Le Sames/Saint-Louis bande les muscles et exige plus de sécurité
La section du Syndicat des médecins du Sénégal de l'hôpital régional de Saint-Louis a décrété une grève de 48 heures, suite à l'agression d'un de leurs collègues par des policiers intervenant sur leur lieu de travail. Une agression qui a provoqué depuis hier un véritable tollé dans la structure sanitaire. Par ce mouvement d'humeur, les médecins protestataires exigent une meilleure protection dans l'hôpital et des poursuites contre l'auteur.
L'installation mouvementée du nouvel ACP à l'hôpital régional de Saint-Louis a occasionné des dégâts collatéraux dans la prise en charge des malades. En dehors des membres de l'Intersyndicale (Sutsas-Sas) qui observent des sit-in quotidiens pour s'opposer à la prise de service de Mamadou Lamine Ndoye, est venue se greffer la grève de 48 heures des médecins.
Pour dénoncer une agression policière dont est victime le docteur Massamba Guèye en service aux urgences de l'hôpital régional, les médecins ont rangé bistouris et instruments pour alerter sur leur sécurité dans leur lieu de travail. Pour le secrétaire général de la section Sames/Saint-Louis, l'incident s'est produit lorsque des policiers sont intervenus à l'hôpital pour sécuriser par la force la passation de service entre l’agent comptable particulier sortant et son successeur. “La violence exercée sur notre collègue Dr Massamba Guèye est injustifiée. Pour des raisons que nous ignorons, les policiers se sont montrés agressifs et ont utilisé une force excessive envers le médecin qui tentait tout simplement de regagner son poste de travail aux urgences où il devait assurer la garde. Pourtant, il était bien identifiable, parce qu'il était en tenue et avait son matériel de travail. Malheureusement, des agents de police zélés se sont attaqués à lui et l'ont brutalisé avec des matraques électriques sans aucune raison”, s'est offusqué le docteur Sidy Diallo.
Une agression que la section régionale du syndicat des médecins a vigoureusement condamnée. Elle invite les autorités à prendre des mesures pour assurer la sécurité des médecins dans l'enceinte de l'hôpital. “C'est inadmissible qu'un médecin de garde aux urgences et dans l’exercice de ses fonctions à l'intérieur des murs de l'hôpital, soit en situation d'insécurité. Nous ne saurions tolérer ni au niveau syndical ni au niveau de l'ordre des médecins de tels agissements. Raison pour laquelle nous avons immédiatement demandé à nos collègues d'arrêter le travail. Ainsi, depuis hier, nous avons enclenché toutes les procédures nécessaires pour que la sécurité des médecins, du personnel soignant et administratif de l'hôpital soit assurée. La seule garantie qui permet la prise en charge correcte des malades en toute quiétude”, a déclaré le Dr Diallo.
Face à la presse, les médecins grévistes ont rappelé qu'ils prendront seulement les cas d'urgence, mais refuseront de s'occuper des autres patients pendant la durée de la grève. Avant d'exiger une enquête approfondie sur l'incident et qu’il ne soit pas classé sans suite.
“Nous allons continuer crescendo la lutte, si nous n'obtenons pas gain de cause. Dans ce cas précis, le combat va engager les structures sanitaires du Sénégal. Nous demandons dorénavant que la sécurité soit assurée dans l'ensemble des structures sanitaires du pays. À partir de Saint-Louis, le syndicat national en fera son combat”, a poursuivi le secrétaire général de la section Sames/Saint-Louis.
Cette grève soulève une fois de plus la question de la sécurité des professionnels de santé, mais également le calvaire qui attend les malades et leurs accompagnants à l'hôpital régional de Saint-Louis.
IBRAHIMA. B. SEINE (SAINT-LOUIS)