Le directeur Général se plaint de l’absence de participation active des États membres
Le Groupe intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (Giaba) est dans une situation de lenteur, dans la production de ses rapports d’évaluation mutuelle des pays membres. A ce jour, seulement 10 ont été bouclés, alors qu’il en reste encore qui devraient être discutés. C'est dans ce contexte que le Giaba, qui a entamé le second cycle des évaluations mutuelles en utilisant les normes du Gafi depuis 2016, a organisé cette semaine, à Saly Portugal, un atelier de formation des délégués des pays membres et de leurs équipes, pour une meilleure conduite des discussions durant leurs réunions.
La conduite des évaluations mutuelles est l’une des missions les plus distinguées du Giaba. C’est un mécanisme d'examen par pairs, conçu pour évaluer la conformité des États membres avec les mesures internationalement admises, en particulier les normes du Gafi. C'est d'ailleurs l'une des principales fonctions de l'organisme. A ce titre, le Giaba doit produire régulièrement des rapports d’évaluation mutuelle des pays membres.
Mais, selon le directeur général de l’organisme, ‘’le Giaba est à la traine dans la mise en œuvre de ce mandat de base’’. Kimé Labalou Abba, qui s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture de la session de formation qui s’est ouverte hier à Saly Portudal pour trois jours, s’est plaint d’un manque de ressources humaines capables d’entreprendre ces évaluations mutuelles.
‘’Ces défis résultent principalement de défaillances structurelles relatives à l’insuffisance du capital humain pour entreprendre des évaluations mutuelles, ainsi que des questions connexes affectant la qualité des rapports d’évaluation mutuelle produits. Par ailleurs, cette absence d’effectifs suffisants affecte le respect des délais ; ce qui nécessite la révision du calendrier des évaluations mutuelles des États membres restant à évaluer dans le cadre du cycle’’, a révélé le directeur général.
‘’Dans le cadre du second cycle des évaluations mutuelles du Giaba, poursuit-il, les contributions des États membres aux discussions sur les rapports d’évaluation mutuelle (REM) et les rapports de suivi (RdS) ainsi que la provision de commentaires pertinents sur les projets de REM diffusés dans le réseau mondial ont été très minimes’’.
Kimé Labalou Abba s’offusque également de l’absence de participation active des États membres du Giaba. A l’en croire, cette absence de contribution est en contradiction avec les principes de mutualité de l’évaluation. ‘’Par ailleurs, l’absence de contributions des États membres aux discussions met une pression indue sur les observateurs et le personnel du Secrétariat du Giaba, les obligeant à intervenir dans les discussions’’, remarque-t-il.
Convaincu que la participation inactive des États membres du Giaba a des implications dans la prise de décision et la réalisation d’un consensus sur les questions discutées, le DG rappelle que ‘’l’une des exigences majeures du Pilier III du Plan d’action d’amélioration de l’efficacité est l’engagement/mobilisation des Etats membres du Giaba dans les discussions’’. Et de poursuivre : ‘’Par conséquent, afin de combler cette défaillance, d’autant plus que le Giaba se prépare à discuter deux REM et deux RdS nécessitant une réévaluation de la notation au cours de sa plénière de mai 2022, il est devenu crucial que les chefs de délégation et leurs équipes soient formés sur leur rôle en vue de faciliter l’appropriation, par les États membres, du processus de discussion des différents rapports pendant les réunions du Giaba.’’
Il ajoute : ‘’C’est dans la droite ligne des réunions bilatérales que j’ai tenues avec certains d’entre vous, que le Secrétariat du Giaba a cru opportun d’organiser cette formation de trois jours pour améliorer la mise en œuvre du processus d’évaluation mutuelle à travers des contributions efficaces aux discussions des rapports. La formation sera dispensée par le Secrétariat du Giaba avec l’assistance du Secrétariat du Gafi, comme précédemment indiqué’’, informe M. Abba.
Solutions pérennes
Ces sessions permettront aux participants de discuter des défis auxquels ils sont confrontés et de proposer des solutions pérennes en conséquence. De ce fait, les thématiques qui seront abordées à travers des interactions en plénière et un jeu de rôle sont ‘’le processus d’évaluation mutuelle et les responsabilités de la plénière et des délégations ; la gestion efficace des réunions et les contributions structurées aux discussions techniques ; la simulation (jeu de rôle) sur la gestion des réunions’’, renseigne le directeur général. Avant de continuer sur les autres thèmes : ‘’La relation entre la conformité technique et l’efficacité d’un dispositif de LBC/FT ; La provision de commentaires à un rapport d’évaluation mutuelle ; L’aperçu des outils d’analyse pour les rapports de suivi ; Le document des questions clés - rôle des États membres ; et La sélection des évaluateurs et la composition des délégations aux réunions du Giaba.’’
Au final, annonce-t-il, les participants devront avoir ‘’une meilleure appréciation de l’application de la méthodologie du Gafi dans la contribution aux discussions ; une amélioration de la qualité des commentaires et des contributions aux REM et aux discussions ; et une meilleure gestion des réunions pour une amélioration de la coordination et de la coopération nationale inter-agences en matière de LBC/FT’’. Enfin, Kimé Labalou Abba indique que cette formation est ‘’une véritable opportunité de faire progresser notre région, particulièrement en répliquant cette formation au niveau national pour toutes les institutions parties prenantes à la LBC/FT’’.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)