ce qu'elles ont de grotesque ou d'absurde.

Certes, cette campagne ne devra pas faire, elle non plus, dans le déni : la réalité des vaccins, toutes origines confondues, est aussi celle des risques : risque de thrombose et de mort subite ; risque d'intolérance aux principes actifs des produits, etc... Certains sont morts en croyant se prémunir de la mort et tel ou tel vaccin en a pu être la cause. Mais dans l'absolu, les risques pour l'ensemble de la communauté humaine, sont bien en deçà des bénéfices. La raison commande que ce seul paramètre guide les choix et plaide pour un engagement vaccinal massif qui accélèrerait notre retour collectif à une vie normale, si tant est que celle qui avait précédé l'entrée en scène du Covid en 2020, était la norme...

C'est en tout cas à un retour à la normalité sanitaire qu'aspire le Président Sall. Il faut déplorer qu'il en ait marqué l'intention dans le cadre un peu confus et quasi routinier d’un lancement infrastructurel, fût-il, lui aussi sanitaire. Un ton plus solennel eût indubitablement souligné plus radicalement, l'option nouvelle d'une coercition de salut public. Dans un cadre, plus strict, sur un ton plus grave. L'option d'un pass sanitaire qui impose à tout usager des services publics, des universités, des espaces ludiques et sportifs, la vaccination qui en constitue le substrat.

 

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