La Docrtis frappe au cœur de la mafia malienne à Dakar
Grosse moisson des limiers de la Direction de l'Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Docrtis) qui ont démantelé un gang de trafiquants de drogue de nationalité malienne qui opéraient à la gare des Maliens de la Zac Mbao. Ils étaient des incontournables dans le trafic de drogue, sur l’axe Bamako - Dakar.
Ayant reçu plusieurs informations de différentes sources faisant état de l’acheminement à Dakar d’une forte quantité de chanvre indien de la variété ‘’marron’’ et de haschich, par les soins d’un chauffeur malien, pour le compte du nommé Aba T., un trafiquant notoire établi à la gare des gros-porteurs maliens sise à la Zac Mbao, une enquête a été ouverte par des limiers de la Direction de l'Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Docrtis).
Sur ce, des agents de cette structure spécialisée dans la lutte contre la drogue ont été largués sur le site, pour avoir plus d’informations.
Après plusieurs heures de planque, ils ont aperçu le suspect malien, à plusieurs reprises, en compagnie d’un de ses compatriotes du nom de T. Bamogo, dans des postures très suspectes. Les enquêteurs ont ainsi décidé de tendre un piège aux deux suspects. Ils leur ont fixé un rendez-vous, le 16 février dernier, au marché de Thiaroye, comme site de la transaction, après s’être présentés comme des acheteurs. Ils se sont pointés, la nuit du 17, vers 1 h, pour ne pas courir le risque de se faire coffrer. Après l’échange, le duo s’est dirigé vers le chauffeur du camion, avant de procéder à une transaction furtive. Filés à nouveau, les suspects Aba T. et T. Bamogo ont été appréhendés sans difficulté.
Soumis à une fouille, selon nos sources, le nommé Bamogo a été trouvé porteur de trois plaquettes identiques. Sommairement, ils ont admis leur forfaiture avant de pointer du doigt le chauffeur du camion comme le fournisseur du produit saisi. Ce faisant, l’assaut a été donné sur le camion, pendant que le chauffeur supervisait le déchargement des sacs de patates douces pour le compte d’un commerçant. Cueilli, I. Keita a reconnu avoir quitté, le 13 février, le Mali avec cinq plaquettes de haschich pour le compte de ses comparses Aba T. et T. Bamogo, à bord son camion semi-remorque frigorifique, pour arriver à Dakar le vendredi 17 février dernier.
Fouillé, il détenait la somme de 100 000 F CFA que ses complices venaient de lui verser. Et la fouille du camion a révélé la présence de sacs de patates, de caisses de téléphones portables, trois moutons et des tissus, ainsi que diverses denrées alimentaires.
Interrogé sur procès-verbal, le nommé T. Bamogo a reconnu les faits retenus contre lui. En sus, il a admis avoir été alpagué avec trois plaquettes, avant de déclarer que toute cette quantité de drogue appartient au nommé I. Keita, le chauffeur du camion en provenance du Mali.
Revenant sur les circonstances de son arrestation, il a renseigné que c’est le nommé Aba T. qui l’a invité à aller récupérer des plaquettes de haschich auprès d’un chauffeur du camion se trouvant au marché Thiaroye et de les vendre à un de ses contacts à qui ils ont remis une partie de l’argent récolté.
Interpellé sur ses rapports avec I. Keita et M. Diarra, respectivement chauffeur et apprenti du camion, il a soutenu ne connaître que le nommé Keita et ce depuis quatre mois. Il a ajouté au passage qu’ils ont l’habitude de communiquer par WhatsApp.
Aveux et dénégations
Le trafiquant s’est ensuite présenté comme un débutant dans le trafic de haschich, en déclarant que c’était sa première opération du genre. En résumé, il a tenté d’expliquer, sans convaincre, que son seul tort c’est d’avoir accepté d’accompagner son ami Aba T. pour récupérer de la drogue destinée à la vente moyennant une commission égale à 50 % du prix.
Pourtant, les investigations menées par les hommes du commissaire Ndiaré Sène, le patron de la Doctris ont montré que c’est lui qui aurait présenté le chauffeur de camion I. Keita à Aba T. Mieux, le reste de la drogue a été saisie par-devers lui. À cela s’ajoute le fait que le produit a été trouvé en sa possession lors de leur interpellation.
Auditionné à son tour, le nommé Aba T. a déclaré que c’est la première fois qu’il se trouvait confronté à ce genre de situation. En effet, il a essayé de nier l’évidence, notamment son statut notoire de trafiquant spécialiste du chanvre indien en provenance du Mali et du haschich. Pour convaincre, il s’est autoproclamé courtier et facilitateur dans cette affaire de trafic de haschich.
Selon nos sources, cette ruse de sa part démontre avec pertinence sa volonté de ne pas payer un lourd tribut dans cette affaire où il voulait juste empocher une commission et se faire un nouveau client.
Or, c’est un incontournable dans le trafic de drogue sur l’axe Bamako - Dakar, ont précisé nos interlocuteurs. Il s’est défendu d’être un as du trafic, avant de s’adjuger la qualité de ‘’prosélyte’’ dans la matière. Il a fini son récit en révélant faire dans le commerce de chaussures sans en apporter la moindre preuve.
Abordant sa relation avec le nommé T. Bamogo, ont renseigné nos sources, il a déclaré que c’est ce dernier qui l’a convaincu et enrôlé pour aller trouver des clients à qui vendre les cinq plaquettes de haschich.
L’apprenti M. Diarra jure n’être au courant de rien
Interrogé à son tour, le nommé I. Keita, chauffeur du camion malien, a affirmé avoir transporté les cinq plaquettes de haschich depuis le Mali, qu’il a par la suite remis aux nommés T. Bamogo et Abba T., pour la vente. Sur la quantité initiale du haschich qu’il a rapporté du Mali, il a affirmé n’avoir transporté que les cinq plaquettes. Il a ajouté que c’est après d’intenses négociations durant des semaines avec le nommé T. Bamogo qu’il a finalement accepté la proposition de convoyer les cinq plaquettes de haschich saisies.
S’agissant de la découverte de deux caisses contenant des téléphones soigneusement dissimulées derrière des sacs de patates, il a déclaré qu’ils appartiendraient au dénommé O. Yara domicilié à Bamako et qu’il devait les remettre à un Sénégalais, sans autre précision. Invité à revenir sur le statut de trafiquant du nommé T. Bamogo, il a précisé que c’est à travers ses compatriotes du garage malien qu’il a entendu dire que ce dernier était un grand trafiquant de drogue. Et qu’il exerçait ses activités illicites dans les quartiers de Rufisque avec le nommé Aba T.
En outre, d’après nos interlocuteurs, l’analyse de ses discussions via WhatsApp avec le dénommé T. Bamogo a montré clairement que son statut de trafiquant international de drogue ne souffre d’aucune contestation.
Continuant, le nommé I. Keita a soutenu que c’était non seulement la première fois qu’il transportait de la drogue depuis le Mali jusqu’au Sénégal, mais aussi l’unique fois qu’il travaillait avec le nommé T. Bamogo dans une affaire de trafic de drogue.
Interrogé sur les échanges relevés entre lui et le nommé T. Bamogo, portant essentiellement sur leurs activités illicites, notamment le trafic de médicaments, de chanvre indien et de haschich, il a confirmé être l’auteur des messages vocaux échangés. Sur l’origine de la quantité de drogue saisie, il déclare l’avoir acheté au Mali auprès d’un individu, par le biais du nommé T. Bamogo.
Lors de son face-à-face avec les enquêteurs, le nommé M. Diarra, apprenti du camion, a juré sur tous les saints n’avoir jamais été au courant des activités délictuelles de son patron. De plus, il est largement revenu sur ses responsabilités en qualité d’apprenti, en démontrant que son rôle majeur se limitait aux tâches de manœuvre.
Au terme de leurs périodes de garde à vue, ils ont été déférés au parquet, successivement pour les faits d’importation de haschich aux fins de trafic et blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs et détention pour trafic et aide ou assistance dans une entreprise d’importation de haschich.
CHEIKH THIAM