La jeune épouse adultérine jette son nouveau-né dans la fosse septique
La troisième affaire inscrite au rôle d’audience de la chambre criminelle a concerné une jeune épouse adultérine accusée d’infanticide. Elle a avoué avoir jeté le corps sans vie dans une fosse septique, mais conteste l’avoir tué. Elle risque cinq ans de prison.
La session de la chambre criminelle a démarré hier à Tambacounda. Pour cette première journée, trois affaires étaient inscrites au rôle d’audience. Celle qui a le plus retenu l’attention du public concerne Kadia Diallo, une fille de 19 ans, accusée d’infanticide. L’accusée a été jugée pour avoir donné la mort à son nouveau-né, avant de le jeter dans une fosse septique.
Elle a été démasquée par la nièce de son mari qui, ayant vu des traces de sang, les a suivies. Ayant jeté un coup d’œil à l’intérieur de la fosse septique, elle y a aperçu le corps sans vie d’un bébé. Elle s’en est ouverte à son papa qui, à son tour, est venu constater les faits. Ensuite, il a fait appel au chef de village qui a informé l’autorité.
Les sapeurs-pompiers sont allés repêcher le corps, puis la gendarmerie a embarqué l’accusée. Plus tard, le certificat médical délivré par le médecin, après autopsie, a indiqué que l’enfant est né vivant.
Devant les enquêteurs, la prévenue avait déclaré avoir agi de la sorte, parce que le bébé est le fruit d’une relation adultérine. Kadia, dont le mari est à l’étranger, a révélé qu’elle a contracté la grossesse quand elle a quitté la maison conjugale pour aller voir sa famille. Que, pour la somme de 20 000F, elle avait accepté d’avoir un rapport sexuel non protégé avec un homme.
Elle avait ajouté qu’elle s’est vendue à un autre, car son mari ne lui envoyait plus d’argent et ne s’occupait pas d’elle. Elle a ajouté qu’elle était sous injection, mais au vu de la grossesse, elle pensait que la date du planning avait été dépassée.
Kadia avait ajouté avoir mis le bébé dans la fosse, parce qu’elle avait peur pour son mariage. Qu’elle avait honte. ‘’Je viens de sortir d’un mariage. J’ai eu la chance d’en avoir un autre. Je ne voulais pas tout gâcher’’, avait-elle déclaré.
Par contre, elle a toujours nié avoir donné la mort à son enfant. Elle avait dit, à l’enquête, que le bébé était venu au monde sans souffle. À l’en croire, elle a accouché aux environs de 22 h et a attendu jusqu’à minuit, mais l’enfant n’a pas crié. Pour expliquer le décès de l’enfant, elle avait confié qu’elle ne s’alimentait presque pas, ne buvait pas et n’allait pas à ses visites prénatales.
Hier, devant la barre, elle réitère les mêmes propos. Elle a précisé que les membres de sa belle-famille se doutaient de sa grossesse, mais n’en étaient pas certains. D’ailleurs, son mari l’avait appelé de l’étranger pour lui demander si elle était enceinte. Quand elle a nié, le mari a dit qu’il allait venir voir de ses propres yeux.
Ainsi, pour le procureur de la République, le mari était au courant de la grossesse, c’est pourquoi il ne l’appelait plus. Le grand frère, qui avait emmené la prévenue à l’hôpital, quand elle a eu, pour la première fois, un malaise, était aussi au courant.
Donc, le maitre des poursuites estime que le mal était déjà fait. Que Kadia n’avait plus aucune raison de tuer son enfant. De ce fait, l’accusée, en choisissant d’accoucher seule, connaissait les risques, car ayant déjà été mère.
Toujours selon le parquetier, le seul fait de ne pas assister un enfant qui vient de naitre jusqu’à ce que mort s’ensuive est un crime. Considérant les faits constants, il a requis une peine de cinq ans d’emprisonnement ferme.
Mais la défense a soutenu que, dans le rapport médical du médecin, les causes du décès ne sont pas établies. L’avocat a ajouté que si sa cliente avait voulu se débarrasser de l’enfant, elle aurait pu le faire avant terme. Qu’elle aurait pu utiliser des substances pour avorter. C’est pourquoi il a demandé, à titre principal, l’acquittement et à titre subsidiaire une application bienveillante de la loi.
Le délibéré est prévu pour le 7 juillet.
Boubacar Agna Camara (Tambacounda)