Publié le 29 Mar 2023 - 18:36
AFFAIRE COMMANDO

Les révélations du procureur

 

Face à la presse, le procureur général a également insisté sur l’arrestation d’éléments du MFDC et sur le mode opératoire des membres de l’organisation.

 

À propos de l’affaire qu’il est convenu d’appeler ‘’le Commando’’ de Pastef évoquée dans nos dernières éditions, le procureur est largement revenu sur les détails. Sur les principaux chefs de bande, il révèle : ‘’Il résulte des enquêtes et des investigations que cette organisation est animée par deux personnes principalement, notamment Kaba Diakité et Cheikh Kébé. Le sieur Kaba Diakité est le coordonnateur des activités subversives du groupe qui se fait appeler Commando. Des activités subversives allant de la confection d’agents explosifs, de fumigènes, de cocktails Molotov. Tout ça avec l’appui déterminant d’un nommé Famara Mané alias ‘Nanthio’, qui est un ancien commando de l’armée sénégalaise (voir nos éditions du week-end et du mardi).’’

Selon le procureur, la finalité était d’attenter à la stabilité du pays, l’intégrité de son territoire et la protection des biens et des personnes.

Sur le rôle de M. Diakité, le PG est revenu plus en détail sur les faits. Selon lui, c’est ce dernier qui faisait fabriquer des herses aux gens qui ont été arrêtés dans l’affaire dite des ‘’Forces spéciales’’. Sur le process, il explique : ‘’L’enquête a permis d’établir une connexion réelle entre ce groupe et celui des ‘Forces spéciales’. Parce qu’il est ressorti de l’audition de Famara Mané alias ‘Nanthio’, qu’une partie des explosifs ayant servi lors des événements de mars 2021 a été gardée par ses soins. Et quand Kaba a été arrêté, il s’est empressé d’aller les cacher dans le département de Mbour. L’enquête a pu l’établir.’’

À propos toujours de la confection des explosifs, il a aussi cité Djiba, ‘’rompu à la fabrication d’explosifs’’, qui travaille avec Famara Mané. ‘’Les investigations ont permis d’établir qu’à l’approche des événements du 16 mars, ils se sont déplacés vers Karang et Diaobé à la recherche d’armes de précision, parce qu’ils étaient détenteurs d’une lunette de précision qui leur permettait de cibler et d’atteindre des cibles très pointues. Des lunettes qui s’accompagnent d’une arme. Ils auraient acheté la lunette au Burkina Faso. L’enquête a permis de les suivre… C’est en pleine phase de préparation qu’ils ont été interpellés. Monsieur Kaba en premier, Famara Mané en second’’.

Plus tard, renseigne le PG, les enquêtes ont permis d’interpeller d’autres membres du groupe, notamment Sébastian Sagna, gérant de l’entreprise de sécurité Snai qui recrutait et formait des jeunes ; Yakhuba Mané, chargé de ce qu’ils appellent la ‘’résistance parcellaire’’.

Revenant sur Cheikh Kébé qui dirigerait l’autre branche, Ibrahima Bakhoum déclare : ‘’Le sieur Cheikh Kébé, identifié et suivi, était le coordonnateur du groupe opérationnel. Le PV le décrit comme l’homme chargé de la préparation des agents explosifs, de leur stockage, de leur sécurisation et de leur remise aux membres du commando aux jours dédiés, c’est-à-dire aux jours des manifestations publiques. Le dessein de tout cela est de poser des actions d’éclat pour installer à tout jamais la peur et le chaos. Et leur terrain fertile, c’est les manifestations qui reçoivent énormément de monde.’’

Mamadou Diémé et RPG, supposés appartenir au MFDC, arrêtés sur la VDN

Parmi les relayeurs de Kébé, il y a I. Biagui, Modou Sané, M. Diatta, qui seraient chargés d’infiltrer les manifestants avec ces agents explosifs et dans le dessein de s’attaquer aux biens publics. L’organisation avait ainsi bien maillé le territoire, de Dakar à Rufisque, en passant par la banlieue, notamment le département de Keur Massar. ‘’C’est ce qui nous a amenés à déférer quatre personnes que sont Kaba Diakité, Nanthio, Pape Baba Diaw et Abdou Karim Bèye. Ils ont été déférés parce que membres ou coordonnateurs du groupe, pour les chefs d’association de malfaiteurs terroristes, atteinte à la sureté de l’État, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique, destruction de biens publics et privés, incendie criminel, vol, pillage, meurtre…’’

Selon M. Bakhoum, ces quatre personnes ont été interpellées sur une liste  de 23 personnes. À ce jour, 19 personnes identifiées sont recherchées sur l’ensemble du territoire national. Au-delà des biens publics, insiste le procureur, le groupe avait parmi ses cibles prioritaires des personnalités publiques qui vont de la justice à la presse, en passant par la politique et les autorités religieuses.  ‘’Leur terreau, dans leur mode de fonctionnement et à travers leur réseau sur les RS, est d’inciter une partie de la population à former des rassemblements et ce serait le prétexte qui leur permet d’entrer en action. C’est fort de tout cela que les autorités judiciaires ont procédé aux arrestations’’. Lesquelles concernent, au-delà des membres du groupe, les personnes qui ont eu à réaliser des actes ayant pour vocation de faciliter le travail dudit groupe.

Le PG a par ailleurs mis l’accent sur l’arrestation de Mamadou Diémé qui, selon ses dires, se réclame du MFDC. D’après M. Bakhoum, ce dernier serait l’organisateur de toutes les manifestations violentes à Bignona. ‘’Dans cette entreprise, ils seraient  en lien avec d’autres individus ayant des rapports avec le groupe Pastef, notamment d’anciens militaires dont Sébastian, Goudiaby communément appelé ‘RPG’, ancien parachutiste et qui aurait intégré le MFDC après son service militaire… Mamadou Diémé, qui se présente comme le responsable des affaires mystiques de Sonko, se camoufle dans la masse. Il s’est rendu à Dakar dans le but de planifier avec son groupe des manifestations dans le cadre du procès du 30 mars où il compte impliquer des combattants du MFDC. Il a été interpellé avec le sieur RPG sur la VDN’’.

S’il a été ferme contre ces derniers, le parquet a eu la main tendre pour d’autres, notamment les enseignants, les mineurs, les élèves ainsi que certains fonctionnaires. C’est dans ce cadre que certains ont été libérés avec des bracelets électroniques.    

RAPPORT COUR DES COMPTES 

Aux trousses des seconds couteaux

En sus de l’affaire Ousmane Sonko, le procureur général est aussi revenu sur les investigations menées par la Division des investigations criminelles (Dic) à propos du rapport de la Cour des comptes sur les fonds Force Covid-19.  

‘’… Depuis lors (la saisine de la Dic), il n’a pas été communiqué sur ces enquêtes. Il nous a donc semblé judicieux de faire l’état d’avancement des procédures qui ont été enclenchées. C’est sous ce rapport que la Dic transmet chaque semaine un compte rendu d’étape pour renseigner l’autorité sur les diligences déjà effectuées, les diligences à effectuer et recueillir des orientations’’.

 À l’en croire, un certain nombre d’actes a été mené. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à ce jour, il n’y a presque que des seconds couteaux qui ont été auditionnés, en l’occurrence des directeurs de sociétés attributaires de marchés et quelques agents.

MOR AMAR

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