Le secteur informel tourne au ralenti dans les marchés
Dans la vieille cité, les mesures de sécurité prises à la suite du report de l'élection présidentielle impactent négativement sur les marchands ambulants et les tabliers du grand marché de Sor. Ces décisions ont nettement ralenti leurs activités commerciales dans les alentours du marché et sur les principales avenues environnantes. Une situation que tabliers et marchands ambulants dénoncent vigoureusement et invitent les autorités à revoir ces mesures afin de préserver le dynamisme économique de la ville.
Depuis quelques jours, le grand marché du faubourg de Sor et ses alentours présentent un autre visage. Dans les allées du marché, il y a moins de bousculades, les principales voies d'accès libérées, la circulation sur l'avenue Général De Gaulle est plus fluide que d'habitude. Une situation qui est occasionnée par le report de la Présidentielle au Sénégal et le déploiement des forces de l'ordre sur les grandes artères de la ville pour parer à toute éventualité de débordement. Ce qui n'est pas sans conséquence sur les activités des marchands ambulants et des tabliers du grand marché de Sor.
Auparavant, ces acteurs de l'informel s'installaient et vendaient librement leurs produits aux alentours et avenues jouxtant le marché de Sor. Cependant, depuis l’annonce du report de l'élection, des mesures strictes de sécurité sont mises en place tout autour des lieux, rendant quasi impossibles les activités des marchands ambulants et des tabliers.
En plus des barrières de sécurité, les forces de l'ordre ont également renforcé leur présence près du marché et à des centaines de mètres à la ronde. Sur l’avenue Général De Gaulle et à la place Me Abdoulaye Wade, repères des ambulants et des tabliers, des patrouilles régulières sont effectuées pour assurer la sécurité des lieux. Des contrôles stricts qui ont considérablement ralenti les activités des vendeurs qui se livrent à un jeu de cache-cache avec la police.
Cette situation limite grandement leur capacité à atteindre leurs potentiels clients, car ils ne sont plus aussi visibles ni aussi accessibles qu'avant. “Cela fait des années que je vends mes articles sur l’avenue De Gaulle et c'est ma seule source de revenus. Je ne comprends pas pourquoi les forces de l'ordre ont décidé de nous cibler. Cela ne fera qu'aggraver les tensions et la situation économique du pays. Les marchands ambulants sont souvent considérés comme les plus vulnérables économiquement et maintenant, on nous prive de notre moyen de subsistance. Ce n'est pas normal“, s’est lamenté le jeune Youssou Lam, posté devant un magasin de vente de matériel électronique.
La situation a créé une frustration chez les marchands ambulants et les tabliers du grand marché de Sor qui voient leurs revenus diminuer, alors que leurs charges restent toujours les mêmes. “Je comprends que les tensions politiques puissent être préoccupantes, mais cela ne signifie pas que nous devons tous en souffrir. Nous devrions être en mesure de continuer à faire notre travail et de gagner notre vie. Comme il n'y a plus de manifestations, on doit nous laisser poursuivre nos activités“, s'est emporté Mame Maguèye Fall, vendeur d'articles artisanaux à la place Abdoulaye Wade.
Désolés de la situation actuelle, les acteurs du secteur informel de Ndar demandent aux autorités de revoir ces mesures draconiennes de sécurité afin de leur permettre de reprendre leurs activités normales. “C'est vraiment injuste que les forces de l'ordre nous empêchent de travailler. Je gagne ma vie en vendant des produits frais. Depuis samedi matin, je me retrouve sans revenu. Les tensions politiques ne devraient pas affecter notre gagne-pain. Je suis complètement dévastée par cette interdiction, car je subviens aux besoins de ma famille grâce à cette activité. Maintenant, je ne sais pas comment je vais pouvoir la gérer", s'apitoie la dame Anta Cissé.
D'ailleurs, dans leur majorité, les acteurs ont souligné l'importance de maintenir une dynamique économique dans la ville, qui repose en grande partie sur ces petits commerces.
IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS)