Publié le 26 Apr 2023 - 17:41
CONFLIT FONCIER À NGOR

“Le terrain appartient au village… ”

 

Les populations de Ngor, qui s’opposent à l’érection d’un poste de gendarmerie sur un parking de 6 000 m2 disent être les propriétaires de ce terrain qui appartenait à Serigne Cheikh Ahmet Tidiane Sy. Pour l’heure, ils sont très préoccupés par le sort réservé aux 23 personnes interpellées, lors des manifestations. Ils exigent leur libération.

 

Depuis quelque temps, un litige foncier oppose les populations de Ngor et la gendarmerie nationale. Des voix se lèvent pour dire que le terrain opposant les deux parties appartient à l’Etat. Le document brandi devant les autorités de Ngor fait état d’un droit réel de l’État. Dernièrement, lorsque la gendarmerie, qui sollicitait une parcelle pour y construire une brigade aux normes et sur fonds propres, a voulu démarrer la construction sur le terrain en litige, sans l’accord des populations, celles-ci se sont braquées. Il y a eu de violents affrontements entre les deux camps.

‘’Le terrain appartient au village de Ngor. Il n’appartient même pas à la mairie qui est un démembrement de l’Etat.  La mairie a trouvé les terrains ici, et le maire a été élu par les villageois qui défendent les intérêts de Ngor’’, peste Ousmane Samb, habitant à Ngor.

Pour rappel, Serigne Cheikh Ameth Tidiane Sy disposait d'un titre foncier et voulait construire sur ce terrain.  Lorsqu’il y a eu des contestations, le marabout avait dit qu’il ne s'oppose jamais aux villageois. Il a tout cédé. ‘’Au temps de l’ancienne équipe municipale, il y a eu une demande de Auchan qui voulait s'installer à Ngor, sur une très grande surface, promettant de recruter plusieurs Ngorois. ‘’Comment peut-on comprendre que l'État qui dit être le propriétaire d'un terrain, veuille y construire en cachette ? Même si le terrain lui appartenait, il fallait passer par les canaux. Il y a une mairie. On n’a pas le droit d’aller dans une commune pour construire sans pour autant passer par les autorités locales et présenter ses papiers’’, poursuit M. Samb.

En effet, vers la fin du mois de ramadan, le jour du Laylatoul-Khadre, au moins 22 bus ont quitté Ngor pour se rendre à Nimzatt, en Mauritanie. Profitant de cette occasion, dit-il, la gendarmerie a commencé à déposer, en cachette, la nuit, les différents matériaux de construction. Une construction en dur sur le parking de 6 000 m2, alors que le général Moussa Fall avait parlé d’une installation de brigade provisoire sur une partie. C’est ce qui a déclenché les émeutes de vendredi dernier. Les populations ont décidé de s’ériger contre l’érection de cette brigade de gendarmerie à cet endroit, car elles déclarent avoir des priorités autres que la question sécuritaire.

Ainsi, 23 personnes ont été interpellées, lors desdites manifestations. ‘’Ces personnes ont été arrêtées et accusées d'actes graves qui compromettent la sécurité publique. Cependant, les accusations portées contre eux semblent excessives et peuvent être perçues comme une répression contre les défenseurs des droits fonciers et des droits humains’’, dénonce Abdoulaye Samb. ‘’Il est important de souligner que les Ngorois ont été confrontés à des expulsions forcées et à des saisies de terres, depuis des années. Il faut aussi souligner que la réaction des forces de l'ordre était très brutale et disproportionnée, causant des blessures très graves et des traumatismes. Les revendications des Ngorois ont souvent été ignorées, ce qui a entraîné des tensions croissantes entre la population et les autorités. Les actions de protestation sont donc compréhensibles, surtout dans le contexte actuel où le lycée est une demande sociale et reste le seul espace favorable’’, dit-il.

Ainsi, le notable demande aux autorités de faire preuve de modération et de respecter les droits des citoyens. ‘’Nous demandons également la libération immédiate et sans condition des détenus. Il est temps de mettre fin à cette répression’’, lance Abdoulaye Samb.

BABACAR SY SEYE

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