Le M2D rappelle à Macky Sall ses engagements

Le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) a, hier, rappelé à l’État ses engagements par rapport aux familles des victimes des évènements de mars 2021. Cheikh Tidiane Dièye et Cie indiquent ainsi qu’ils prendront leurs responsabilités face au mutisme de l’Etat, car avertissent-ils, le mouvement reste une force populaire qui n’hésitera pas à sortir, en cas de besoin.
Le mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) a organisé, hier, une journée de prière en mémoire des 13 victimes des évènements du mois de mars 2021 qui ont éclaté dans la foulée de l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr. Une année après ces manifestations meurtrières, l’organisation regrette la posture de l’État qui, estime-t-elle, n’a posé aucun jalon, dans le but de faire la lumière sur cette affaire. ‘’Nous nous réunissons ce vendredi pour nous rappeler des martyrs qui ont donné leurs vies pour défendre la démocratie sénégalaise, priez pour le repos de leurs âmes et avoir une pensée pieuse pour les familles, exprimons notre soutien aux blessés qui portent encore les séquelles physiques et psychologiques de ces violences. Ce qui nous donne le prétexte de faire le point sur les engagements du pouvoir. Le fait le plus notoire est l’absence d’enquête pour identifier ceux qui ont directement ou indirectement ôté la vie de 13 personnes, blessés des centaines d’individus, volé ou détruit les biens des citoyens’’, regrettent les membres du M2D dans leur déclaration liminaire.
Ils indiquent d’ailleurs que ces événements ont été filmés. Il est, par conséquent, facile de trouver des vidéos, des photos et témoignages pouvant constituer des dossiers judiciaires. Il s’agit, en outre, poursuit-t-on, de remonter jusqu’aux donneurs d’ordre, afin de situer toutes les responsabilités. ‘’Toutes ces preuves constituent de la matière pour mener des enquêtes et donner des signes d’un État de droit qui garde sa sérénité en toute circonstance’’, déclare Yacine Fall, membre du mouvement. Elle s’interroge d’ailleurs sur la démarche du procureur qui tarde à s’autosaisir, alors qu’il dispose d’autant de preuves.
Non-assistance de l’Etat aux familles des victimes
En dehors de la résolution du dossier, le M2D déplore la non-assistance de l’Etat aux familles des victimes. Ce qui dénote, d’après Mme Fall, ‘’d’un cynisme incompréhensible de la part de ceux qui parlent de paix et de concorde sociale. ‘’Les chantiers de prise en charge du chômage des jeunes servis pour faire un appel du pied à la jeunesse peinent encore à convaincre quant à leur effectivité. De ce fait, les Sénégalais continuent d’exiger une justice impartiale, assise sur une démocratie apaisée matérialisée par une constitution stable garantissant le respect du calendrier électoral, l’indépendance des institutions et le respect des opposants et de la société civile’’, déclare-t-elle.
Pour le mouvement, les priorités du peuple sénégalais tournent autour des besoins sociaux essentiels, en particulier, l’éducation, la santé, l’accès à l’eau et à l’électricité en lieu et place des investissements de prestige. Le coordonnateur du M2D renseigne qu’ils sont en train de constituer des dossiers judiciaires, avec des éléments de preuves, pour mettre l’Etat devant ses responsabilités. Cheikh Tidiane Dièye pense, à ce propos, qu’ils ont accordé au camp d’en face un délai raisonnable d’un an. ‘’Depuis le début de cette affaire, les différentes organisations qui composent notre structure ont mobilisés 65 millions FCFA pour les familles, alors que l’Etat n’a pas fait la moitié, mais, a plutôt essayé de les rallier à sa cause’’.
Les termes nos respectés de la médiation du Khalife des Mourides
L’ancienne parlementaire, Aida Mbodji est revenue, elle, sur la médiation menée par les émissaires du khalife général des Mourides et qui a permis de retrouver la paix et la stabilité durant ces périodes de tensions. A ce propos, elle rappelle que cette médiation était intervenue précisément le 12 mars, à la veille d’une grande mobilisation générale ou toutes les forces étaient prêtes à intervenir. ’’Le 13, se souvient-elle, est un jour qui devait être fatidique pour le pouvoir. C’est en ce moment que la médiation a été faite et nous a obligés de suspendre toutes formes de manifestation, après des négociations, des assurances, des promesses, je dirais même des gages provenant du khalife général des mourides qui a envoyé Serigne Bassirou Mbacké’’.
Aujourd’hui, la responsable politique constate qu’aucun point de leurs revendications, ficelées dans un mémorandum, n'a été respecté. ‘’Le monsieur d’en face ne comprend que le langage de la confrontation. Ce n’est pas par peur de l’affronter, mais plutôt, parce que nous continuons de respecter cette autorité religieuse qui a pris la peine de mener cette médiation’’, déclare Aida Mbodji.
Dans la même lancée, Dame Mbodji de la coalition citoyenne le peuple trouve que le Président Macky Sall n’a respecté aucun de ses engagements vis-à-vis du khalife général des mourides. A l’heure du bilan, relève le membre de la société civile, il doit savoir que nul ne peut arrêter un peuple déterminé pour la protection de sa démocratie et l’Etat de droit. ‘’On demande à Macky Sall de revoir sa position par rapport à la prochaine élection présidentielle. En cas de forcing, il nous aura sur son chemin. Nous demandons au Président de se ressaisir et de comprendre qu’il lui reste deux ans dans ce pays’’, avertit-il. Avant de demander la restitution du passeport, dans les meilleurs délais, du leader du Pastef.
‘’C’est inacceptable qu’on puisse retenir le passeport d’Ousmane Sonko, alors que rien ne le justifie. Tout cela ne participe pas à l’apaisement’’, pense le syndicaliste. Au même moment, Cheikh Tidiane Dièye est d’avis qu’il est temps de mettre un terme à ces poursuites et de restituer au maire de Ziguinchor son immunité parlementaire.
HABIBATOU TRAORE