Publié le 23 Jan 2022 - 11:44
‘’SULTAN’’, NOUVEL ALBUM D’ALUNE WADE

‘’Entre force et mystère, rythmes guerriers et charmes envoûtants’’ 

 

Le bassiste, auteur, compositeur, interprète et producteur sénégalais, Alune Wade, sort un nouvel album baptisé ‘’Sultan’’. Ce cinquième album se présente comme un voyage musical à travers presque toute l’Afrique. Il est composé de douze titres qui sont comme des récits.

 

‘’Sultan’’, c’est le nouveau produit du musicien Alune Wade. Ce cinquième album se présente comme un voyage musical entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord, qui s’étire langoureusement jusqu’à l’Afrique de l’Est et l’Éthiopie, guidé par les rythmes arabo-andalous, berbères ou le souffle des chants soufis, et mêlant les saveurs cuivrées de l’afrobeat aux envolées des maqâms orientaux et du jazz. Ce sont ces chemins bordés par les mers et les sables qui mènent de Grenade à Oran, de Tunis à Tombouctou, de Dakar aux contreforts du royaume de Saba.

‘’Entre force et mystère, rythmes guerriers ou charmes envoûtants, Sultan déroule des épopées de mythes fondateurs du continent africain qui surviennent à la croisée de récits d’actualité brûlante, où les périples se font migrations clandestines et meurtrières, où les périples se font migrations clandestines et meurtrières, où les sables chauds cachent l’or noir qui incendie le cœur des hommes. Mais où le métissage et la tolérance peuvent également s’exprimer à bâtons rompus dans un café d’Oran’’, explique-t-on dans un dossier de presse parvenu à notre rédaction. ‘’Les voyages initiatiques sont sinueux, empreints de troubles détours et passages lumineux. Parsemés de dangers ou trésors rutilants, ils débusquent les richesses intérieures, retrouvent des sagesses ancestrales en passant par les méandres du deuil ou de l’oubli. Et toujours exaltent les sentiments vivant à l’ombre des belles âmes’’, lit-on dans la note. 

Douze titres, autant de récits et un casting vertigineux, c’est ce que propose Alune Wade. Dans le premier cercle des musiciens sur scène, on retrouve Adriano Tenorio DD aux percussions, Cédric Ducheman au piano et aux claviers, Carlos Sarduy à la trompette, Hugues Mayot au saxophone et Daril Esso à la batterie. Sur l’album, l’on parvient à reconnaitre pas moins de dix-neuf noms réputés chacun dans son domaine. Ils sont batteur, chanteuse, rappeur, flûtiste, tromboniste, joueur de oud, de guembri, etc. L’on peut citer Paco Sery, Cyril Atef, Lenny White, Josh Dutsh, Ismail Lumanovski, Hein Benmiloud, Mustapha Sahbi, Nasriddine Chebli, Harold Lopez Nussa, Christian Sands, Leo Genovese, Bobby Spark, Daniel Blake, Faris Ishaq, entre autres, pour mieux entendre les voix de Nora Mint Seymali, Mounir Troudi, PPS the Writah, Aziz Sahmaoui, Mehdi Nassouli ou Djam.  Il n’y a pas de hasard. Parmi ceux qui prennent part au voyage orchestré par Alune Wade, qui commence avec la procession emblématique de la reine de Saba. L’épopée s’aborde de front dans un roulement de tambours avant de s’achever dans une ville portuaire entre musiciens qui savent le sens du mot prodige.

Dans ‘’Uthiopic’’ (feat. PPS the Writah), cinquième titre de l’album ‘’Sultan’’, basse et cuivres pour l’introduction plongent de nouveau dans la musique éthiopienne moderne. Le symbole est puissant du rappel de l’époque de l’empereur Hailé Sélassié et de l’histoire du seul pays d’Afrique qui n’a jamais été colonisé Avec Josh Deutsch à la trompette et Daniel Blake au sax baryton, la rencontre bascule vers le jazz d’inspiration new-yorkaise, quand le groove est résolument africain. Aux textes en anglais et en français, Alune Wade ajoute la voix du rappeur PPS the Writah. Le ‘’poète’’ sénégalais dit puiser son inspiration dans les légendes millénaires de son pays et il a su faire connaître le hip-hop dakarois. Les mots battent la mesure du wolof et son rythme intrinsèque, avant que ne s’abatte un déluge de notes sous les doigts de Christian Sands, en écho aux percussions déchaînées de Cyril Atef. L’amplification est explosive et dépasse toutes les frontières.

‘’Nasty Sand’’ est le quatrième morceau. Ce titre se joue des mots, sale ou mauvais sable’’. Le rythme binaire séduisant ne doit rien au hasard. Il est fait pour accrocher et retenir l’attention parce que l’artiste a décidé de faire passer un message. À son chant, se joint celui de Mehdi Nassouri. Symbole du combat à mener, le mauvais sable est celui du pétrole, qui ne porte pas bonheur au continent africain. Les mélodies recoupent à la fois la continuité et le métissage des cultures, un riff de guitare et basse reprend le rythme gnawa avec des cuivres entre le blues américain et le blues africain. Wade confie le rôle du conteur au piano tissant un lien entre le blues rapporté par des déportés (les esclaves) avec des instruments européens et les instruments antiques africains, cordophones, idiophones et autres, dont l’étude s’approfondit désormais. Une décomposition, recomposition, qui suit le mouvement des gens qui se déplacent.

Jazz intuitive

Depuis son premier album solo, ‘’Mbolo’’, paru en 2006, Alune Wade ne cesse de tisser une trame jazz intuitive. Bassiste, auteur, compositeur, interprète et producteur, avec Aziz Sahmaoui, il forme en 2010 le groupe University of Gnawa, avec lequel il explore les secrets de la transe Gnawa sur toutes les grandes scènes du monde. Les deux musiciens font partie de ceux qui ont joué avec Joe Zawinul et participé au métissage cosmopolite cher au claviériste et pianiste viennois. En 2015, Wade participe à l’album de Marcus Miller ‘’Afrodeezia’’ (Blue Note) et enregistre avec le pianiste cubain Harold López-Nussa, ‘’Havana-Paris-Dakar’’ (World Village/Harmonia Mundi). La bande-son, ciselée à La Havane, témoigne de leur vision commune et de l’inspiration puisée dans chaque ville. En 2018, le bassiste produit ‘’African Fast Food’’, un quatrième album qui croise déjà les langues, les rythmes, jazz, afrobeat et folk, en s’entourant désormais d’une palette de musiciens originaires de nombreux pays, qui composent à chaque fois un nouvel espace musical.

BABACAR SY SEYE

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