Barthélemy Diatta est mort entre les mains de ses ravisseurs
Mort, il y a plus de deux mois après son enlèvement en janvier dernier à Santhiaba Manjacque par une faction de rebelles dissidente du Front Sud commandée César Atoute Badiate, les restes de Barthélemy Diatta ont été retrouvés par l’armée et mis sous terre, après identification, ce mercredi.
Le scénario que tous redoutaient s’est, enfin de compte, produit ce mercredi, à Santhiaba Manjacque, dans le département d’Oussouye. Là même où, très tôt dans la journée du 21 janvier 2023, Barthélemy Kamilidiène Diatta s’était rendu pour s’occuper des terres de son père, dans le cadre du processus de retour au bercail des populations déplacées et réfugiées, pour la plupart, en Guinée-Bissau. Ce jour-là, Barthélemy ne se doutait pas qu’il avait rendez avec ses ravisseurs, sans aucun doute des membres d’une faction rebelle du Front Sud du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui, depuis quelque temps, échappent au contrôle du commandant en chef César Atoute Badiate et de son lieutenant Paul Alokassine Bassène.
Les recherches, tractations et médiations menées notamment par le roi d’Oussouye, Sibilumbaye Diédhiou, n’ont pas pu sauver le jeune agent de sécurité de proximité (ASP) des griffes de ses ravisseurs. ‘’J’avais reçu un appel qui date de plus de deux mois faisant état de sa mort. J’en avais parlé avec une partie de sa famille et certaines autorités administratives’’, informe une source digne de foi.
Selon elle, ‘’l’otage’’ avait été localisé, il y a plus de deux mois, au niveau du village de Téniate, à la lisière de la frontière avec la Guinée-Bissau. Quelques jours après, on avait perdu sa trace. Nos sources estiment qu’il est mort à cette période entre les mains de ses ravisseurs qui sont allés déposer son corps dans la forêt de Santhiaba Manjacque.
‘’Son corps entièrement désintégré’’ a été retrouvé par l’armée, puis identifié par ses proches, grâce à certains effets personnels (chaussures, entre autres). Le défunt ASP, originaire de Santhiaba Manjacque, est né à Oukout Madiop, près de la commune d’Oussouye, en septembre 1982.
Soulignons que contrairement au Front Nord, le Front Sud du MFDC est relativement calme, depuis la tragédie de Boffa Bayottes qui a fait 14 morts. C’est d’ailleurs dans cette dynamique qu’un comité de la paix et de retour des populations de Santhiaba Manjacque a été porté sur les fonts baptismaux, le 1er mai dernier à Emaye, près du parc de Basse-Casamance.
Conduit par le chercheur en anthropologie Abdou Ndukur Kacc Ndao et dont la vice-présidence est assurée par le frère du défunt Barthélemy, Marc Noël Diatta, doctorant et professeur vacataire à l’université Assane Seck de Ziguinchor, ce comité s’active, depuis, dans l’organisation de forums de la paix.
Selon nos informations, la question de la libération de Barthélemy Diatta, du déminage de la zone de Santhiaba Manjacque et de l’ouverture du parc de Basse-Casamance figuraient au menu du forum de ce comité prévu le 24 juin 2023.
Il faut aussi rappeler que du fait de son état de santé précaire, César Atoute Badiate, commandant en chef du Front Sud, ne parvient plus à contrôler ses troupes qui ont fini de créer une dissidence. À force de profiter des champs, des plantations d’autrui et des nombreuses ressources naturelles de la zone, ce groupe rebelle s’oppose au retour des populations dans leurs territoires d’origine. Ces combattants d’’’Atika’’, la branche armée du MFDC, cherchaient aussi à torpiller, après Mongone au Front Nord, l’accord de dépôt des armes signé entre César Atoute Badiate et l’amiral Farba Sarr, facilitateur dans la recherche d’une paix définitive en Casamance.
D’après une source digne de foi, l’enlèvement de Barthélemy Diatta trouve son explication, par ailleurs, dans le fait que cette faction dissidente voulait engager un dialogue avec l’État pour qu’il n’y ait pas d’opérations militaires au sud de la région, comme celles menées dans le Nord-Sindian. Ce qui, du reste, lui permettra de vivre tranquille et de continuer à profiter des ressources naturelles, des champs et plantations abandonnés par les populations, depuis les années 90.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)