Barthélemy Dias déchire la note et crache du feu
Le député-maire de la ville de Dakar a fait, hier, une sortie pour ‘’dénoncer certains agissements et situations’’. Barthélemy Toye Dias a dit non à l'interdiction du port de l’uniforme et l’utilisation de matériel de protection individuelle réservés aux forces de défense et de sécurité.
‘’Dans ma courte carrière politique, j’ai croisé la mort. J’ai fricoté avec la mort et je l’ai frôlé’’, a soutenu le maire de la ville de Dakar. Face à la presse hier, Barthélemy Toye Dias a brandi, avant de déchirer le communiqué du ministère de l’Intérieur portant interdiction du port de l’uniforme et d’utilisation de matériel de protection individuelle réservés aux forces de défense et de sécurité qui sont, d’après l’autorité administrative, encadrés par une réglementation spécifique. Se sentant visé, il a craché du feu sur les autorités étatiques, notamment le ministre de l’Intérieur et le préfet de Dakar. ‘’Ma sécurité, je l’organise moi-même. Et je m’en charge moi-même’’, a-t-il dit, défiant Antoine Félix Diome.
Ainsi, M. Dias laisse entendre que ses gardes du corps continueront d’arborer des tenues et attributs dédiés aux forces de défense et de sécurité. ‘’Ces gens ne peuvent pas porter un smoking, parce qu’ils ne partent pas dans un bal. Ils ne porteront pas des boubous, parce qu’ils ne partent pas à la mosquée. Ils porteront des habits que portent des hommes de sécurité’’, a-t-il notifié.
En effet, M. Dias soutient que nous sommes dans le même contexte que le jour où il aurait frôlé la mort. Il parle d’un ‘’contexte d’opposition à une troisième candidature qui est interdite par la Constitution du Sénégal’’. Ainsi, par rapport aux équipements de ‘’protection individuelle’’, il indique que ses gardes du corps portent des gilets pare-balles, parce qu’il aurait en face ‘’une bande d’assassins’’. Il en veut pour preuve le cas de feu François Mancabou. Dénonçant ce qu’il appelle ‘’le banditisme, le gangstérisme d’État’’, il dit : ‘’Vous avez buté 14 Sénégalais, il n’y a eu aucune enquête. Les derniers évènements qui ont eu lieu dans les villes, à Dakar particulièrement…’’
‘’Il me doit une sécurité d’État
Barthélemy Toye Dias estime que lui et le leader du Pastef sont menacés. D’après le maire de Dakar, le communiqué du ministère de l’Intérieur n’est pas fortuit. Pis, il note que ‘’la mise à l’écart des gardes du corps d’Ousmane Sonko a été très bien planifiée’’. ‘’Ça veut dire qu’on est allé chercher des gens, leur demandant de provoquer M. Ousmane Sonko, sachant très bien que les gens allaient réagir. Et, cerise sur le gâteau, c’était l’excuse pour pouvoir maintenant priver M. Ousmane Sonko de sa sécurité rapprochée''.
En effet, selon le député-maire, Antoine Félix Diome sait qu’’’il n’y a que deux hommes politiques au Sénégal qui disposent de service de sécurité, du 1er janvier au 31 décembre et 24 heures sur 24. C’est monsieur Ousmane Sonko et moi. Il n’y a pas un autre homme politique dans ce pays escorté en permanence. Donc, une fois que le cas d’Ousmane Sonko est réglé, il reste maintenant le cas de Barthélemy Dias’’.
Indiquant que le préfet de Dakar refuse de lui assurer sa sécurité, M. Dias note qu’il ne compte pas se laisser faire. Il dit qu’il veille à ce qu’aucun individu malintentionné ne puisse pouvoir s’infiltrer à la mairie, avec la volonté de lui faire du mal. ‘’Je tiens à dénoncer avec la dernière énergie cette hypocrisie d’État, parce que le ministre de l’Intérieur sait très bien qu’il me doit une sécurité d’État. Il me doit un policier à la ville de Dakar, un policier chez moi, une flèche pour m’escorter. Il me doit des éléments de sécurité’’, a pesté Barthélemy Dias. ‘’Il refuse de le faire, c’est son droit. Je souhaiterais lui dire qu’il n’a pas le moyen de m’empêcher d’assurer ma sécurité’’.
‘’Un pays dans lequel, pour liquider un adversaire politique…’’
À la tête de la mairie de Dakar depuis neuf mois, Barthélemy a pris des décisions nommant les membres de son cabinet. Et dans ce cabinet, il a aussi nommé des conseillers, ainsi que des personnes rattachées à son cabinet et chargées d’assurer sa sécurité. ‘’À l’heure actuelle, le ministre de l’Intérieur, par le biais de son préfet de Dakar, a décidé de n’approuver aucun des actes que j’ai posés, en violation parfaite des lois en vigueur dans ce pays’’. Monsieur Dias de donner l’exemple de l’ancien directeur de l’hôpital régional de Saint-Louis qu’il a recruté comme directeur de cabinet à la ville de Dakar. ‘’Jusqu’à l’heure où je vous parle, ce monsieur n’a perçu aucun salaire. La décision de sa nomination n’a pas été approuvée par le préfet. C’est valable aussi pour tous les conseillers, y compris ceux que j’ai trouvés dans le cabinet du maire sortant et qui sont payés depuis des années’’.
Par ailleurs, l’arrestation du journaliste Pape Alé Niang s’inscrit, d’après le maire de Dakar, dans cette volonté de musellement des citoyens. ‘’Ce que Pape Alé Niang a eu à faire est franchement remarquable. C’est informer juste et vrai sur les risques qui, aujourd’hui, planent sur le Sénégal, un pays dans lequel, pour liquider un adversaire politique, les plus hautes autorités de la gendarmerie nationale sont prêtes à verser dans le faux et le complot et dans l’escroquerie intellectuelle. Parce qu’aujourd’hui, quand un procureur de la République se permet de falsifier un PV, quand il se permet de dire à la place de la personne concernée ce qu’elle n’a pas dit, c’est que tous les Sénégalais sont en danger’’, a-t-il estimé, exprimant son soutien au journaliste.
BABACAR SY SEYE