Publié le 15 Nov 2023 - 22:24
CONTRE LES “DÉRIVES” DU RÉGIME ACTUEL

L’opposition à l’heure de la révolte

 

La nouvelle coalition de l’opposition, le Front pour l’inclusivité et la transparence des élections (Fite), a pour but de relancer la contestation contre les ‘’dérives’’ du régime de Macky Sall, à la veille de la Présidentielle de 2024. Cette alliance découle d’une longue tradition de l’opposition sénégalaise qui, à la veille des élections, se regroupe pour faire contrepoids au régime en place. 

 

Le Front pour l’inclusivité et la transparence des élections (Fite), constitué de 35 membres d'opposition, a vu le jour le samedi 11 novembre dernier. Cette coalition de l’opposition vise à redynamiser une opposition amorphe face aux nombreuses dérives du régime. La fin de la plateforme F24 dans les cendres de la non-candidature de Macky Sall et la répression contre l’ex-parti Pastef (arrestations, dissolution, incarcération des cadres) semblent briser les ailes d’une opposition sénégalaise qui peine à faire entendre sa voix.

Sur ce, l’emprisonnement d’Ousmane Sonko et les incertitudes autour d’un probable retour de Karim Wade ont accentué cette faiblesse de l'opposition sénégalaise. 

Les blocages des caravanes d’opposants, le refus de la DGE de se conformer à une décision judiciaire, le limogeage brutal du président de la Cena, le changement au sein du Conseil constitutionnel sont autant de mesures qui auraient causé en temps normal une levée de boucliers de la part de l’opposition, mais qui sont passées dans une totale indifférence. Mis à part quelques jérémiades de membres de la société civile pour dénoncer ces violations de la loi électorale, le pouvoir semble enclencher une dynamique devant baliser la voie au candidat de BBY, Amadou Ba, vers le succès au soir du 25 février 2024.

Les candidats de l’opposition tétanisés par le ‘’’Mortal Kombat’’ entre le régime et Pastef, puis aujourd’hui obnubilés par le processus des parrainages ont semblé déserter le terrain de la lutte pour des élections libres et transparentes.

Ainsi, les membres du Fite, parmi lesquels on compte plusieurs candidats comme Aminata Touré, Mamadou Lamine Diallo, Déthié Fall, Abdourahmane Diouf, entre autres, entendent reprendre le flambeau de la contestation dans la rue, avec l’organisation de rassemblements pacifiques. La nouvelle alliance qui s’est faite sans le PDS et Taxawu Sénégal, prévoit aussi un recours devant la Cour suprême pour annulation du décret portant nomination des nouveaux membres de la Cena, la rencontre avec les centrales syndicales, la société civile et les partenaires techniques et financiers pour les alerter sur la situation sociopolitique du pays.

Il est aussi prévu de mettre en place un cadre d’unité d’action et un cadre d’experts pour les accompagner vers l’élection présidentielle.

Un front anti-Abdou Diouf en 2000 

Cette nouvelle coalition de l’opposition entre en droite ligne de l’histoire de la politique sénégalaise avec la mise en place de diverses alliances ou coalitions politiques depuis 2000. La première a été le Front pour l’alternance, à la veille de la Présidentielle de 2000. Cette alliance hétéroclite regroupant marxistes, maoïstes et libéraux s’est agrandie autour du candidat du Sopi Abdoulaye Wade, puis s’est retrouvée au sein d’un cadre hétéroclite : le Front pour l’alternance (Fal, ‘’élire’’ en wolof). Une coalition avec les leaders de partis de gauche comme Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho et Landing Savané, et qui sera à l’origine de la première alternance dans le pays.

FPDR, principale force d’opposition sous Macky  

Après la seconde alternance en 2012, des partis comme le PDS, AJ/PADS, ont décidé de mettre sur pied le Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) dans le but de mettre fin aux dérives du régime de Macky Sall. Cette alliance a regroupé d’anciens partis issus de la mouvance libérale comme Rewmi, UCS, Bokk Gis Gis alors opposé au régime de Macky Sall. Mais l’épine dorsale de cette alliance fut le PDS dont plusieurs de ses leaders étaient inquiétés par la justice dans la traque des biens mal acquis.

Entre 2014 et 2015, le FPDR a organisé plusieurs rassemblements et autres sit-in pour aussi réclamer la libération de Karim Wade emprisonné en 2015 pour des faits de corruption et d’enrichissement illicite. 

L’implosion de la coalition Manko Wattu Sénégal à la veille des Législatives de 2017

Puis, le FPDR, en perte de vitesse, a progressivement cédé la place à une nouvelle alliance : le Front pour la défense du Sénégal/Manko Wattu Sénégal (FDS/MWS), porté sur les fonts baptismaux le 20 septembre 2016. La structure englobe, alors, une centaine d’organisations politiques et syndicales comme le PDS et ses alliés. Le Grand parti, l’ACT d’Abdoul Mbaye, le Rewmi d’Idrissa Seck, l’UCS d’Abdoulaye Baldé, Yessal de Modou Diagne Fada et Tekki de Mamadou Lamine Diallo.

Son premier coordinateur est Malick Gakou, leader du Grand parti. Cette nouvelle entité se fixe comme but la défense des libertés publiques, la lutte contre le népotisme et la corruption. Le FDS/MWS va organiser des rassemblements et manifestations entre 2016 et 2017.  A la veille des élections législatives du 30 juillet 2017, Manko Wattu Sénégal va imploser et se scinder en deux pôles : la coalition gagnante Wattu Sénégal, constitué autour du PDS et ses alliés dont Mamadou Diop Decroix (And-Jëf/PADS), Mamadou Lamine Diallo (Tekki), Pape Diop (Bokk Gis Gis).

L’autre pôle, connu sous le nom de Manko Taxawu Sénégal, va regrouper autour de Taxawu Sénégal des partis comme le Grand parti et Rewmi d’Idrissa Seck. Le point d’orgue de cette coalition sera la Présidentielle de 2019 avec une agrégation de forces principalement issues de Manko Wattu Sénégal autour de la candidature d’Idrissa Seck. Ce dernier, avec 20 % des voix, sera dans l’incapacité de contraindre Macky Sall à un second tour.

MAMADOU MAKHFOUSE NGOM 

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