Publié le 9 Jul 2023 - 01:08
POUR MAINTENIR BENNO BOKK YAAKAAR UNIE

Macky Sall va lancer des concertations avec les membres

 

Si sa non-candidature a créé la panique au sein de son parti l’APR et de sa coalition BBY, le président de la République va rencontrer ses coalisés dans les prochains jours.

 

De la défense du troisième mandat du président Macky Sall depuis le début de l’année, la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) va devoir lutter contre les démons de la division.  En déclarant, au dernier moment, son intention de ne pas se présenter pour un nouveau mandat en 2024, le leader de la mouvance présidentielle a mis ses coalisés devant le fait accompli.

Désormais, Macky Sall s’est donné une nouvelle mission : empêcher l’implosion de l’alliance qui l’a conduit et maintenu au pouvoir depuis 2012. Pour cela, selon nos informations, le président de la République va lancer une série de consultations des différentes entités politiques composant sa coalition, afin de déterminer une candidature consensuelle pour février 2024.

Cette menace d’implosion, le président Macky Sall en a été averti lorsqu’il a reçu, deux jours avant sa déclaration, 512 maires et présidents de conseils départementaux venus lui présenter une pétition réclamant sa candidature à l’élection présidentielle. Président  du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Oumar Youm n’a pas mis de gants en s'adressant à leur leader pour lui  prédire l’avenir de la mouvance présidentielle sans Macky Sall à sa tête. ‘’Dans notre coalition, il n’y a pas de place pour un débat de choix d’ici 2024. Et puis, je n’ai pas vu une autre candidature que la vôtre qui pourrait rassembler la famille de Benno Bokk Yaakaar. Maintenant, si tu veux détruire la famille, déclare aujourd’hui que tu ne seras pas candidat et toute la famille de Benno sera détruite. Tu es le seul à pouvoir rassembler les gens derrière toi. Personne d’autre que toi ne pourra réussir cela’’, déclarait le maire de Thiadiaye.

Oumar Youm : ‘’Si tu veux détruire la famille, déclare aujourd’hui que tu ne seras pas candidat.’’

Cela n’a rien changé à la décision du président de la République qui  a préféré respecter sa promesse faite dans son livre ‘’Le Sénégal au cœur’’ de quitter le pouvoir en 2024, s’il est réélu en 2019.

Mais les premiers germes d’une concrétisation de la prophétie du président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar commencent à se voir. Il faut dire que la réflexion de Me Oumar Youm a de quoi tenir.

En effet, en février dernier, en plein débat d’une nouvelle candidature de Macky Sall, beaucoup de partis de la mouvance présidentielle avaient lancé des concertations pour évaluer leur compagnonnage au sein de BBY.

Les samedi 11 et dimanche 12 février 2023, le Parti socialiste (PS), allié fidèle au président de la République depuis son accession au pouvoir, a organisé un séminaire entre ‘’exclusivement les membres du Bureau politique élargi aux secrétaires généraux de coordination qui n’en sont pas membres’’, sur le thème général ‘’Le Parti socialiste à la croisée des chemins : enjeux et défis’’. L’idée principale annoncée dans une lettre circulaire signée Aminata Mbengue Ndiaye, la secrétaire générale, est d’engager un ‘’débat introspectif’’ dans le but de ‘’repositionner le parti, tant au sein de la coalition BBY que dans l’espace politique national’’.  

Des concertations avant la décision de Macky Sall

La Ligue démocratique (LD) qui milite également aux côtés du président de la République depuis 2012, a tenu une assemblée générale, le 1er février dernier, pour ‘’procéder à l’évaluation du compagnonnage avec les alliés de Benno Bokk  Yaakaar’’. Un moment pour se demander si l’ancrage dans la coalition a contribué ‘’au développement de notre parti, durant les 10 dernières années ’’.

Maintenant que la position du président de la République est claire, va-t-on assister à l'abandon du navire Benno ? Le départ des socialistes n’a jamais été aussi envisageable depuis 2012. Avec la participation probable de Khalifa Sall de Taxawu Sénégal (exclu du PS pour avoir essayé de présenter une candidature du parti à la Présidentielle 2019) à l’élection de 2024, l’idée d’une recomposition de la famille socialiste fait son bonhomme de chemin.

Le PS presque perdu par Benno

Numéro deux de Taxawu Sénégal, le maire de Dakar a même lancé un appel pour une réunification de la gauche. ‘’Aujourd’hui, la candidature que nous portons à travers la modeste personne de Khalifa Sall, c’est une candidature de principe, une candidature de valeur, une candidature d’avenir. C’est pourquoi nous tendons la main aux socialistes et, s’il plaît à Dieu, nous avons espoir que d’ici peu, nous allons nous retrouver autour d’une table’’, assure Barthélemy Dias.

Ce qui est valable pour les socialistes l’est pour les libéraux qui insistent aussi sur des retrouvailles. Former un bloc fort autour du leader du PDS est un sujet qui n’est plus tabou. Dans les colonnes d’EnQuête, récemment, Babacar Gaye, ancien responsable libéral, a fait une analyse pertinente de la décision du Président Macky Sall. ‘’Par essence, disait-il, l'échiquier politique est sujet à une recomposition permanente. À chaque séquence de la vie d'une nation apparaissent des phénomènes inattendus qui imposent de nouvelles attitudes et postures. La déclaration de non-candidature du président fait partie de ces conjonctures. Il faut prendre le temps de les analyser froidement, mais profondément, afin d'en tirer toutes les conséquences. Il ne faut pas sous-estimer le séisme politique ainsi créé’’.

L’ancien membre de Suqali Sopi ajoutait : ‘’Sans donner de leçons à personne, j'estime que la famille politique de Me Wade au sein et en dehors de Benno Bokk Yaakaar devrait répondre présente à l'appel à l'unité, à la solidarité pour préserver la République, les acquis démocratiques, l'État de droit, afin poursuivre dans la stabilité et la défense des intérêts nationaux les politiques hardies de transformation sociale entamée depuis 2000.’’

La question est : répondre à ‘’l’appel de l’unité’’ autour de quel leader ? La personne que le Chef de l’Etat choisira ou Karim Meissa Wade qui est en passe de revenir dans le game ? En tout cas, cette question doit être tranchée rapidement, puisque le parrainage arrive à grands pas. Chacun devra se déterminer pour 2024.

Questionnements

Après avoir rejoint la majorité, Idrissa Seck a claqué la porte en mars dernier pour annoncer sa candidature. Au sein des autres formations de la coalition Benno Bokk Yaakaar, les questionnements foisonnent. Même si le président Macky Sall garde la confiance du leader de l’AFP, le n°2 de son parti, Alioune Sarr, a déjà déclaré sa candidature en créant son mouvement, Cap2024.

Autant de choses qui vont jalonner la marche de la coalition au pouvoir, les jours à venir.

Depuis 2012, Benno Bokk Yaakaar a gagné l’élection présidentielle en 2019, deux élections législatives en 2017 et en 2022 et deux élections territoriales en 2014 et en 2022. À cela s’ajoute l’élection des hauts conseillers des collectivités territoriales en 2014 et en 2022.

Si la trajectoire de la coalition a toujours été ascendante jusqu’en 2019, la tendance s’est nettement inversée lors des deux dernières joutes électorales : les Locales de janvier 2022 et les élections municipales et départementales du juillet 2022.

Garder BBY unie

Pour reprendre la main, après s’être affranchi de la question du troisième mandat, le président Macky Sall compte rassembler ses troupes. Face aux élus locaux qui exprimaient leurs craintes, samedi dernier, le leader de l’APR a assuré que la coalition Benno Bokk Yaakaar ‘’doit survivre au-delà de 2024. Nous devons, par conséquent, comprendre que l’enjeu du moment est d’être uni. Uni, il n’y aura aucune force politique qui peut faire face. Cette assemblée en est une preuve exaltante. Plus de 85 % des maires et présidents de conseil départemental du Sénégal’’.

En recevant ses alliés dans les jours à venir, le Chef de l’Etat compte s’y atteler. D’autant que les uns et les autres sont à l’écoute et ne prendront de décision définitive qu’après avoir eu connaissance de ce qu’il est en train de concocter pour mener les siens à la victoire en 2024.

Ce qui est sûr est que Macky Sall a déjà montré son savoir-faire politique et travaille sur la question, depuis des mois.  

Lamine Diouf

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